Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mardi 18 février 2020

Saint Valentin


Aujourd’hui c’est la Saint Valentin.
« Et paf dans ta gueule ! »
Elle vacille, elle s’étale.
Pas un cri, pas un bruit, sinon l’impact et la chute du corps sur le sol.
Elle est allongée sur le dos. Son bras droit, sous le choc, s’est détaché et a roulé sous le lit.
Le petit garçon se penche, et à quatre pattes il attrape le bras. Avec précaution, il le replace dans sa cavité. Puis il soulève la poupée avec délicatesse, en soutenant la tête, comme il l’a vu faire par sa mère pour son petit frère. Il dépose la poupée sur la table. Dans le pot à craies, il saisit un bâton bleu et un bâton vert. Il maquille le visage de la poupée avec application. Il choisit les petits sparadraps avec les dinosaures, les colle sur les traces de couleur en formant des croix. Avec un gobelet, il prélève un peu d’eau dans le bocal du poisson rouge. Il verse l’eau sur les yeux fermés de la poupée. Il l’assoie, l’eau s’écoule. Il porte la poupée dans ses bras en prenant soin de toujours tenir la tête. Il la berce avec douceur.
« Ne pleure pas, c’est fini, tout est réparé. »

 


Consigne : Écrire une fiction de 5 à 10 lignes dans laquelle il est question d’une violence.


 

Déferlement

Sur la plage au sable doré, tout était calme. Trop calme, pensa Ingrid en constatant que les oiseaux ne chantaient plus. Seules les vagues déferlaient mollement en atteignant le rivage. Sans comprendre pourquoi, elle sentit une angoisse, une sensation de danger imminent, une menace, l’étreindre. En regardant au loin vers la ligne d’horizon, elle vit alors une vague immense se dessiner, et, bientôt un déferlement d’eau, avec un souffle d’une violence inouïe, s’abattit sur la plage.




Consigne : une fiction de 5 à 10 lignes où il est question d'une violence.


vendredi 14 février 2020

Je m'en vais



Je m en vais !

Je ne reviendrais pas !
J'ai laissé un mot afin d'éviter les explications laborieuses.
J'empoigne ma valise, le téléphone sonne ! Je ne réponds pas !
Claque la porte derrière moi ! La voisine sort, je ne savais pas que vous partiez en voyage...
Bon quelques mots bredouillés : oui, Le Pérou !
Voilà, je descends l'escalier, le facteur, un recommandé : une signature ma p'tite dame.
Vite ! Voilà !  Les clefs de ma voiture dans la main.
Non ! Plus là ! Sûrement la fourrière !
Je sors mon portable, me dirige vers un taxi : gare de Lyon dans 10 minutes !
Mais... C'est à l'autre bout de Paris ! Y' a une manif et grève des cheminots !
Comment revenir ?
Ça c'est une autre paire de manche !

Christiane

Consigne : en atelier, en 15 min
Une fiction utilisant l'expression "une autre paire de manche".

Averse

Il pleut à verse. Une pause dans l'été.
La pluie tombe immensément, le temps se suspend.
La pluie roule comme des larmes diamantines.
Il faut pourtant que je traverse ce crépitement pour offrir mon corps à la fraîcheur de l'averse.
Je me jette comme un météore sous la pluie, écarte les bras, ouvre la bouche avec délectation.
Je m'offre au ciel et aux dieux.



Consigne : titre "averse". 



jeudi 13 février 2020

L'annonce

« Ah ! je m’inquiétais, tu as tardé à ouvrir la porte. Bigre, sexy ton déshabillé, tu déballes généreusement tes affaires pour ton âge ». Maman se dirige vers la salle de bain, je suis surpris par son mutisme. Pourquoi ne répond-elle pas ? elle d’habitude si éloquente. Tiens, un homme dans la cuisine, ce doit-être le plombier ?
« Bonjour Monsieur. » Décidément, lui aussi ne répond pas ! je dois être enroué ce matin. « Non pas par-là, Monsieur, c’est la salle de bain, ma mère se prépare. Tu as des fuites Maman ? Le plombier a besoin d’aide ? »
Bizarre ! Vous avez dit bizarre, je ne vais pas la jouer à la Louis Jouvet, mais c’est vraiment bizarre. Un temps se passe et tous deux sortent de la salle de bain.
« Eh bien Maman, qu’avais-tu à me dire de si important ? » Sans prendre sa respiration elle me débite : « Je me suis mariée hier, je tenais à te présenter ton beau-père, il s’appelle François. Je sais, je sais tu vas me dire que c’est un peu tôt. Mais c’était le moment, vraiment le bon moment. Nous avons trouvé un appartement dans les nouveaux immeubles près du stade, si ça ne te dérange pas, demain, nous aurions besoin de ton aide pour déménager. »
Interloqué, abasourdi, assommé, j'émets idiotement : « D’accord, d’accord, c’est noté »





Consigne : Le narrateur rend visite à sa mère, elle vient de se marier après le décès du père.

