Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mardi 31 mars 2020

Des questions

— Allo…
— En raison d’un grand nombre d’appels, notre standard est saturé. Merci de renouveler votre demande.
— Bon, essayons un autre numéro… Allo. Bonjour…
— Bonjour. Vous êtes bien sur la boîte vocale de Mme Boyer. Je ne suis pas disponible actuellement mais laissez-moi votre message.
— Bonjour. Je suis Mme Morel. Ma situation est… assez désespérée. J’aurais besoin de parler à un conseiller…
— La boîte vocale de votre destinataire est pleine. Elle ne peut plus recevoir de messages. Si vous avez des questions, veuillez contacter notre standard.
— …Allo…
— En raison d’un trop plein de cas désespérés, notre standard a sauté. Nous vous prions de rester calme jusqu’à son complet rétablissement.




Consigne : écrire un texte de 5 à 10 lignes qui s’intitule : « Des questions ».




dimanche 29 mars 2020

Striptease

Sur internet j'ai tapé "striptease". En tapant ce mot, je m'attendais à voir des photos de policewomen sexy et de secrétaires faussement ingénues. Que nenni ! Sur l'écran apparurent des hommes bedonnants et au teint fleuri et des femmes qui n'avaient ni les mensurations ni quoi que ce soit en commun avec les danseuses exotiques. Dieu soit loué, personne ne se déshabillait. Eh oui, les algorithmes avaient sorti de la naphtaline l'émission belge "Striptease", sorte de sociologie cathodique des gens du quotidien. Et si je tapais "sociologie du quotidien" ? Peut-être les algorithmes me proposeraient-ils des images de pin up en train de s'effeuiller ? Sait-on jamais.



Consigne : en 5 à 10 lignes, incipit "Sur Internet j'ai tapé". 




Des questions

Dis quand reviendras-tu ?
Mais pourquoi je ne rencontre pas un mec tatoué ?
Tu l'aimerais ma bouche en rouge baiser ?
Où tu l'as mis l'amour ?
Pourquoi je ne me mettrais pas en cuir avec des porte-jarretelle ?
C'est quoi le temps ? Comment les poissons font l'amour ?
C'est qui qui a inventé le soleil ?
Pourquoi je ne pourrais pas être une poupée d'un soir avant qu'il ne soit trop tard ?
Ça sert à quoi enfin d'être née ?





Consigne : titre : Des questions, en 5 à 10 lignes.











Ballade sous la lune

Mais ce n'est pas l'itinéraire ! On va se perdre ! J'aime la nature, tu le sais mais là franchement l'heure n'est pas aux divagations sentimentales ! Ces coups de volant si brusques ! Mais réponds enfin ! dis quelque chose ! C'est quoi ce couteau, je n'ai même pas pris le saucisson ! Mais ralentis je te dis, on va avoir un accident ! Et voilà que maintenant tu freines ! C'est la meilleure celle-là! Là en pleine forêt, en pleine nuit...





Consigne : en 15 min, quelqu'un se comporte de manière inhabituelle avec le narrateur.




mardi 24 mars 2020

Le transsibérien

Il appuya son visage contre la vitre. Avec une telle intensité ! Comme s’il voulait la traverser.
Il s’écrasait contre cette vitre comme on s’enfoncerait dans une épaule aimée. Il appuyait son visage contre la vitre comme s’il voulait aspirer le paysage, s’y dissoudre.
Le transsibérien ouvrait l’espace suivant sa voie : une étoile filante dans l’air glacé !
Et lui voulait tout absorber !





en atelier en 15 mn
consigne: Il appuya son visage contre la vitre.





