Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

dimanche 19 février 2023

Les affres de la création

Alors voilà, aujourd’hui « thème libre ». Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c’est la première fois. Pour être tout à fait honnête c’est panique à bord ; de quoi vais-je bien pouvoir parler ? Jusqu’à présent avoir un cadre, une ligne directrice me convenait parfaitement. Alors vous pensez bien, trouver un sujet, à partir de là inventer une histoire, créer des personnages, impossible pour moi. J’ai beau cogiter, mon imagination est totalement en berne.

Comment ne pas être étonnée et admirative quand, lorsqu’ils sont interviewés, certains écrivains déclarent avoir de la facilité à écrire, ayant en tête avant même de commencer tout le fil conducteur de leur livre, et ayant la sensation qu’il ne leur reste plus qu’à laisser glisser le stylo sur la feuille comme poussé par une main invisible. Beaucoup racontent aussi qu’ils se laissent guider par leurs personnages qui bien souvent leur échappent, et qu’ainsi ils ne connaissent pas à l’avance le déroulé de l’histoire ni sa fin, l’inspiration leur venant naturellement au fur et à mesure.

Je veux bien les croire mais s’ils voulaient bien le reconnaître, je pense que beaucoup d’entre eux sont le plus souvent confrontés à l’angoisse de « la page blanche », de la panne sèche d’inspiration. A ma toute petite échelle, me voilà rassurée !! Et pour être honnête, même s’ils ne sont pas tous bons, certains sont même vraiment mauvais ; mais ils ont, eux au moins, eu le mérite d’avoir essayé !

Bon, maintenant assez de balivernes. Après toutes ces considérations futiles je ne suis pas plus avancée. De quoi vais-je bien pouvoir parler à la fin ? J’ai beau me triturer les méninges, rien ne vient. Et si je me trouvais un « nègre » ? Je ne serais pas la première ni la dernière ! Il y a des précédents connus et reconnus. Difficile à première vue de trouver ça dans mon entourage, mais je vais approfondir les recherches. Je suis sûre que Tristan n’y verra que du feu ! Car l’écriture restera modeste vue que je n’ai pas dans mes relations un prix Goncourt à solliciter.

Je finis par me décider à relire tout de même ce que je viens d’écrire et, surprise, au bout du compte je l’ai trouvé mon thème : les affres de la création.

Voilà, c’est ainsi qu’on essaie de contourner habilement le problème quand on débute à l’atelier d’écriture.

 
 
 
Thème libre


Martine F



Linda, linda

Au moment de l’évènement, elle était sur le trottoir d’une petite rue étroite qui donnait sur la grand place. La rue était remplie de monde, certains avaient tiré leur chaise sur leur pas de porte, à l’ombre, pour attendre tranquillement. L'atmosphère silencieuse de la rue, dans cette ville d'ordinaire exubérante, présageait un évènement qui imposait la réserve. Quelques policiers débonnaires demandaient aux gens de dégager la chaussée.
Subitement une voiture aux vitres fumées troua la rue.
Intriguée, elle se pencha vers un homme installé sur sa chaise :
- Que passa ? 
- Que linda, que linda… lui murmura l’homme en lui caressant une mèche de cheveu.
Elle se tourna vers son amie : 
- Qui est cette Linda ?
- Il est temps que tu apprennes l’espagnol ma chérie.
- l'homme lui répondit  tout en continuant à lui caresser les cheveux : c'est un fils de Fidel, il s'est suicidé.

Consigne : "où est passée Linda"

lundi 13 février 2023

Pomponette

Pomponette, notre petite chatte avait disparu. Une absence inattendue et indéterminée, sans préavis. Pomponette nous avait trouvés, peut-être même cherchés et nous avait adopté.

Quant à nous, nous ne voulions plus de chat. Notre Peluche avait laissé un grand vide après dix-sept ans de vie commune. Impossible de la remplacer. Mais Pomponette en avait décidé autrement. Toute petite et ébouriffée, elle avait choisi de suivre le père de famille qui revenait de promenade. Depuis combien de temps avait-il été suivi par cette petite minette blanche aux trois couleurs ? Nul ne le sait, à part Pomponette. Lui, distrait, ne s’en était aperçu qu’à l’entrée de notre impasse. Mais oui, il était bien suivi par ce petit chat. Elle a su s’y prendre la mignonne en ronronnant et en nous faisant des câlins. C’est tout juste si elle ne nous a pas fait le coup de la roue du paon. Il restait des croquettes de Peluche, alors... Pomponette avait élu domicile sans frémir, en toute confiance, sans dégâts. Il ne lui manquait que la parole. Je sors, je rentre et ressort encore. Je dors et viens chercher des caresses dès le petit déjeuner sur mes genoux. Un petit bonheur de Pomponette.

Une disparition subite ne pouvait s’inclure dans cette vie bien rythmée. Nous l’avions donc cherchée partout, criant, appelant Pomponette à qui voulait l'entendre, sauf elle. Ce petit bout avait su créer le manque, la tristesse, la déception. La maison et le jardin furent retournés, les voisins alertés. Puis, au bout de deux jours de recherches infructueuses, la vie quotidienne a repris ses droits. Cuisine, ménage, lessive...

C’est en ouvrant le hublot de la machine à laver que je découvris Pomponette vivante mais groggy. L’innocente s’y était introduite. Nous avions refermé machinalement le hublot ignorant qu’elle s’y trouvait. Ce fut limite, juste avant l’issue fatale.




Consigne pour le 27/01/23 Excipit : Je m'en suis aperçue deux jours plus tard


Catherine

samedi 11 février 2023

Une dernière vérification

La voiture est chargée. J’y ai entassé tout ce que je n’ai pas réussi à donner ou à jeter. Avant de partir, il faut que je fasse un tour voir si je n’ai rien oublié et dire au revoir à la maison de mon enfance.

Avec un pincement au cœur je pénètre dans cette maison vide ; je parcours toutes les pièces.

Dans la cuisine je me revois manger la soupe le soir. Dans la salle je m’observe faire mes devoirs près du poêle à fioul. Je monte les escaliers où je suis tombée si souvent quand ma mère cirait les marches en bois après qu’on ait passé la paille de fer. Sur le palier je regarde la trappe d’accès au grenier, qui a souvent perturbée mes nuits lors des tempêtes en claquant, ce qui me donnait l’impression qu’il y avait quelqu’un dans le grenier qui soufflait et cognait pour essayer de sortir. Plus tard, le grondement de la chaudière dans le garage imitant le grognement d’un ogre n’était pas fait pour me rassurer non plus.

Les chambres, maintenant vidées de leurs lits et grandes armoires, me paraissent immenses notamment celle attribuée à ma grand-mère avec son coin cuisine qu’elle n’a jamais dû utiliser car dans mon souvenir, elle a toujours mangé avec nous.

En ouvrant un placard, j’aperçois au fond une boite de gâteau métallique oubliée : elle contient ma collection de cartes postales. J’ai bien fait de vérifier, j’ai failli laisser derrière moi un petit bout de mon enfance.

 
 
 
Armelle

Consigne : titre : Une dernière vérification

 

mercredi 8 février 2023

La piscine


Le fond de l’air est frais mais j’y vais quand même. C'est mon éthique, si je déroge un jour, je dérogerai toujours. Je frisonne en abandonnant mes couches de vêtements dans cette cabine exiguë, faisant bien attention que ni ma culotte ni mes chaussettes ne tombent sur le sol humide. Je brave les courants d’air des couloirs et j’y vais. Je plonge, enchaîne mes longueurs. Au moment où je sors la tête de l’eau pour reprendre mon souffle, je les vois : une bande de copines encapuchonnée, enchaperonnées, bonnet, pantalon, jupette, bien couvertes de la tête au pied dans leur burkini. Il y en a pour tous les goûts : bleu tropical, vif fuchsia, noir à motifs floral… Sûrement commandés sur Amazon. Tout le monde, car il y en a du monde, les regarde. Objectif atteint ! Une bande de copines ? Non un commando en mission : opération Burkini. Des héroïnes du droit à la différence, des militantes pour la liberté de discrimination, pour la réinvention des tabous, pour la liberté de la femme, quoi. Solidaires de leurs petites sœurs afghanes ? Une piscine municipale est-elle un champ de bataille ?
Tout compte fait, j’aurai pu garder ma petite croix en or, entre mes seins, ça aurait été sexy ; non, la prochaine fois finalement je viendrai nue par désobéissance civique ; ça ça serait vraiment plus cool.


Christiane.

Consigne : une fiction qui se passe dans une piscine municipale

A quoi bon ?

A quoi bon être polyglotte et savoir lire les instructions en dix langues et dix paragraphes ? S’appliquer à chaque étape comme on nous l’a expliqué à l’école, à la télé, à longueur de journée… Cinq fruits et cinq légumes ; les cigarettes dix c'est déjà trop et d'ailleurs, même une c'est trop ! Et les pas dans une journée, combien déjà ? La lecture : dix pages ou dix minutes ? Et la musique, plutôt classique ou métal ? Du vin ? Combien de verres ? Et l’amour : combien de fois par semaine ? Les amis existent-ils sans likes ?
On a du perdre la fiche technique et ça a foiré à un moment donné. Un moment d’inattention et ça a suffi.
La vie mode d’emploi ? Vous l’avez la notice ?

Christiane.

Consigne : titre : A quoi bon