Averse

Averse,

Averse de toi, averse sur nous. Toi, pas bien comme eux.
Averse de mots, averse de dénégations, toi, dans la civilisation.
Averse d’efforts, d’échecs, nous sommes ton réconfort.
Averse de chemins condamnés, toi, les contourner.
Averses de montagnes en chapelets, toi, les ascensionner.
Averse d’apprentissages que tu nous as enseignés.
Averse de messages que tu as semés.
Averse de liens et d’amour que tu nous as dédiés.
N’es-tu pas l’équilibre et la diversité ?



Fiction 5 à 10 lignes intitulée « Averse » (l'autrice a choisi la forme poétique). 



Averse

C’est un chant qui commence en clapotis : allegro, grandit en intensité : andante, pour finir en coup de tonnerre : fortissimo. L’averse bat son plein. Elle gifle le sommet des arbres, coule le long des branches, s’aplatit sur les pierres et s’incruste dans la terre. La nature boit goulument cette averse tant attendue. L’air s’éclaircit, se rafraîchit et transporte des senteurs musquées jusqu’à nos narines affûtées. Les enfants dansent et rient à gorges déployées sous cette pluie bienfaisante et salvatrice qui annonce le début de la saison des pluies. L’eau, source de vie, redonne espoir à toute la communauté.



Consigne : Une micro fiction de 5 à 10 lignes, avec pour titre « Averse ».
 
 
 
 

mardi 11 février 2020

Ailes

Un restaurant, deux personnages ; un homme vêtu de blanc, qui paraît avoir quarante ans et une serveuse, qui semble avoir entre vingt cinq et trente ans.
                                 Lui :
Bonjour, avez vous une table de libre ?
                                Elle :
Bien sûr, monsieur, celle-ci vous convient elle ? (À voix basse) Non, pas toi !
                                 Lui :
Plutôt celle là. (À voix basse) Bonjour, mon ange, je suis content de te revoir !
                                 Elle :
Je vous conseille l'entrecôte bordelaise ! (À voix basse) Tu viens pour me narguer ?
                                  Lui :
Une entrecôte, très bien et en entrée, je prendrai de la terrine. (À voix basse) Je viens juste voir comment tu vas.
                                  Elle :
De la terrine, bien monsieur ! (À voix basse) Cela ira mieux quand vous m'aurez rendu mes ailes.
                               Lui :
(À voix basse) Cela ne dépend pas de moi, peut être dans un an, dans dix ans.
                                  Elle :
(À voix basse) Ou jamais, j'ai compris.
                                 Lui :
(À voix basse) Tu resteras humaine. Ça t'apprendra à fricoter avec un humain. Tu connais les règles, ma petite.
                                 Elle :
D'accord, d'accord, c'est noté.
 
 
 
Consigne : saynète de 30 secondes se terminant par "D'accord, d'accord, c'est noté".
 
 
 
 
 

samedi 8 février 2020

Averse

Aude sent deux bras posés sur elle. Elle est nue et nu est l'homme qui l'enlace. Se dégageant, elle saisit son manteau étalé sur le sol et s'en couvre. Tout commença, la veille ; il tombait des cordes, une averse continue et sonore. Les rues étaient de vraies rivières. Les portes du bas bloquées, elle et lui allaient passer la nuit à ce douzième étage. Deux plats surgelés et deux bouteilles de champagne, voici le menu du dîner. Au début du dîner, Aude se montra froide et distante mais le champagne aidant, elle se détendit et le laissa l'embrasser. Afin d'oublier tout ça, elle se sert un verre puis un autre.
"Mais elle siffle mon pur malt douze ans d'âge en guise de petit déjeuner !
Il me faut bien ça pour oublier la bêtise que nous avons faite. Tout ça, c'est de la faute de cette fichue averse."
 
 
Consigne : fiction de 5 à 10 lignes intitulée "averse". 
 
 
 

Averse

Ce matin de bonne heure, le vent d’est s’est levé, apportant de la mer des effluves iodés. Ces bourrasques soudaines, malmènent les palmiers, les branches d’oliviers et de bigaradiers. Des rideaux de poussières, d’énormes tourbillons, investissent les rues, la place « Massillon ».
Les nuages défilent à vitesse grand V, de grosses gouttes tombent, la pluie est annoncée. Il pleut des hallebardes, et devant cet assaut, « La tour des Templiers » arc-boute son dos. Du « Paradis » dévale l’eau à un train d’enfer, nous assistons inquiets à un son et lumière. L’avenue « Godillot » a mouillé ses souliers, sa fontaine vomit le trop plein sur ses pieds. La voie « Olbia » s’inonde, et sur ses bas-côtés, de nombreux véhicules gisent abandonnés. Le soleil revenu séchera les dégâts, et la belle cité de nouveau sourira.