La main dans ses cheveux

Elle regarde son interlocuteur, passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffe un peu.
Inlassablement de sa main ébouriffe encore ses cheveux, ce geste imperceptible, qu'elle ne peut retenir l'irrite un peu, cependant elle le fait à nouveau. Il lui est impossible d'y déroger comme si sa vie en dépendait...
La conversation se poursuit et elle passe sa main dans ses cheveux, un peu, un peu trop souvent.
Si elle ne le faisait pas, c'est comme si elle était nue.




consigne : une habitude dont le narrateur ne peut se défaire
en atelier en 15 mn



dimanche 22 mars 2020

Sur Internet, j'ai tapé : Plume

Sur internet, j’ai tapé : Plume.
Sur le lac, la plume blanche d’un cygne, flotte dans les nénuphars ! Alors, un air de ma petite enfance, trotte dans ma tête : « prête-moi ta plume pour écrire un mot ». J’aimerai tant comme autrefois, écrire avec la « plume d’oie ». Que mes lettres formées avec des pleins et des déliés, couvrent la page blanche, afin que de lignes en lignes, un livre se dessine. Oui ! ...vivre de ma plume, me rendrais folle de joie, mais y laisser des plumes, non ! ...je ne voudrais pas.


Consigne : en 5 à 10, avec l'incipit "Sur Internet, j'ai tapé".



 

Des questions

Le couple entra dans la poissonnerie, pour acheter des oursins du pays. Le poissonnier leur dit :
- Je n’ai que des oursins d’Espagne, de la région de Galice, car ceux de la Méditerranée ne sont pas pleins.
- C’est combien la douzaine ?
- Je les vends au kilo, ils font vingt-cinq euros.
- Pardon ? Vingt-cinq euros, vous pouvez vous asseoir dessus, vous êtes un voleur monsieur.
Le couple sort dépité, à ce moment là, sur le trottoir la femme en se penchant trouve un billet de cinquante euros, perdu par quelqu’un. Ils retournent illico à la poissonnerie et commandent : deux kilos d’oursins de Galice.


Consigne : en 5 à 10 lignes, une fiction intitulée "Des questions".



 

mercredi 18 mars 2020

Des questions

"Pose tes questions, je t'écoute, me dit-elle de sa voix chaude et sexy.
- Quel est votre nom ?" Sous le charme envoûtant de cette nouvelle Bettie Page aux yeux d'un bleu profond, je posai bêtement cette question.
"Betty, je suis le modèle Betty. Il te reste deux questions !
- Êtes-vous réelle ou une hologramme ?
- Aussi réelle que toi, mon lapin. Je suis une femme synthétique. Plus qu'une question !"
Sa sensualité et sa voix m'avaient fait gaspiller deux questions, la troisième serait tout autre.
"Quel est le sens de la vie ?
- La vie elle-même. Elle est sa propre finalité et son unique raison d'être. Heureuse d'avoir satisfait ta curiosité. Reviens me poser des questions quand tu le voudras."



Consigne : en 5 à 10 lignes, une fiction intitulée "Des questions".


 

lundi 16 mars 2020

Quelqu'un m'a dit

- Quelqu’un m’a dit qu’il avait entendu un monsieur dire, au téléphone, à sa femme « Je vais te tuer ».
- Punaise, c’est dur, comment elle a réagi ?
- Il parait que de suite il lui a demandé de rester calme.
- Curieux et alors ?
- Alors, elle a dû s’énerver, car en tout cas, on pouvait l'entendre crier.
- Il y a de quoi et alors ?
- De l’entendre crier, ça l’a mis hors de lui.
- Et alors raconte.
- Un temps s’est passé et il parait qu'elle est arrivée en furie.
- Ça se corse, ça tourne au vinaigre, alors raconte.
- Il a pris un canif dans sa poche et l’a de nouveau menacé tout en lui redemandant de rester calme.
- Il en a de bonne lui, rester calme alors qu’on envisage de te tuer, c’est un peu gros. Et personne n’est intervenu ?
- Non, il parait que personne autour n'a bougé, ce n’était pas leur problème. N'oublie pas que l'autre était armé.
- Ils n'auront pas la médaille du courage. Alors elle se termine comment cette histoire ?
- Comme elle ne se calmait pas et devenait de plus en plus hystérique, il parait que le bonhomme a pris peur et il est parti.





En atelier, 15 minutes : Fiction commençant par « Quelqu’un m’a dit ».




mardi 10 mars 2020

Confidences derrière la porte

Là, tapie bien à l'abri, protégée par cette porte que tu n'ouvriras pas ; dans ce sombre cocon, délivrée de la lumière crue du soleil et de celle de ton regard.
Là, derrière cette porte j'oserai te murmurer mon texte.



