Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

vendredi 30 septembre 2022

Hello le temps

Ça commence par un cheveu blanc, tu le découvres par hasard, puis le deuxième tu l’arraches en riant dans ta chevelure ébouriffée. Un autre jour, dans ce miroir où tu te perds, une ride froisse un peu ton front, tu ne l’avais pas encore remarquée celle-là. Tu te dis que ton visage se sculpte, que ça te donne du caractère. Un matin au réveil, c’est un pli sur la joue qui refuse de disparaitre, alors tu pinces, tu tapotes et tu lisses. Tu achètes une crème de nuit, de jour, liftante, régénérante qui ne tient pas ses promesses.             
« Allo la vie ? »
Au détour d’un chemin, un rocher te barre la route, tu veux y grimper, la pesanteur te cloue au sol, l’élan t’abandonne. Quand tu rentres ça tire, ça craque dans ton corps.
Le temps frappe à ta porte. Chut ! Ne fait plus un bruit, ne répond pas. Il insiste : « Hé ! On a rendez vous, tu m’avais oublié ?  »
« Tire toi. »
Un  matin au réveil tu te retrouves au beau milieu de ta vie.
Alors tu mets les voiles.
Plus de temps pour les matins perdus. Tu files vers demain à vive allure, tu descends les rapides vers ton destin. Plus de temps pour rêver. Mets une étoile filante à ton poignet.
Le temps cogne à tes tempes.
« Hello le temps ?
Attend moi ! »
Il finit par t’attendre, il t’accompagne jusqu’au bout du chemin en ralentissant le pas. Il s’étire, se prélasse, traîne maintenant. Il t’attend, veux te prendre par la main pour te faire traverser, tu le repousses.
« Fou le camp ! Change de trottoir ! Je ne me sens pas encore tout à fait prête ».
 

Christiane.

Consigne : texte écrit hors atelier, dernière phrase : "je ne me sens pas tout à fait prêt".


jeudi 29 septembre 2022

L 'attente

"Vous vouliez me dire quelque chose."
Je suis là devant vous, vulnérable, vous vouliez me le dire mais vous n’osez pas, c’est ça. Je suis là devant vous fragile et attentive. Attentive aux modulations de votre voix, un peu détimbrée, au moindre battement de vos cils qui clignotent, un peu trop. Votre regard s’est éteint, ce regard, je ne peux pas le capter, votre pied légèrement nerveux s’impatiente.
Je reprends mon souffle et plonge en apnée.
Dans ma tête je déroule à toute vitesse chacun de mes gestes : l’arabesque manquait un peu de générosité, le bras un peu mou sur la fin peut être ?  J’ai enchaîné sur la pirouette pas assez aérienne… Bien que j'aie mis ensuite toute mon âme dans le grand jeté final, j’ai senti, à pas grand chose que ce n’était pas suffisant. Le trac sans doute, tous vos regards posés sur mes figures éphémères, alors que moi, je ne vous voyais pas, concentrée toute entière dans ces instants suspendus entre ciel et terre, que je savais déterminants.
Vous vouliez me dire que non, je ne serai pas choisie pour la première partie du ballet.

 

 

Christiane.

Consigne : fiction de 15 l  dont la première phrase est : "Vous vouliez me dire quelque chose."

jeudi 22 septembre 2022

Alerte rouge

Ils se sont appelés Yannick, Benoît, Greta, Aurore, Amadou, Jocelyn, Victoire... Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, menuisier, agriculteur, étudiant, cuisinier, député, instituteur, retraité, tous furent militants. Ils se débattirent farouchement durant des décennies.

Leur inquiétude ? L'atteinte à la Terre. Oui, la Terre, notre planète bleue. Un bleu blessé qui a viré au fil des années au verdâtre. La couleur du poison qui s'est diffusé de plus en plus vite, propageant une odeur pestilentielle, celle de la décomposition.

Alors Yannick, Benoît, Greta, Aurore, Amadou, Jocelyn, Victoire se sont mobilisés en dénonçant, alertant, criant, hurlant : « AU SECOURS ! DANGER ! URGENCE ! » Mais leurs voix ne portèrent pas, exactement comme s'ils s'étaient exprimés la bouche fermée ou si les humains étaient devenus sourds.

Ils consultèrent d'imminents experts scientifiques mais aussi des dentistes, orthodontistes, oto-rhino laryngologistes pour débloquer leurs mâchoires et laisser enfin échapper leurs cris d'alerte rouge. Ils envisagèrent aussi le débouchage des conduits auditifs pour se faire entendre. En vain...

Des experts demeurèrent sceptiques. Leur propension aux royalties et à la chaleur caribéenne les freinèrent dans leurs analyses. Pendant ce temps là, les militants militèrent encore et encore.

Quant à elle, la planète devenue bleue-vert caca d’oie transmettra à son tour et sans aucun doute aux bébés, ado, adultes et vieux, ce poison verdâtre et nauséabond.

Consigne en 15l : Un narrateur nous raconte un échec total vécu dans le passé. Au passé simple ou composé


Catherine