Consigne : fiction intitulée "averse".






Averse


C’est d’abord un goutte-à-goutte qui percute son front, son menton.
Elle penche la tête en arrière pour gober l’eau.
Elle voit ainsi la danse des cumulo-nimbus, ou des stratus, elle n’a jamais su faire la différence.
La chute des gouttes se densifie peu à peu.
Ses vêtements souples et perméables sont une seconde peau. Une peau qui donne un poids à l’eau.
L’eau prend corps sur le sien et la lave doucement, précautionneusement.
Elle la reçoit dans son corps tout entier. A grande eau, vigoureusement.



Consigne : Écrire une fiction de 5 à 10 lignes ayant pour titre « Averse ».


Trente secondes

— Je dois écrire un dialogue mais je n’ai que trente secondes…
— Trente secondes, c’est un peu court. Essayez quand même.
— Voilà, vous seriez mon ami d’enfance, et nous irions à la pêche à la truite.
— Alors je pourrais vous dire : « N’oublie pas ton chapeau ! »
— Et moi : « Je prends les bières ! »
— « Et nous laisserons nos soucis au fil de l’eau… », « Au fil de l’eau », c’est littéraire !
— D’accord, d’accord, c’est noté !



Consigne : Écrire une saynète de 30 secondes chronométrée qui se termine par : « D’accord, d’accord, c’est noté ! »


La liste


Mercury est assise à son bureau. Son serviteur, le robot Parthenon, se tient devant elle.

Mercury : Parthenon, prends note.
Parthenon (la voix est métallique) : D’accord, je note.
Mercury : Tu vas me prendre : un kaléidoscope pour les enfants. Non, pas un, deux, sinon ils se disputent. Avec beaucoup de couleur, c’est plus gai.
Parthenon : D’accord, le kaléidoscope fondamental est très beau. Il plaira aux enfants, c’est noté.
Mercury : Ok, ensuite : un talisman universel magnétisé pour nous protéger du mauvais sort.
Parthenon : D’accord, c’est noté.
Mercury : Une fée avec baguette magique. Difficile à dénicher après l’attaque des sorcières mais ton moteur de recherche est assez puissant pour trouver.
Parthenon : D’accord, c’est noté.
Mercury : Voilà, c’est à peu après tout pour l’instant. D’accord ?
Parthenon : D’accord, d’accord, c’est noté.



Consigne : Une saynète de 30 secondes (pour le groupe théâtre), se terminant par "D'accord d'accord, c'est noté" - essayez le texte à voix haute et chronométrez.

vendredi 7 février 2020

Tu commences

- Tu commences ?
- Ça ne me gêne pas.
- Pardon, mais qu’est-ce qui ne te gênes pas ?
- Eh bien, de commencer.
- Mais de commencer quoi ?
- Ce que tu veux, puisque ça ne me gêne pas.
- D’accord alors commence.
- Oui, mais je commence quoi ?
- Eh bien, ce qui ne te gênes pas.




Saynète ou dialogue qui commence par « tu commences ?».
 
 
 

samedi 1 février 2020

Julien

Assis à la terrasse du café bondé de monde, Julien attendait patiemment sa femme. Un peu à l’écart dans le coin gauche, il avait remarqué un beau jeune homme solitaire, perdu dans ses pensées, qui le fascinait. Un calme serein se dégageait de sa personnalité. Ce dernier finit par ressentir le poids de son regard et se tourna vers lui. En un instant, une éternité, il put y lire l’enthousiasme, l’espoir, l’amour. Étonné et un peu embarrassé, le jeune homme baissa les yeux. Bouleversé et sans réfléchir, Julien se leva, alla s'asseoir à sa table et déclara : "Votre présence illumine ce lieu !"



Consigne : écrire une microfiction de 5 lignes dans laquelle le personnage ou le narrateur fait quelque chose de très déraisonnable. 



Tu(e), nous

Le mari s’allonge sur le lit, sa femme s’approche et fait de même.



F-  Tu t’allonges ?
M- Oui, je farniente.
F-  Bon, allongeons-nous mais ne dormons pas. Mais, tu lis ?
M- Oui, je lis.
F-  Bon, lisons mais ne rêvons pas. Tu t’étires ?
M- Oui, je me décontracte.
F-  Bon, étirons-nous mais ne nous coinçons pas. Tu ne m’envoies pas au septième ciel ?
M- Ho ! Tu, tu, tu, nous, nous, nous. Toi, lâcher-moi. Lâchons-nous. Alors, note dans une case de ton cerveau que tu es en train de tuer « nous ».
F-  Je tue « nous » ? Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde.
M- Ça va, ne le prend pas mal, je rigole, mais note-le dans ton encéphale.
F-  D’accord c’est noté, fumier.




30 secondes saynète se termine par la réplique « d’accord c’est noté »