Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

samedi 17 avril 2021

Déposition

- On s'ennuie copieusement l'hiver au village et donc j'y passe beaucoup de temps au bistrot. Quand je les ai vu rentrer hier soir, les chasseurs bien exaltés avec leur arme, j'ai compris qu'ils venaient fêter quelque chose d'important. Moi, je préfère la belote, c'est pour ça qu'il me méprise, mais je les ai bien bien écouté.
- Des faits, des faits, venons-en aux faits.
- La vendetta bien sanglante à Quercitello, je sais que c'est lui, José le philosophe, c'est lui qui l'a descendu le boucher, il avait vendu son terrain à un Marseillais. José, c'est lui le chef de la section locale. On lui donnerait le Bon Dieu sans confession ! Bon sang ! Je les ai suivi quelquefois, ils vont s'entrainer dans le maquis. La chasse : un bon alibi !
- Bon, des noms, des noms.
- Pascal, Antoine, Ange, Émile. Mais ne donnez pas le mien de nom brigadier, sinon le prochain ça sera moi a y passer. Je suis un traitre pour eux, je suis pas autonomiste vous comprenez. Mais que des voyous, je vous dis !
- Patronymes ?
- Ne soyez pas pressé. Les noms de famille ? Tous des cousins, c'est pas compliqué, c'est le clan M..


 

Consigne : titre Déposition. 



jeudi 8 avril 2021

Un verre brisé

La journée avait mal tournée. Des heures à rouler dans la poussière, on n'espérait plus rien en arrivant dans ce village perdu des Caraïbes. Puis le soir, ce bal, tu sais ce "bal poussière" justement. J'ai dansé avec cet ange de volupté au regard blasé. Puis j'ai accepté cette danse avec elle. C'est là que j'ai commis une erreur. C'est à cause de son sourire d'enfant délaissée. Puis comme elle s'entêtait, on lui a proposé de partager un moment et un verre. Ce verre qu'elle a brisé, t'en souviens-tu ? Puis tandis qu'on s'en allait, elle nous a suivi dans la nuit.



 
Consigne : utilisant la phrase "c'est là que j'ai commis une erreur".



mercredi 7 avril 2021

De délicieux gâteaux

Tous les enfants aiment les gâteaux : à la fraise, à la crème, au chocolat. Les rêves des enfants sont nappés de blanc, saupoudrés de rose ou de guimauve. Ils aiment les gâteaux d'anniversaire, de baptême, de la fête foraine. Les délicieux dévorés des yeux dans la vitrine, emballés dans du papier de soie sont de si tendres choses. Il y a ceux sur lesquels luit une bougie qu'ils éteignent bien vite dans la nuit. Les sophistiqués qu'ils tardent a découper parce qu'y trône une mariée avec sa traine. Les vaporeux parsemés d'anges dans leur cage de chantilly ont une saveur particulière.
Tous les enfants aiment les contes de fée avec leurs gâteaux quelquefois empoisonnés.
Mais les plus délicieux sont ceux interdits, mangés dans le secret, le cœur battant, les doigts collants.



Titre : De délicieux gâteaux.

Le courrier du jour

Madame,



Vous voulez savoir ce que fait votre voisine à la pleine lune dans le cimetière ?

Ce que fait votre épicier les jours de grand vent sur la lande ?

Ce que dit votre infirmière sur votre dos quand elle a fini de vous piquer ?

Ce que pense votre mari quand il voit Mademoiselle Virginie ?

Qui a tué Anthony ?

Je sais tout, je vais tout dévoiler, tout raconter !

Ça vous intéresse ?





Consigne : Ecrire une fiction dans laquelle le narrateur se met dans la peau d’un corbeau qui écrit une lettre anonyme. 
 
 
 

jeudi 1 avril 2021

Je savais que ça finirait comme ça

Encore un jour de perdu, perdu pour quoi ? Perdu pour qui ?
Perdu pour la vie.
Encore un soir de passé avec ses chiffres abstraits assénés sans fin et sans raison et cette pandémie qui ne veut pas s'effacer.
Encore un printemps de passé avant que n'arrivent les beaux jours.
Encore un printemps sans les rires.
Encore un jour bouche cousue et je retiens mes pleurs.
Je savais que ça finirait comme ça.





Consigne : texte se terminant pas "je savais que ça finirait comme ça".




Irrémédiable

Mamie Claudine est un pigeon voyageur. Depuis sa retraite, elle parcourt la planète. Elle est devenue au fil des ans la mascotte de l’association « Bouger et rajeunir » qui organise des voyages dans le monde entier. C’est un personnage fantasque, original, avec une forte personnalité et qui n’hésite pas à se mettre en danger. Elle raconte qu’elle a failli épouser un Zanzibarais qui était tombé follement amoureux de ses cheveux blancs teintés de mèches roses, fumé le cigare avec Castro sur son île de Cayo Piedra, dansé le flamenco sous les yeux ébahis des moines tibétains ou encore réalisé des enchaînements de Tai-chi devant le Taj Mahal. Invariablement, elle revient de ses voyages avec un petit cadeau pour chaque membre de sa famille sans tenir compte de leurs envies ou de leurs goûts. Résultat : une de ses petites filles a reçu un masque africain terrifiant, son fils un voile islamique, sa sœur des chaussettes en papier à l’effigie de la reine Elisabeth. Pour ne pas la vexer, on se doit de la remercier avec profusion, de se montrer reconnaissants et de prendre le plus grand soin de ses cadeaux. A son retour de Crimée, elle a offert à « Nuts », son petit chihuahua préféré, un petit nain de jardin. Lorsque celui-ci l’a renversé et cassé elle ne l’a pas supporté, il avait commis l’irrémédiable !



 

Consigne : titre Irrémédiable

 

La vendetta

Avec beaucoup d’attention, le Padrone ouvre la portière de sa Mercedes Pullman flambant neuve et prend le bras de sa mère pour l’aider à monter. Avec agacement, elle refuse son aide et monte dans la voiture avec souplesse. Du haut de ses 87 ans, « la mamma » est encore très alerte. Le Padrone remercie Dieu de l’avoir gardée si longtemps en bonne santé. Dans cette vie de fou qu’il mène dangereusement, la « mamma » est son refuge, son rocher, ce qu’il lui reste d’humanité. Elle est la seule personne qui l’appelle encore par son prénom : « mon petit Claudio ». Il aime lui faire plaisir, la couvrir de cadeaux, la chouchouter. Pour la protéger, il lui a toujours caché ses activités mafieuses. Elle est restée rigide dans ses principes et croit en Dieu avec ferveur. Il soupire en refermant la portière, fait le tour de la voiture et vient s’installer au volant. Elle s’inquiète de ses valises, demande si elles sont bien dans le coffre et espère n’avoir rien oublié. Il la rassure. Soudain, elle s’agite, déclare qu’elle a laissé ses lunettes dans la pochette avant de sa valise bleue, ouvre sa portière. Le Padrone lui dit de ne pas bouger qu’il va les trouver. Trop tard, elle est déjà dehors. Il la rejoint et ouvre le coffre. La tête d’un homme plantée au milieu du coffre vide les contemple avec des yeux globuleux. Un post-it collé au front précise : « Vendetta ».




Consigne : écrire en 12 lignes, une fiction dont la fin, la chute, nous révèle quelque chose d'inquiétant, ou d'effrayant, ou de terrible...