Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mardi 25 juin 2024

La lavandière

Lorsque nous nous sommes installés à la campagne, j’ai trouvé amusant de voir ma femme, directrice de médiathèque, se transformer occasionnellement en lavandière pour aller laver son petit linge, avec sa brouette flambante neuve, au lavoir près de chez nous. 


Mais lorsqu’elle a commencé à s’y rendre chaque soir après son travail, y compris les week-ends et les vacances, alors que nous avions une machine à laver haut de gamme, ça ne m’a plus fait rire. Aller au lavoir pour brosser nos vêtements et notre linge de maison est devenu sa priorité, au détriment de nos enfants et de notre vie de couple.


Au bout d’un an, j’ai fini par claquer la porte avec mes filles. J’ai eu l’impression qu’elle était soulagée de nous voir partir.


" Consignes : texte libre en huit lignes"

samedi 15 juin 2024

Délivrance

Raymond attend devant un calvaire en rase campagne, suite au mystérieux message d’Henri, un ancien compagnon de section. De l’autre côté de la route il y a un type qui semble l’observer. Raymond, peu rassuré, s’impatiente. Cinq minutes encore et après il décampe.

L’homme traverse et s’avance vers lui. Calmement il pointe un pistolet dans sa direction.

- Que me voulez-vous ? bredouille Raymond terrifié.

- Devant ce calvaire, dit l’homme, la milice française dont vous faisiez partie, a lâchement abattu un jeune résistant.

- Mais c’était la guerre, se défend Raymond.

- Mais c’était mon frère répond l’homme.

Et il l’abat sans hésitation. Des larmes inondent son visage. D’une main tremblante, il insère entre les pierres du calvaire la photo d’un tout jeune homme. Sera-t-il enfin délivré de son chagrin ?



 

 

Martine F

consigne : thème libre, 8 lignes












Le piège


Cette histoire est vraie.

Le 7 avril 1994, six milles hommes, femmes et enfants quittent leurs maisons pour se cacher dans la forêt sur la colline. Ils courent pour ne pas mourir et sans jamais s’arrêter, de 9h à 11h et de 13h à 16h, tant qu'ils restent vivants.

Chaque matin, les guetteurs postés dans les arbres annoncent les colonnes d’extrémistes armés qui montent vers eux. Les réfugiés se mettent alors à courir par petits groupes et lorsqu’ils sentent le vent des machettes dans leur dos ils s’égayent comme des antilopes pour que l’un d’entre eux ait au moins une chance de survivre. Cela s’arrête lorsque les génocidaires fatigués de leur travail redescendent pour manger, se reposer et raconter leurs exploits. Alors les survivants du soir savent qu’ils ont au moins une nuit devant eux.

Le 12 mai 1994, après 35 jours, sur les six milles, seuls une femme et dix-neuf hommes sont en vie.




Catherine H
Consigne : thème libre, 8 lignes