Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

dimanche 26 novembre 2023

La sorcière

Quand je retourne dans la ville de mon enfance, il m'arrive de me souvenir de cette rue aux maisons accolées les unes aux autres, avec de petites fenêtres sur leur façade et des derniers étages donnant sous les toits où des espaces exposés aux quatre vents servaient à faire sécher le linge.

Bien que cette rue ne ressemble plus à celle de mon enfance, elle restera toujours pour moi un lieu auquel on s'attache.

Je me revois enfant, jouant avec les copines et les copains de mon âge ; dans cette rue, habitait une dame âgée toujours vêtue de noir avec, été comme hiver, un fichu sur sa tête et toujours portant un grand sac sur son dos (qu'on appelle dans le midi une bourriche) ; les copains l'avaient surnommée la sorcière ; pourquoi ?

Le soir, dans mon lit, j'imaginais son habitation : une salle éclairée par des bougies, avec des rats, de grosses araignées tissant leur toile aux quatre coins du mur, des serpents, des hiboux, des sacs remplis d'herbes de toutes sortes, et des tas de flacons portant le nom de la mixture et puis dans une grande cheminée un immense chaudron où infusaient des tas de plantes... (je revois dans mon imagination le film de Blanche Neige où la méchante belle mère trempait la pomme dans une potion empoisonnée).

Quand je devais passer, seule, devant chez elle je courrais le plus vite possible comme si la pauvre femme allait me sauter dessus.

Un jour, ce qui devait arriva, je trébuchai juste devant sa fenêtre ; aussitôt la voilà qui sort de chez elle, je panique, je tremble de peur mais j'essaie de ne pas le montrer ; elle s'approche de moi et gentiment me sourit et me dit : viens entre, je vais te soigner tu as une belle écorchure

Je me voyais déjà changée en rat, lapin ou je ne sais quoi...

Elle me prend par la main et me fait entrer dans sa maison, et là : pas de hiboux, pas de rats, pas de serpents, pas d'araignées et surtout pas de chaudron.

La pièce est bien éclairée, très propre, elle me fait asseoir et m'offre un petit gâteau, sort des pansements et avec délicatesse soigne mon écorchure.

- Comment t'appelles tu ?

- Claude.

- Moi, c'est Louise pourquoi courrais tu si vite ?

- Je devais faire une course pour ma maman.

Louise me sourit et me tend à nouveau un petit gâteau après m'avoir soignée et mis un pansement.

Je la remercie bien gentiment et lui dit au revoir.

- Tu sais, tu peux revenir me voir quand tu veux.
 
 
 
Claude
Consigne : 45 lignes, thème libre

vendredi 24 novembre 2023

Découpé

Je ne comprends pas. Je bouge encore mais il me manque quelque chose d’essentiel, c’est sûr. Je ne sais plus par où commencer pour refaire le film pour comprendre ce qui se passe. Je me souviens vaguement.

Ma mission était de le supprimer, lui le tortionnaire, ce traître. J’avais peur de le rater, ce salaud. Je ne sais plus si j’ai été à la hauteur mais je me souviens de la puanteur du cachot. Et ces rats qui couraient partout. J’avais peur qu’ils sucent mon sang qui dégoulinait de partout. Oui, c’est ça, ils m’ont battu, écartelé, brûlé. Je suis persuadé que je n’ai pas parlé, mais crié, ça oui, je hurlais. Ai-je accompli ma mission ou a-t-elle échoué ? Le résultat, je le connais, ils m’ont attrapé.

Un flash... je vois la guillotine dressée au milieu de la foule. Alors c’est bien ça, c’est mon corps qu’il faut chercher. Avec un peu de chance il bouge lui aussi. J’espère qu’il va prendre l’initiative de me rejoindre parce qu’une tête seule ne peut se déplacer. Lui aussi a besoin de moi, allez bouge et reviens !

Que la force soit en moi pour recoller les morceaux !