Consigne : en 15 min, un monologue derrière la porte, la personne derrière ne lui répond pas.



lundi 9 mars 2020

Canard aux lentilles

La mère (chanté) :
« Six mille haricots,
canard aux lentilles,
tous les bouts d’gigot,
l’haricot fiasco,
la ratatouille à la bouilla fia fia,
la ratatouille à la bouilla fia ! »
(A son petit-fils) :
Avec moi Victor !
Le fils :
Ah non, il est hors de question que mon fils chante ça ! Je ne mange pas de ce pain-là, je veux dire de cette viande-là ! Va pour les haricots et la ratatouille, mais le canard et le gigot ! As-tu vu les dernières vidéos de L 214 ? C’est un massacre organisé !
La mère :
Mais c’était ma comptine préférée ! Papi Raymond me la chantait toujours !
Si tu refuses que Victor chante avec moi, c’est la mémoire familiale que tu assassines !




Consigne : écrire un texte humoristique de 5 à 10 lignes.
 
 
 



Miroir

Florence a réussi sa première prestation dans sa carrière commençante. Pendant toute la soirée, elle a été charmante, charmeuse, souriante, drôle et spirituelle. Son client est tombé amoureux d'elle mais il sait que toute relation amoureuse est prohibée.
Alors qu'elle se démaquille, deux reflets apparaissent dans le miroir.
"Tu es tombée bien bas, lui reproche son premier reflet, faire la potiche décorative et payante s'affichant avec un tocard.
- Ne l'écoute pas, intervient le second reflet, ils n'avaient tous d'yeux que pour toi. Depuis combien de temps n'avais-tu plus été autant désirée ?"
Elle ferme les yeux. Lorsqu'elle les rouvre, elle ne voit plus qu'un seul reflet, silencieux.


Consigne : en 10 lignes, un épisode dans la vie d'un personnage fictif. 
 
 
 

dimanche 8 mars 2020

Au marché noir

Ses copines coccinelles arboraient fièrement leurs nouveaux points noirs, à présent elles en avaient six. Bien qu’elles étaient plus grosses qu’elle et plus âgées, Koki les jalousait. Ses ainées avaient beau la rassurer, lui disant que lorsqu’elle grossirait les billes noires avaient de grandes chances de se dessiner le long de son échine, rien n’y faisait. Les deux tâches sur ses écailles rouges étaient bien insignifiantes à ses yeux et elle avait trop peur qu'elles n'apparaissent pas d'elles-mêmes, comme c'était parfois le cas avec certaines des leurs. Il lui fallait s’aventurer sur le marché noir si elle souhaitait trouver un autre moyen pour acquérir ces points. Elle s’y rendit et observa le travail des différentes espèces à la recherche d'une solution à son mal. L'endroit grouillait de vie avec la manufacture des fourmis, les mouches qui s’agitaient dans tous les sens pour remplir leurs missions d’agents d’entretien, le commerce de toiles des araignées, les moustiques qui utilisaient leurs trompes pour peindre sur leurs toiles... C'est alors qu'une idée lumineuse lui vint. Elle s’approcha et demanda à ces derniers s’ils pouvaient exercer leur art sur elle, peut-être pouvait-ils lui tatouer les points noirs. Les moustiques vibrèrent de plaisir, enfin ils allaient pouvoir rembourser leur prêt de matériel aux araignées qui mourraient de faim.




Consigne : en 15 min, une fiction faisant intervenir un ou plusieurs insectes.




Remariage

J’ai l’esprit assez ouvert -enfin il me semble- mais je trouve tout de même que ma mère aurait pu respecter un délai, le temps du deuil, pour nous imposer ce remariage.
Bon je vais essayer de faire bonne figure.
La voici qui vient m’ouvrir. Qu’est-ce que c’est que cette robe excentrique et cette nouvelle couleur de cheveux ?
J’ai les idées larges -enfin il me semble- mais bleu électrique tout de même, à son âge…
Où est le bellâtre ? Nous n’avons pas été présentés. Le voilà qui se radine…
Je suis assez tolérante -enfin je crois- mais convoler avec l’apprenti de son défunt mari, elle nous aura tout fait…



Consigne : En 15 mn raconter une histoire où la narratrice rend visite à sa mère assez âgée qui vient de se remarier après le décès du père.