Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mardi 2 avril 2024

Métamorphoses

« Vous n’avez pas rêvé vous, un jour, de tout plaquer ? » Et bien, moi j’ai fini par le faire. C’était une question de survie. Bien évidemment, j’ai attendu que les enfants grandissent. Je n’allais tout de même pas les abandonner sur le trottoir, encore moins dans une poubelle… J’ai attendu ma retraite aussi, vous ne croyez pas que j’allais tout laisser à l’état. Donc j’ai quitté cette vie terne, j’ai laissé les Hommes se dépatouiller avec leurs  pulsions, de toute façon, je n’y pouvais rien contre leur guerre.
J’avais repéré une cabane de pierres sèches dans l’alpage, abandonnée, j’ai pensé que c’était étrange… Un si bel endroit. Juste le bruit de la source, des oiseaux, le cri des marmottes dans les derniers rayons du soleil couchant. Le soir, un feu dans la cheminée, un livre pour les jours de pluie, un carnet pour écrire les couleurs du ciel. Un jardin potager et les bûches à aller couper pour l’hiver.
Après avoir disposé quelques affaires, je réchauffe la cabane avec ce premier feu de bois. D’abord le poêle crache une fumée épaisse, difficile à dissiper. J’ai la sale impression qu’il me résiste. Enfin une fois lancé, les étincelles pétillent. Puis les bûches arrêtent de se consumer, comme immobiles. La flamme est vive, les lueurs intenses mais la bûche reste intacte. Je finis par m’endormir dans un vieux fauteuil hypnotisé par le brasier. Au matin, le foyer est toujours aussi vivace. Je réprime une folle pulsion d'ouvrir le poêle pour essayer d’étouffer le feu.
Je quitte la cabane, je redescends un peu vers la forêt, ma hache dans la brouette, faire provision de nouvelles bûches. Dés la première cognée, je suis arrêté par un bruit sourd. Je relève la tête, un chevreuil  frotte ses bois contre le tronc d’un arbre. Ses bois se détachent et tombent dans le feuillage. Saisi je regarde, inerte, l'animal disparaitre.
Je me remets finalement à la tâche  et je sens une goutte, puis deux, trois tomber sur ma nuque. Je lève les yeux et je vois l'arbre pleurer, les larmes se mettent à couler une à une. Pour chaque larme tombée, une feuille se froisse, se dessèche aussitôt les larmes tombées. L’arbre se métamorphose.

 

Christiane.

 

Consigne : Une histoire qui se termine en forêt

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