"Nord Soudan, quatre du matin, je pars. Disparaître au plus vite, c'est ça que je pense à ce moment là. Rien ne pourra m'arrêter. Je sais que je quitte pour toujours ma mère, veuve maintenant, Nadia, Félicia, Anila et mes deux autres soeurs. Ma vie est en danger. Je pars sans rien emporter. Ce que je viens de voir est une profonde peine, tu vois, qui ne s'effacera jamais, non, jamais. Je cours vers une station de bus, j'arrive à la maison, j'explique à mon oncle qu'ils ont assassiné mon père, là devant mes yeux pour un mouton qu'il leur a refusé et pour leur avoir résister. "Il faut t'enfuir ! Demain ! Sinon, il viendront te chercher". Je lui obéi et pour sauver ma vie, je pars. Je sais que je vais réussir, je suis habitué au désert, à la poussière, à la chaleur, j'aidais mon père a s'occuper du troupeau.
Je marche huit jours dans le désert, seul, tout seul, c'est ça le plus dur, tu vois. Seul comme un chien ! Jusqu'à Beham : La Lybie , je ne sais pas ce qui m'attends."
Puis tout de suite, la pudeur l'arrête.
"Mais, je suis courageux, tu vois, je suis venu à pieds du Sahel !" me dit Bachir un sourire ironique et en même temps timide. Son regard reste détaché, réservé, nostalgique. Puis très vite le sourire éclaire son visage : "et toi ça va ? Ta famille, ça va ?"
Aujourd'hui comme tous les autres jours, il a mis un maillot de foot, comme si un maillot pouvait forcer le destin. Il a noué un foulard rouge sur ses cheveux aussi noirs que sa peau. A vingt-quatre ans ce fils unique d'un berger du Sahel a l'air d'un seigneur blessé .
Consigne : Présentation d'un personnage, portrait physique, psychologique, social, de façon vivante.
Christiane
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