Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

vendredi 17 mai 2024

Une étrange rencontre

J'entends une voix me dire – une toute petite voix si hésitante dans mon dos que je crois rêver : “ S’il vous plaît, puis-je monter à bord ?”. Je me retourne et ne vois personne. Je suis assise dans le cockpit de mon petit voilier de 9m, seule à bord, en pleine mer à plus de quatre milles nautiques de la côte, au milieu de rien : de l’eau, que de l’eau et aucun bateau en vue. Mon cœur bat la chamade !

Bon, il fait chaud, un vent léger me pousse et la houle fait doucement rouler le bateau. C’est sûr, je me suis endormie et j’ai rêvé, ouf ! J’attrape mon GPS pour faire le point et alors, je vois une petite main d’enfant surgir de l’eau et s’agripper au pont du bateau sur tribord. “S’il vous plaît, puis-je monter à bord?”






Catherine H-V


Consigne: écrire 8 lignes avec l’incipit “J’entends une voix me dire”

Orange

Je me réveille après une nuit agitée où j’ai fait des rêves bizarres avec la couleur orange omniprésente, à la limite du cauchemar. J’appuie sur mon réveil pour l’arrêter. Tiens, il est orange aussi. Dans ma cuisine vert amande mon regard est tout de suite attiré par mon horloge orange et par le bocal à glaçons, de la même couleur, qui traine sur la paillasse. Je vais réveiller ma fille et en appuyant sur l’interrupteur la couleur orangée de l’abat-jour me saute aux yeux.
Je n’avais pas remarqué que j’avais autant d’objets de couleur orangée chez moi. C’est vrai qu’ils sont petits et disséminés dans l’appartement, au contraire de notre achat d’y hier avec sa couleur rutilante, orange vif.
La couleur ne me plaisait pas mais c’était la seule disponible immédiatement.
Je vais à la fenêtre voir si elle est toujours là. On ne voit qu’elle sur le parking et on dirait que le soleil levant concentre sur elle tous ses rayons pour la faire briller davantage.




Armelle

Consigne : thème : couleur orange

jeudi 16 mai 2024

Franchise

Je vais être franche : je n'y crois pas. Ce n'est pas possible ; cela fait trois fois que la même histoire t'arrive. Comment peux-tu être aussi naïve ?

Chaque fois que tu rencontres un gars : tu l'héberges chez toi, vous vivez quelque temps ensemble, soi-disant le grand amour, puis un beau jour il disparaît laissant ta maison dans un sale état et te « piquant » au passage ce qui l'intéresse et tout cela pendant tes heures de travail....

Une première fois, c'est un peu agaçant.

Une deuxième fois, c'est triste et décevant.

Et alors, une troisième fois, c'est de l'imprudence.






Claude

Consigne : incipit : Je vais être franche : je n'y crois pas.

La route du village

En voiture, j'aimais prendre cette route, sinueuse et étroite, qui montait au village ; d'un coté, c'était la colline avec ses grands pins et son chemin escarpé, et qui, dès le début du printemps, s'ornait de genêts, de glaïeuls sauvages et d'herbes folles. Je m'imaginais en vacances quand je la prenais.

De l'autre côté : il y avait en contrebas, au dessous d'un parapet, une petite rivière qui faisait joliment chanter les pierres, les galets, mais qui, par contre, après de grosses pluies, devenait un torrent boueux impétueux emportant avec lui de grosses branches et quelquefois des arbres, enfin tout ce qui devait la déranger sur son passage.

PROCHAINEMENT CONSTRUCTION DE 22 VILLAS



 
 
Claude
Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

Observation des oiseaux

Je suis venue tôt ce matin sur la falaise observer les oiseaux qui nichent sur les rochers de la petite île en face, réservée aux oiseaux. J’ai passé des heures sans m’ennuyer à observer leur manège, les adultes qui donnent la becquée aux petits, ou la femelle qui couve ses œufs. J’ai pu observer aussi la parade des amours qui ressemble à une chorégraphie sophistiquée de danse classique ou les femelles se dressent sur leurs longues pattes comme les danseuses sur les pointes et les mâles répondent avec force mouvements d’ailes imitant les mouvements de bras des danseurs.

En redescendant vers la plage, de l’autre côté, je remarque une foule de gens massés au bord de l’eau qui regardent la mer. En les imitant je distingue comme une nuée d’oiseaux qui battent des ailes en plongeant en rythme. Je reprends mes jumelles et distingue alors des centaines de bras et d’épaules qui fendent l’eau, des nageurs qui concourent pour le triathlon.

