Humiliée, trahie par son époux, Ondine se redresse. Le combat ne fait que commencer, le gong a sonné.
Pour la convocation :
Premier round : Se préparer mentalement : se montrer forte, déterminée, calme. Important : susciter l’empathie, la compassion et le besoin de protéger.
Deuxième round : Se préparer physiquement : prendre rendez-vous chez le coiffeur et l’esthéticienne. Maîtriser sa respiration et maintenir une posture droite. Acheter un robe un peu ample pour cacher Fœtus-Fantine. L’enrouler bien serrée autour de la taille en maintenant sa bouche sur le nombril, c’est essentiel à son développement. Mener à terme sa grossesse demeure sa priorité.
Ondine met en œuvre ses résolutions. Elle se regarde dans le miroir et s’étonne de son image. Elle découvre une nouvelle personne. Elle en impose, se trouve belle, prête à affronter sa direction.
Forte de ces changements, confiante, elle se rend à la convocation dès le lendemain matin. Mme Duchemin, responsable des auxiliaires de vie l’attend.
- Bonjour Madame Duchemin, comment allez vous ? Vous avez une bonne nouvelle à m’annoncer ?
Sa directrice marque un temps d’arrêt. Elle ne reconnaît pas Ondine. Elle est déstabilisée par cette arrivée, elle ne s’y attendait pas. Ondine, si fragile, repliée sur elle-même, comme l’a décrite son mari, s’est transformée en mannequin. Sa chevelure rousse étincelle, ses yeux verts sont vifs et transperçant.
Mme Duchemin est prise de court.
- Bonjour Ondine ! J’ai souhaité vous rencontrer suite à la visite inattendue de votre époux. Il ne vous en a pas parlé ?
- Ah ! Mon mari est venu vous voir ? Il ne m’a rien dit mais cela ne m’étonne qu’à moitié. Il ne va pas bien du tout en ce moment. C’était pour quoi ?
- C’est délicat. Je ne voudrais pas m’immiscer dans votre intimité. Mais les raisons qu’il invoquait pouvaient avoir des répercussions sur votre travail. Il est important que votre activité auprès de nos personnes âgées soit exercée dans un climat paisible, ils sont si fragiles. J’ai préféré vous convoquer pour éclaircir cette situation.
- Vous savez Mme Duchemin, je suis très attachée à mes petits vieux et j’en prends bien soin, vous n’avez qu’à les interroger.
- Il n’en n’est pas question, je veux les laisser en dehors de ça.
- Mais enfin, de quoi s’agit-il ?
- Ne tournons plus autour du pot. J’ai donc été informée de votre avortement. Vous ne le souhaitiez pas. Il paraît que vous avez fabriqué une poupée de chiffon que vous appelez Fantine et vous espérez poursuivre une grossesse imaginaire, voilà.
- Oh, je suis choquée ! Il a osé, il est devenu complètement fou. Cela devient grave. Ce n’est pas du tout la réalité. Mon mari depuis des années souhaite avoir un deuxième enfant. Je n’en voulais pas. J’ai trouvé mon équilibre avec mon Petit Paul, un enfant adorable et mon travail qui me comble. J’ai donc décidé d’avorter, sans son consentement et il ne l’a pas accepté. Depuis, il perd les pédales. C’est lui qui s’est inventé cette poupée Fantine. Il veut me nuire et se venge en vous racontant toutes ses salades en étalant, sur la place, notre vie privée.
- Ondine, je suis désolée. Vous paraissez aussi sincère que lui. Je ne sais plus quoi penser. Votre époux était embarrassé et semblait s’inquiéter pour vous. Il n’était pas en colère, je vous assure. Non, ne pleurez pas, je vous en prie. Je ne voudrais pas aggraver cette situation particulièrement délicate. Votre intimité ne me concerne pas. Aussi, je vous demande de reprendre votre travail sans évoquer ces questions avec nos patients. Ils ont suffisamment de difficultés dans leur vie au quotidien et vous êtes là pour les aider et non pour parler de vos tracas conjugaux.
- Merci Mme Duchemin. J’ai honte devant vous. Je ne sais plus comment me sortir de cette histoire. Il m’inquiète. Je finis par en avoir peur, pour mon fils aussi. « Papa est bizarre » voilà ce qu’il me dit chaque jour.
- Arrêtons, là. Reprenez votre travail. Je ne veux plus rien entendre de plus. Au revoir Ondine.
Fin du troisième round
Les prochains se passeront sur le ring avec Piotr. Il l’a bien cherché. C’est plus fort que lui, il ne peut qu’être intrusif. Là, il a dépassé les bornes en s’introduisant dans le milieu professionnel en faisant, à son tour, un bébé dans le dos.
Nous verrons qui gagnera le combat de l’arroseur arrosé.
Consigne libre en 45l
Catherine