C’est une longue rue étroite. Si étroite qu’il faut te contorsionner pour te faufiler dans la cohue. C’est la rue la plus vivante au monde. Le caravansérail des temps modernes. C’est le marché du bonheur ! C’est le bon marché !
Cette rue c’est la plus pauvre d’entre les pauvres.
« La Rue Longue des Capucins ».
Les Capucins d’il y a bien longtemps, c’étaient ceux de l’ordre des mendiants…
A tout heure du jour, tu te fais bousculer par des princesses en boubous, couvertes de bracelets d’or, d’autres voilées de noir de la tête au pieds. Tu pousses des coudes pour te frayer un passage, tu te dissous dans la foule.
Les odeurs de viande, de tripes te prennent à la gorge, des têtes de veau, des langues de bœuf, des cervelles d’agneau te prennent à témoin ; puis c’est les étals gluants de dorades, de sardines, de maquereaux. L’odeur de friture des pains à la semoule. Des pizzas au feu de bois. Si l’envie te titille de manger mangues, dattes, ananas : Afro-market t’en offre à profusion. L’arôme de la cannelle, du cumin, de la coriandre de chez Saladin te chatouille le nez.
Tu vois la queue devant « Allo le bled ». Ne t’arrête pas.
Tu cherches un balai, une théière, une marmite , un savon ? Tu trouveras ton bonheur chez : « Jiji la palme d’or ».
Remonte un peu la rue . « Tom tailleur », toujours affairé sur sa machine à coudre, te confectionnera pour deux sous dans l’heure la robe de tes rêves. Le plus difficile sera de choisir un tissu parmi tous les coupons colorés soigneusement empilés du sol au plafond. Il y a dans son mouchoir de poche, toujours de la place pour quelques palabres avec un cousin du village.
Fatigué de zigzaguer entre les ballons des minots, redescend.
Tu te retournes en entendant « Marlboro ! Marlboro ! » On te les vend à la sauvette, à l’unité…
Sur des étals miniatures à même le sol : une paire de baskets, de lunettes de soleil, trois écouteurs…C’est le marché sauvage.
Marseille : Porte de l’orient. C’est pas les milles et une nuits mais des histoires y en a sur chaque pas de porte. C’est une rue aux maisons pouilleuses, où sévissent les marchands de sommeil. Des épaves sont jetées là, Du Cap vert, des Comores, du Cameroun, d’Arménie, de Roumanie… Des commères te diront c’est une rue de voleurs, de dealers, de camés.
La Rue Longue des Capucins. Tu pourras jamais la prendre sur le vif.
« C’est du vacarme, du chaos, un poème. »
Harassé , va t’attabler chez Yassine , commande un thé à la menthe, une corne de gazelle ou même une omelette ; si tu préfères la terrasse du bistrot «Tranquille » tu peux y déguster un kebab, une bière.
A regarder la rue, tu te sens chez toi, tu n’es jamais tout seul.
Tu regardes, tu regardes la rue, la vie…
Christiane
Consigne : description d'un lieu