Isabella et Marcello vivaient enfin ensemble. Il y a plus d’un an, un concert de rock débridé avait permis leur rencontre. Proches de la quarantaine et célibataires endurcis, ils avaient longtemps hésité à partager le même toit. Ils appréciaient de se voir plusieurs fois par semaine tout en conservant leur autonomie. Les mois défilant, le poids des doubles charges locatives avait été décisif. Cela devenait ridicule. Les réduire leur permettait d’envisager plus de fêtes et de loisirs.
Les copains et familles s’étaient réjouis de les voir enfin réunis dans une maison commune. Isabella et Marcello se répétaient chaque jour qu’ils avaient fait le bon choix. Une vraie ritournelle, un mantra. Cherchaient-ils à s’en persuader ? A vrai dire sans ce mantra, l’abcès aurait percé plus rapidement. Chacun ressentait l’autre en dévoreur d’espace. Ils n’avaient pas envie de tout exposer, de tout donner. Ils se sentaient menacé dans leur intimité. Les défauts de l’autre jaillissaient alors avec intensité. Cela passait par d’infimes détails, petits mais rebutants... Une odeur, une posture, une réflexion, des goûts, des aménagements…Ce malaise n’avait pas de nom précis, mais il était là, palpable, tapi sous le tapis avec les poussières que chacun y déposait furtivement. Le plus drôle, si on peut dire, c’est qu’ils agissaient en miroir, comme de vrais jumeaux.
Ils ont fini par se donner rendez-vous dans un café pour y voir plus clair et enfin poser des mots sur leur vie partagée.
La parole, en principe, libère. Il convenait de tester le principe.
Consigne 15l En couple depuis peu le narrateur découvre l’autre avec quelques surprises
Catherine