Consigne en atelier du 06/10/23 Un personnage a perdu quelque chose ou quelqu’un et il le cherche.

Catherine


mardi 14 novembre 2023

Le roi de la rue

Dans le bateau, il l'a serré très fort contre lui. L'homme ne voulait pas de ce ballon. Une source d'emmerdes ce ballon. Un risque de noyade supplémentaires, de pleurs, de cris... Mais Yaya est tenace. Sans un mot il l'a serré encore plus fort ; ça a été des discussions, des bousculades... Mais Yaya ne l'a pas lâché.  

Le ballon pour compagnon, jamais sans lui,  avec lui il pourrait continuer jusqu'au bout du monde. Mais ici il est bien, il ne voudrait plus repartir. Il se sent dans son univers. Tout lui est familier.
Aujourd'hui dans cette rue, dans le vacarme et la pagaille, avec son ballon, il n'est pas encore le roi du stade mais il est le roi de la rue !

 

Christiane

L' amour sorcier

Puisque Aphrodite amoureuse de l’écume
Puisque Tristan triomphant du dragon
Puisque le charme de Viviane
Puisque Ariane déjà reniée

Il y a bien mille et un labyrinthes d’amour

Puisque la malédiction d’Orphée
La jeunesse pétrifiée de Pénélope
La virginité offerte de Marie
La damnation de Juliette

Il y a bien des lèvres barbouillées de rêves

Des tourments de Bérénice
À la perversité de Justine
Des yeux d’Elsa à la folie de Zelda
Des feintes à la candeur de Jane

Il y a bien mille et un filtres et mythes d’amour

Puisque les liaisons dangereuses
Dans l’ivresse et la folie
Je t’attends les mains nues
Nul chemin tracé

L’avenir toujours à réinventer
Le soleil et la mer retrouvés
L’enfance recommencée
Mon cri et le tien mêlés

 

Christiane.

Consigne : L'amour

Ne plus jamais

Amina, Malika, Rachel
Voilées
Violées
Brûlées

Enfants des kibboutz, de Kaboul ou de Kiev
Sacrifiés
Martyrisés
Abandonnés

J’ai entendu parler

De la nuit de la Saint-Barthélemy
De la nuit de Cristal
De  celle de Syrne, de Serbie

Des archanges de la terreur
D’anges conquistadors
Des cadors du Chili, du Salvador

Je sais

enfants orphelins, femmes, hommes
Jetés sur les routes
Noyés sur la mer

Assez

De plaintes blêmes
De mains déchiquetées
De soupirs étouffés

Ange de bonté

Penche toi sur la terre
Éclaire la
Conduit la

Ange de clarté

Prend pitié
Prend ma main

Refleurisse la rose et le jasmin

Il est encore temps

Pour les rêves ressuscités
Le jardin des délices
La poésie des lendemains
 
 
 
Christiane
 
Consigne : titre : Plus jamais

Pas à pas



Mais qu’est-ce qu’elle fait là ? Ce n’est pas la première fois qu’elle se pose cette question. Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même, personne ne l’a obligée à venir. On ne l’a pas prise par surprise non plus, elle connaît l’endroit et ses difficultés, elle y est déjà venue quelques années auparavant.

Elle avance lentement sous la chaleur, courbée sous le poids du sac à dos, en fixant bien ses pieds pour éviter toute chute. Quand elle redresse la tête elle ne voit que cette foutue pente qui n’en finit pas. Une pause de temps en temps, pour reprendre son souffle. Les autres sont déjà loin devant, peu importe, ils l’attendront un peu plus haut. Chacun son rythme ; ils se moquent souvent gentiment d’elle lui disant qu’elle marche à un train de « sénatrice ».

Sa seule consolation, mais pas la moindre, ce paysage qui l’entoure et dont elle ne se lassera jamais. Elle sait qu’arrivée en haut de cette maudite pente ce sera un pur moment de plaisir et d’émerveillement.

