Ça
commence par un cheveu blanc, tu le découvres par hasard, puis le
deuxième tu l’arraches en riant dans ta chevelure ébouriffée. Un autre
jour, dans ce miroir où tu te perds, une ride froisse un peu ton front,
tu ne l’avais pas encore remarquée celle-là. Tu te dis que ton visage se
sculpte, que ça te donne du caractère. Un matin au réveil, c’est un pli
sur la joue qui refuse de disparaitre, alors tu pinces, tu tapotes et
tu lisses. Tu achètes une crème de nuit, de jour, liftante, régénérante
qui ne tient pas ses promesses.
« Allo la vie ? »
Au
détour d’un chemin, un rocher te barre la route, tu veux y grimper, la
pesanteur te cloue au sol, l’élan t’abandonne. Quand tu rentres ça tire,
ça craque dans ton corps.
Le temps frappe à ta porte. Chut ! Ne fait
plus un bruit, ne répond pas. Il insiste : « Hé ! On a rendez vous, tu
m’avais oublié ? »
« Tire toi. »
Un matin au réveil tu te retrouves au beau milieu de ta vie.
Alors tu mets les voiles.
Plus
de temps pour les matins perdus. Tu files vers demain à vive allure, tu
descends les rapides vers ton destin. Plus de temps pour rêver. Mets
une étoile filante à ton poignet.
Le temps cogne à tes tempes.
« Hello le temps ?
Attend moi ! »
Il
finit par t’attendre, il t’accompagne jusqu’au bout du chemin en
ralentissant le pas. Il s’étire, se prélasse, traîne maintenant. Il
t’attend, veux te prendre par la main pour te faire traverser, tu le
repousses.
« Fou le camp ! Change de trottoir ! Je ne me sens pas encore tout à fait prête ».
Christiane.
Consigne : texte écrit hors atelier, dernière phrase : "je ne me sens pas tout à fait prêt".