Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

samedi 19 juin 2021

Choix

Il lève les yeux vers le plafonnier. Une lumière blanche et crue vient percuter sa rétine.

Deux solutions :

-           - Soit il est dans un mauvais film : « Nous avons les moyens de vous faire parler ! »

-           - Soit il est allongé chez son kiné et l’électricien s’est trompé en changeant le néon.

Un bon massage ou une séance de torture.

Dans la vie on est parfois confronté à des choix drastiques.

 

 

Consigne : En 15 lignes, écrire une fiction qui se termine brutalement, de façon inattendue, sur une impression d’inachevé.

 

 

 

Le diable

Il fait chanter, il fait danser, il fait tournoyer les jupes. Il provoque des éclats de rire. Il permet de se libérer. Il désinhibe les timides. Il participe à tous les évènements marquants de notre vie. Il accompagne tous nos mets. Il est bon à déguster. Il est fort, doux, parfumé, délicieux, addictif. Il pétille dans nos gorges, claque sous nos langues, nous monte à la tête et fait éclater un bonheur immédiat. Il requinque nos malades, purifie nos blessures et nous envoie dans le coma. Il nous tient compagnie, arrose nos ennuis et noie nos chagrins. Il provoque des accidents et nous tue à petit feu. Il nous transforme en joyeux lurons ou en brutes. 


 
 
Consigne : écrire un texte en 15 mn sur le thème de L’alcool
 
 
 

jeudi 17 juin 2021

La mer violette

" C'est fantastique ce qu'on peut supporter".
La Mer Rouge pleure des larmes amères au large du Golfe D'Oman.
Des sanglots noirs se déversent là bas sur la plage de  Nitzanim.
Des cendres du New Diamond roulent dans le lagon du Sri Lanka.
Un mucus jaune, une écume grise bavent dans la Mer de Marmara.
La marée vomit des algues vertes sur la Côte de Granit Rose.
Des coquillages mazoutés sèchent sur la grève en Israël.
Des crustacés se ferment et s'endorment sur la côte Turque.
Des billes de polyéthylène mangent la mangrove
La Côte d’Émeraude trempe dans la vase sulfurée.
Le soleil est harassé, le ciel décoloré, la mer opacifiée. 
Les pêcheurs dévastés regardent la mer saccagée, inconsolée.
"Y aura t-il encore des matins clairs" et des promesses de la terre et de la mer enfin réconciliées ?


 

Consigne : inspiré de la citation d’Apollinaire : "C'est fantastique ce qu'on peut supporter".