A cette pensée, la voilà à nouveau motivée et revigorée ; elle progresse d’un bon pas ; elle sait qu’ici elle va se vider la tête de tous les soucis qui l’encombrent, que ses yeux ne vont pas savoir où se poser tant il y a de choses à observer et à découvrir, que ses oreilles vont écouter le silence qui règne dans ces lieux, à peine troublé ici et là par le murmure d’un torrent, un chant d’oiseau, celui d’un grillon, les sifflements des marmottes, le bruit de ses pas sur le sentier, celui de l’air dans les ailes des grands rapaces qui planent à la recherche d’une proie.

Elle aime l’immensité de ces paysages à perte de vue. Ça lui plait de n’être qu’un tout petit rien à l’échelle de ces lieux ; malgré cela la nature généreuse se donne à elle dans toute sa beauté mais pas si facilement non plus, ici tout se mérite, la récompense ne lui est donnée qu’au prix de bien des efforts. Elle aime ces défis, ce dépassement de soi.

Mais cette montagne si ensorceleuse sait aussi se montrer cruelle et dangereuse, elle le sait ; la prudence y est de mise. Ses orages soudains sont redoutables et maintes fois elle l’a maudite trempée des pieds à la tête, apeurée par les éclairs qui courent sur les rochers en faisant un bruit effrayant.

Pourtant pour rien au monde elle ne manquerait ses rendez-vous avec elle ; ces moments-là lui sont indispensables ; elle saura toujours où aller quand elle ressentira un besoin inexorable de fuir.

Mais pour combien de temps encore ? Un jour elle n’aura plus la force de grimper ainsi, elle le sait et le redoute.

Quand cette pensée l’envahie, elle s’assoie pour être au plus près d'elle et lui parle pour exorciser ses angoisses : « tu sais tu n’as pas fini de me voir arpenter tes sentiers, j’en ai encore tellement à découvrir, ne crois pas que je renoncerais à toi si facilement. Et si j’y suis malgré tout obligée, j’irai voir ta grande rivale, la mer, tout aussi fascinante, et je me laisserai bercer par son doux clapotis en rêvant à toi. »

lundi 13 novembre 2023

Ne plus jamais

Chers frères et sœurs Plusjamaïstes



Nous voilà réunis en notre centième année de notre ère plusjamaïste devenue le ciment de notre humanité. Je rends hommage à tous nos ascendants qui ont lutté pour nous permettre de vivre en toute sérénité. Ils se sont battus, déchirés, tués. Les peuples ont souffert et subi des atrocités innommables, gravées dans la mémoire des hommes et des femmes que nous sommes aujourd’hui. Ne pas oublier pour ne pas reproduire. Nous vivons libres. Nous sommes les simples habitants de notre planète où plus aucune frontière ni religion n’existent. Notre seule vocation est de protéger cette Terre et toutes les créatures qui la peuplent, sans distinction d’espèces, de races, de richesses, de différences. Nous vivons tous en harmonie. Nous avons vaincu la misère, les rivalités de pouvoirs, la cupidité et la stupidité après des millénaires dysharmoniques et sanguinaires. Depuis un siècle, l’Homme a compris que son passage unique sur Terre relevait de l’éphémère et que rien ne justifiait l’appétence à la domination. Il a enfin découvert les sublimes joies de la solidarité, de l’égalité, de la fraternité et de la diversité. Des portes ouvertes grâce à l’art gravé dans notre ADN.

Je vous invite maintenant à chanter ensemble pour que nos descendants vivent dans cette absolue beauté. Chantons :

Ne plus jamais oublier

Ne plus jamais massacrer

Ne plus jamais envier

Ne plus jamais se replier

Ne plus jamais s’enrichir

Ne plus jamais détruire notre Terre

Ne plus jamais polluer

Ne plus jamais saccager

Ne plus jamais détruire

Ne plus jamais dénigrer



Allez en paix, tous ensemble !





Consigne pour le 13/10/23 : en titre « Ne plus jamais »

Catherine