Dans l’ambiance feutrée du wagon presque vide, il me semble soudain entendre des sanglots étouffés. Je lève les yeux de mon livre et je m'aperçois qu'il s'agit de la jeune fille assise sur le siège opposé au mien, montée lors du précédent arrêt. Elle doit avoir dans les vingt ans, plutôt jolie. Son corps est secoué de sanglots et ses joues inondées de larmes. Je ne parviens pas à détourner mon regard, elle me semble si fragile. Ses mains fines tordent nerveusement un mouchoir.
Un instant ses yeux me fixent, sans doute a-t-elle senti mon regard insistant. Je n’ai pas même le temps d’esquisser un sourire empreint de compassion qu’elle a déjà tourné la tête, plongée dans son chagrin, et rivé ses yeux sur le paysage défilant par la fenêtre du train.
Pleure-t-elle sur un amour perdu, sur la mort d’un être cher, sur un échec cruel ? Je ne le saurai jamais ; le train entre en gare, brusquement elle se lève, saisit ses affaires, court vers la porte, descend et disparait sur le quai, aussitôt happée par la foule des voyageurs.
Martine F
S'inspirer de l'idée exprimée par le poème d'Antoine Pol "Les passantes" mis en chanson par Brassens.
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