vendredi 4 juin 2021

Brouette

La nuit commence à tomber. Les petites lampes solaires du jardin s’allument une à une et le petit monde magique se réveille peu à peu. Brouette, un petit nain de jardin originaire de Crimée cligne des yeux et s’étire.
« Ouille, ouille, ouille ! Ça fait mal ! Mon Dieu ! J’ai perdu mon pouce ! »
Il examine sa main droite avec attention.
« Je me souviens. C’est encore ce chien maudit qui me veut tant de mal. Hier, il était déchaîné et bien sûr, il profite de la journée pour me harceler. Il aboie comme un fou, se jette sur moi, me secoue dans tous les sens et me lance en l’air comme un bâton. Hier, mon pouce a atterri sur une pierre et crac, il a cassé. J’en ai vraiment marre d’être son jouet préféré ! Je le déteste ! Mais où est mon pouce ? Ah, je le vois là-bas dans l’herbe. »
Brouette s’approche et constate les dégâts.
« IRREPARABLE ! Cette fois-ci, c’en est trop ! »
PSG, un ballon de foot en très mauvais état, le regarde d’un air compatissant. Son ami ressemble à quelqu’un qui s’est battu avec un gobelin en colère.
- « Salut, Brouette, mais qu’est-ce qu’il t’est encore arrivé ? ».
Brouette est couvert d’éraflure, sa peinture est fortement écaillée par endroit, il a des marques de dents un peu partout sur le corps.
- « Oh, c’est encore « Nuts » qui m’a attaqué. Là ça suffit, il faut faire quelque chose ! On va pas continuer à le supporter plus longtemps sans rien faire. »
PSG s’approche. Il a perdu sa belle rondeur d’autrefois et roule péniblement.
- « Tu as raison Brouette, il ne faut plus se laisser faire. Regarde-moi, dans quel état il m’a mis, je n’arrive presque plus à respirer tellement qu’il m’a dégonflé ! Mais comment faire ? »
Brouette soupire :
- « Tous les deux, on peut rien faire. Il faut demander de l’aide. »
Il soulève son petit bonnet rouge et se gratte la tête.
- « Je sais, je vais en parler à Christine. »
PSG est perplexe :
- « Christine ? mais elle ne parle pas notre langue, comment vas-tu lui expliquer ?
- Je sais déjà qu’elle est de notre côté. Je l’ai entendu discuter avec mamie Claudine l’autre jour et elle lui conseillait de se débarrasser de Nuts.
- Mamie Claudine, se débarrasser de Nuts, mais c’est impossible, elle l’adore !
- Ecoute, PSG, arrête d’être négatif, d’abord réfléchissons ensemble à un moyen de faire comprendre à Christine notre problème. »
Ils restent silencieux un moment. PSG, en pleine concentration, roule sur l’allée bordée de lauriers roses en fleurs qui mène à la piscine. Il monte, descend, remonte, redescend.
- « Arrête ! s’écrie Brouette, tu me donnes le tournis !
- Mais ça m’aide pour réfléchir. »
Brouette s’éloigne, s’étend dans l’herbe fraîchement coupée qui sent si bon et ferme les yeux. Tous les deux sont perdus dans leur réflexion quand soudain Brouette se redresse et s’écrie :
- « Ça y est, j’ai une idée ! on va s’installer dans ses rêves.
- Les rêves de qui ?
- Mais de Christine bien sûr. Tu te souviens le lutin bleu qu’on avait accueilli il y a quelque temps ? Il nous avait expliqué comment communiquer avec les humains.
- Tu veux parler de Kascou ?
- Oui, c’est ça. Il disait qu’il suffisait de se concentrer sur la personne pour faire passer un message. En général, la personne en question en rêvait le soir même.
- Oui, je me souviens mais je reste dubitatif.
- Ça ne coûte rien d’essayer. Il disait que si plusieurs personnes se concentraient en même temps, c’était plus efficace. On essaye ? Tu es prêt ?
- Quand tu veux.
- Approche-toi, viens près de moi. »
PSG roule doucement vers Brouette qui le prend dans ses petits bras et tous les deux s’installent confortablement dans l’herbe. Ils restent ainsi en grande concentration une bonne partie de la nuit.

Le lendemain matin, Christine raconte à sa grand-mère qu’elle a fait un rêve bien étrange…


 
 
Consigne : sujet libre en 45 lignes

mercredi 2 juin 2021

Remédiable

Mamie Claudine - Je te dis qu'il a commis l’irrémédiable ! Je vais le tuer !

Christine - Mais enfin mamie, calme-toi, il n'a pas fait exprès tout de même !

Mamie Claudine - Je le soupçonne d'être assez intelligent pour le faire exprès.

Christine – Mais Mamie, tu ne peux pas lui prêter des sentiments, c’est juste un chien.

Mamie Claudine – Ah, ça, tu le connais mal. La raison pour laquelle il a renversé ET cassé mon nain de jardin, c’est parce que je l’ai vexé.

Christine – Vexé ???

Mamie Claudine – Oui, vexé. Il voulait un câlin mais j’étais trop occupée et je lui ai dit d’attendre. Eh bien, je pense qu’il n’a pas apprécié. Il a disparu en courant dans le jardin et comme par hasard, il a renversé mon petit nain de jardin. Tu me connais, Christine, je tenais à ramener quelque chose d’original de Crimée. Pas ces sempiternelles bouteilles de vodka et autres matriochkas. Alors quand je suis tombée sur ce petit trésor dans un bazar de Sébastopol, je n’ai pas résisté. Je l’avais baptisé « Brouette ». Avoue qu’il est mignon, non ? Enfin, était mignon. Si mon voisin voit dans quel état se trouve "Brouette"...

Christine – Mais que vient faire ton voisin dans cette histoire ?

