Dans certains bruits il y a du silence, il y a du vide. Certains bruits sont là pour cacher la misère, pour remplir le rien.
La nature a horreur du vide, dit-on. Dans ce cas est-ce vraiment la nature ? Je pense pour ma part qu’elle s’accommode bien du silence. Ce sont plutôt les gens qui, en général, en ont horreur. Est-ce que le silence leur fait peur ? Est-ce qu’il laisserait la place à autre chose, à une autre part de nous-même ?
Moi je l’aime bien le silence. Il invite à descendre en soi, à écouter nos petites voix, à regarder en face nos ressentis, nos émotions. Il dilate les contours du quotidien, ouvre des portes dérobées. Il nous entraîne vers des espaces oubliés, où résonnent des voix qui nous parlent de nous, qui nous parlent d’hier.
Silence vertigineux où se perd la rationalité. Alors bien sûr ça dérange, ou même parfois ça inquiète. Aussi accueille-t-on en urgence le bruit salvateur, sécurisant, anesthésiant. Surtout ne pas laisser la parole aux divagations de l’âme. Combler le vide à tout prix, l’encombrer, le saturer. Se griser de bruit, quel confort.
On était dans la même entreprise. On partageait depuis plusieurs mois le même espace dans l’entrepôt, les mêmes tâches un peu monotones. Je ne connaissais presque rien de lui.
Il traînait son transistor partout. Un jour pendant la pause déjeuner il l’a oublié sur un banc. Il a couru le récupérer, mais il avait disparu. Quand il est revenu à son poste, j’ai lu comme de la panique dans ses yeux.
(Consigne : Texte libre)
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