Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

dimanche 21 avril 2024

Obsession



Rose, son corps fût découvert au milieu d’un parterre de fleurs dans un jardin public, Ondine fût retrouvée noyée dans la Seine, le corps de Perle était positionné assis à l’entrée d’une bijouterie, elle avait été étranglée avec un collier en perles de métal.

Quai des orfèvres, le policier n’avait aucun doute, ils avaient affaire à un tueur en série, qui mettait en scène ses victimes selon leur prénom. Et il y a deux jours, une autre jeune fille répondant au prénom d’Isis, dix huit ans, avait été enlevée. Il fallait faire vite avant que ce salopard ne passe à l’acte, en inventant encore un scénario tordu et morbide.

« Alors Isis, tu ne t’ennuies pas trop dans ma cave ? Je vais bientôt m’occuper de toi. Je prépare un spectacle digne de ton majestueux prénom, ma petite déesse. Les médias parlent de moi, et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Il y a tant de jolis prénoms qui excitent mon imagination. »

Oui je m’appelle Isis. Je suis séquestrée dans une cave immonde. J’ai eu le temps d’envoyer un SMS avant qu’il ne me prenne mon portable. Je ne serai pas sa quatrième victime, déguisée en momie et prisonnière d’un sarcophage, mon corps ne servira pas pour une de ses macabre mise en scène. Les sarcophages sont pour les musées, pas pour moi.







Pat

Consigne : polar en 15 lignes

jeudi 4 avril 2024

Home, Ôm, Ôm

Iris regarde par la fenêtre depuis son studio, situé au sixième étage du 141 Boulevard Saint Marcel à Paris. Rien ne bouge. C’est le calme absolu depuis dix jours. Ce deuxième confinement en début de printemps l’étouffe. Elle tourne en rond dans son appartement et ce n’est pas cette misérable heure où elle peut sortir faire ses courses sans trop s’éloigner qui l’apaise. Bien au contraire. Elle a envie de pousser plus loin, plus longtemps, hors les murs.

Iris rythme ses jours en copiés-collés. Musique, lecture, yoga, internet et puis... rien. Du vide et du silence ou presque. Iris est obnubilée par ce maudit bruit qui provient du toit, juste au dessus de son appartement. Une antenne relais y est plantée. Cette précieuse technologie, qui l’abreuve d’informations et d’échanges virtuels, s’insinue dans son cerveau en sifflotant. Encore un mauvais coup du confinement qui amplifie tout...

Alors Iris cherche sur internet. Elle reconnaît et s’attribue tous les symptômes des intolérants aux ondes électromagnétiques : irritabilité, sifflement dans les oreilles, dépression, sommeil perturbé, picotements dans tout le corps… Ses recherches la mobilisent toute la journée et même la nuit, au point d’en devenir experte.

Après des heures et des heures d’exploration, Iris détient enfin la solution pour échapper à ce poison : se réfugier dans une grotte. Il est urgent de fuir cette civilisation qui la détruit. Pour cela il convient de pratiquer une méditation affectée à l’antenne relais pour entrer en connexion avec elle. Iris force le passage, entre en communion et commence à ressentir des signes.

Contact 5/5. Iris sent ses poumons se gonfler, son corps respire, elle n’a plus mal. L’antenne relais se repentit, l’aspire et la projette au fin fond d’une forêt, juste devant l’entrée d’une grotte.





Consigne pour le 29/03/24 en 15l Une histoire fantastique qui se termine en forêt


Catherine

La preuve

Comme tous les jeudis après-midi depuis cinq ans, Max et Jean se retrouvent autour du billard pour le plaisir de jouer ensemble. Peu importe le résultat, l’essentiel niche dans l’amitié partagée.

Jean commence la partie. Délicatement une première boule est frappée. Elle se déplace et en cogne une autre qui en cogne une autre qui finalement tombe dans un trou. Le point est marqué. Les amis se réjouissent de ce joli coup. Ils sourient lorsque subitement ils entendent un étrange remue ménage dans le billard. Le tapis se soulève légèrement. Bizarrement la boule ne ressort pas.

Serait-elle coincée ? Cela n’explique pas ce brouhaha ni ce mini « tremblement de billard ». La boule finit par apparaître en même temps qu’une fumée bleutée. Elle se métamorphose en créature brune, toute vêtue de blanc. Toute souriante, elle s’exclame :

- Voilà des années que je suis cognée, malmenée et dirigée là où je ne veux pas aller. Au diable ce mauvais sort jeté par la boule rouge ! Je vous espérais. Seules l’amitié, l’absence de rivalité, la loyauté pouvaient conjurer ce sort. Vous en êtes l’incarnation, la preuve vivante ! Merci. Ne m’en veuillez pas, je reprends en main ma destinée. J’assumerai mes choix et décisions. Désormais ma vie m’appartient, merci messieurs !





Consigne pour l’atelier du 22/03/24 : En titre « La preuve » style fantastique en 10 lignes

Catherine

 

mardi 2 avril 2024

Métamorphoses

« Vous n’avez pas rêvé vous, un jour, de tout plaquer ? » Et bien, moi j’ai fini par le faire. C’était une question de survie. Bien évidemment, j’ai attendu que les enfants grandissent. Je n’allais tout de même pas les abandonner sur le trottoir, encore moins dans une poubelle… J’ai attendu ma retraite aussi, vous ne croyez pas que j’allais tout laisser à l’état. Donc j’ai quitté cette vie terne, j’ai laissé les Hommes se dépatouiller avec leurs  pulsions, de toute façon, je n’y pouvais rien contre leur guerre.
J’avais repéré une cabane de pierres sèches dans l’alpage, abandonnée, j’ai pensé que c’était étrange… Un si bel endroit. Juste le bruit de la source, des oiseaux, le cri des marmottes dans les derniers rayons du soleil couchant. Le soir, un feu dans la cheminée, un livre pour les jours de pluie, un carnet pour écrire les couleurs du ciel. Un jardin potager et les bûches à aller couper pour l’hiver.
Après avoir disposé quelques affaires, je réchauffe la cabane avec ce premier feu de bois. D’abord le poêle crache une fumée épaisse, difficile à dissiper. J’ai la sale impression qu’il me résiste. Enfin une fois lancé, les étincelles pétillent. Puis les bûches arrêtent de se consumer, comme immobiles. La flamme est vive, les lueurs intenses mais la bûche reste intacte. Je finis par m’endormir dans un vieux fauteuil hypnotisé par le brasier. Au matin, le foyer est toujours aussi vivace. Je réprime une folle pulsion d'ouvrir le poêle pour essayer d’étouffer le feu.
Je quitte la cabane, je redescends un peu vers la forêt, ma hache dans la brouette, faire provision de nouvelles bûches. Dés la première cognée, je suis arrêté par un bruit sourd. Je relève la tête, un chevreuil  frotte ses bois contre le tronc d’un arbre. Ses bois se détachent et tombent dans le feuillage. Saisi je regarde, inerte, l'animal disparaitre.
Je me remets finalement à la tâche  et je sens une goutte, puis deux, trois tomber sur ma nuque. Je lève les yeux et je vois l'arbre pleurer, les larmes se mettent à couler une à une. Pour chaque larme tombée, une feuille se froisse, se dessèche aussitôt les larmes tombées. L’arbre se métamorphose.

 

Christiane.

 

Consigne : Une histoire qui se termine en forêt