Mamie Claudine – Il fait partie du FLNJ.

Christine – Le FL NJ ? C’est quoi ça ?

Mamie Claudine – Le Front de Libération des Nains de Jardin.

Christine – Le Front de Libération des Nains de Jardin ? C’est une blague ?

Mamie Claudine – Ma petite Christine, le Front de Libération des nains de jardins existe depuis 1996. Et ils ne sont pas tendres avec les casseurs de nains de jardin, je te l’assure ! Je redoute leur réaction.

Christine – Ça alors ! Tu ne cesseras jamais de me surprendre, mamie ! Mais ne t'inquiète pas, il te suffit de faire disparaître "Brouette" discrètement.

Mamie Claudine – Oui, tu as raison, mais je préfère enterrer « Brouette » avec toute l’attention requise. Je vais organiser une cérémonie spéciale. Mais promets-moi de ne rien dire à personne.

Christine – Promis, juré.

Mamie Claudine – Par contre, j’en ai pas fini avec « Nuts ». Je vais le punir, il faut qu’il comprenne ! Figure-toi que la semaine dernière, il a fait pipi sur mon tapis persan par ce que j’avais refusé de lui donner sa récompense.

Christine – Eh bien moi, je pense que c’est remédiable, j’ai une solution à te proposer.

Mamie Claudine – Ah bon ? Dis-moi vite ça m’intéresse.

Christine – C’est très simple, tu te débarrasses de ce chien.

Mamie Claudine – Mais jamais de la vie ! Tu es devenue folle ! Je l’adore ce chien ! Et c’est parce qu’il est si intelligent que je suis si attachée à lui !





Consigne : saynète de 30 sec.

Expérimentation

Les protagonistes s’installent à leur emplacement respectif. L’animateur répète à l’intention de chacune les gestes requis avant le grand départ : caler sa tête dans le casque rigide, s’harnacher méticuleusement au moyen des sangles prévues à cet effet, tout verrouiller pour éviter tout déplacement intempestif du corps pendant la poussée.
Déjà dans la tête des voyageuses c’est un remue-méninge indescriptible. Elles se demandent encore ce qu’elles font là. Est-ce bien raisonnable ? Non ! Est-ce bien nécessaire ? Non ! Mais si l’imagination créatrice était au rendez-vous de l’aventure ?! Si l’aventure était propice à l’acte d’écriture ?!
En tous cas les faits sont là : elles ont toutes répondu à l’appel. Les autrices en herbe se sont laissées embarquer. Il est vrai que cet animateur est un original, que pour lui l’expérimentation est sans limites. Mais là point d’absinthe ni d’opiacée pour stimuler l’imagination créatrice. Un voyage dans l’espace, une expérience en apesanteur !
Une fois la fusée en orbite, l’atelier d’écriture va pouvoir commencer.



 

Consigne : Écrire une fiction de 15 lignes qui se passe dans un lieu qui n’est pas du tout courant pour ce genre d’action.

La fuite

J'ai enfourché ma moto, appuyé sur le starter et foncé dans la rue, les yeux rivés sur la ligne blanche. J'ai conduis presque dans l'inconscience. Le buste aplati sur le guidon, faisant corps avec la machine, j'ai filé à un train d'enfer, à en pulvériser les anges. Concentré sur mon objectif, quitter la ville au plus vite, gagner le faubourg, échapper à ces tueurs. Mon corps dans la conduite maitrisant la peur, la domptant, se dissolvant dans l'ivresse de la vitesse. M'attendant à chaque instant a entendre une détonation violente qui m'enverrait au Paradis, c'est certain.
Je bifurque et gagne l'avenue, me faufilant entre les obstacles, apercevant des passants statufiés sur mon passage. Le flux des voitures se raréfie. Dressées sur mon passage, soudainement, des barrières métalliques barrant l'accès au boulevard, des camions stationnés le long du trottoir, un panneau d'interdiction d'approcher...
Je freine brutalement, dérape sur l'asphalte brûlant, la moto pivote, à l'instant, j'aperçois des perches tendues de micros, des caméramans et j'entends : "Action".


 

Consigne : action en un lieu inattendu.