 

 

Armelle

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

mardi 14 mai 2024

Cinquante euros

Cela fait une demi-heure que le train circule. Soudain, il s’arrête dans un grand bruit de freins, projetant les voyageurs en avant. Aussitôt le wagon est en ébullition. Les gens se lèvent pour voir ce qui se passe, des enfants pleurent par peur ou parce qu’ils se sont cognés. Par-dessus ce bruit, le haut-parleur retentit :

« Nous vous demandons de ne pas quitter vos places et surtout de ne pas descendre sur les voies, le train étant arrêté en pleine campagne suite à un accident de personne. »

Ce détail me ramène quelques années en arrière, quand j’avais cédé au chantage d’un homme aux abois, qui préférait se jeter sous le train plutôt que d’affronter ses compagnons d’infortune, SDF comme lui, sans les 50€ qu’il leur devait. Les autres membres de l’association m’avaient critiqué mais la vie d’un homme ne vaut-elle pas plus que 50 € ? Peut-être que, ce soir, la personne s’est jetée sous le train car personne ne lui a tendu la main ?



Armelle

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

lundi 13 mai 2024

Manque d'inspiration


Je suis un peu émue lorsque je sonne à la porte du cottage où j’ai passé mon enfance.

Au bout de quelques secondes, un homme ouvre la porte, sort sur le pallier, et avant même que j’ai pu dire un mot, me débite d’une voix sourde :

« Je n’ai plus d’inspiration, plus du tout. C’est dramatique voyez-vous. C’est parti comme ça, d’un coup, alors que je ne m’y attendais pas, bien au contraire, j’avais plutôt l’impression ces derniers temps d’avoir l’esprit créatif, je trouvais mes idées originales, j’étais plutôt fier de ce que j’écrivais.

Mais je dois me rendre à l’évidence, je n’ai plus d’inspiration, plus du tout, ça m’affole voyez vous, de ne plus avoir une seule goutte d’imagination, le cerveau vide.

Comme chaque après-midi, je me suis mis devant mon ordinateur sur la terrasse du jardin, il faisait beau, une brise légère me caressait le visage, les oiseaux gazouillaient, les rosiers plantés par mon père étaient en fleurs, les roses odorantes. Bref, les conditions idéales étaient réunies pour laisser vagabonder mon imagination.

Comme chaque après-midi, je venais de déguster une collation que j'avais pris le temps de préparer : des crudités, du pain aux graines et des fruits frais, tout en sirotant mon thé vert au jasmin qui finissait d’infuser.

Et là, au moment crucial où mon esprit aurait dû être créatif, fantasque, où j’attendais l’excitation que l’on ressent au début de l’invention d’une histoire, ce moment subtil, débridé ou fou tellement jouissif eh bien là, rien ne vient, rien…

Je reste pétrifié comme un pantin, les doigts en suspens sur le clavier, le regard hébété sur la page blanche de mon logiciel et rien ne vient, rien.

Je me lève, je prends de profondes inspirations, je bois un verre d’eau, je fais deux fois le tour du jardin et rien ne vient, rien…

Je vois bien que ça vous fait sourire, mais c’est tragique de ne plus avoir d’inspiration, voyez-vous, c’est tragique !!! »
 
 
 

Consigne : Fiction avec un personnage principal que vous ne connaissiez pas quand vous étiez enfant qui se passe dans le quartier où vous avez passé votre enfance.

Michèle

Faire un pas

 J’entends une voix me dire : « Vous ne devriez pas rester là, c’est dangereux. »

Cette voix douce et inquiète me sort tout à coup de ma léthargie. Je réalise que je me trouve debout tout au bord de la falaise et que le moindre mouvement peut me précipiter dans le vide. Mais qu'est-ce que je fais là ? J'ai très peur soudain. 

"Je vous en prie reculez au moins d'un pas".

Mais je ne peux pas, je suis tétanisée. Je ferme les yeux et c'est pire encore, j'ai l'impression que le vide va m'aspirer. Le bruit assourdissant de la mer qui cogne le pied de la falaise m'effraie. Je rouvre  les  yeux et je me concentre sur la ligne d'horizon au loin ; je respire profondément. 

 « Je vais avancer doucement vers vous et vous prendrez ma main. Laissez-moi vous aider.", me supplie la voix..

Il y a bien longtemps que plus personne ne m’a tendu la main.   


Martine F

Consigne : 8 lignes - Incipit : "J'entends une voix me dire"

Méprise

  

- Madame que faites-vous avec cette valise ?

- Je dois partir d’ici au plus vite, je ne m’y plais pas. Les gens sont un peu bizarres.

- Mais vous venez juste d’arriver. Où comptez-vous aller comme ça ?

- Je ne sais pas encore mais je dois quitter cet hôtel. Ma chambre avec des barreaux à la fenêtre ça m’angoisse.

- Pourquoi donc pensez-vous être dans un hôtel ?

- Quelle étrange question ! Eh bien parce que sur le porche à l’entrée il est écrit en gros « Hôtel Dieu ».

- Ah d’accord je comprends mieux, mais c’est un hôpital ici Madame.

- Ah bon ! Alors c’est une erreur du taxi blanc qui m’a amenée. Il faut le rappeler. « Ambulance » c’est le nom de sa compagnie, je m’en souviens c’était écrit en gros sur le capot. Ça ne doit pas être difficile de le retrouver. Vous voulez bien m’aider ?

 

Martine F

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre