Louise regrette le temps qui passe. Elle regrette tout le temps ce qui est derrière. L’instant passe comme un éclair, elle le traverse et aussitôt le regrette.
Depuis toujours, elle pense au temps qui passe, qui reste…
Enfant déjà, cette conscience là, du temps lui déchirait l’âme. Elle voulait retenir l’été, l’été mourait si vite ! Elle savait qu’elle ne pourrait pas le retenir. L’été fuyait toujours. Les vendanges étaient là, les grappes tombaient dans les paniers d’osier puis les vignes flambaient. Le temps d’un soupir, l’hiver arrivait. L’hiver, elle ne l’aimait pas. Pourtant il y avait des instants suspendus, le matin de Noël dans l’odeur de sapin, la couleur des tabliers d’écolière, la lecture, la lecture surtout… Et puis tout s’enchaînait, les premières pâquerettes, les souliers vernis, le rameau de fruits confis béni à l’église. Enfin l’été revenait, elle ne vivait plus que pour s’abandonner à son soleil, se laisser crucifier par sa chaleur, inerte sous son poids si lourd ; mais il lui avait fallu renoncer aux couronnes de fleurs du joli mois de Mai… Le jasmin s’était si vite flétri…
Christiane.
Consigne : incipit : « Louise regrette le temps où »
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