Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

lundi 26 octobre 2020

Vincent

Vincent vient de se faire copieusement insulter : « quand on sait pas naviguer, on achète pas de barcasse ! Va à Cassis ! eh Parigot ! » II est humilié. Pourtant les barcasses, Dieu sait s’il sait les manœuvrer. Il y a passé sa vie de pêcheur sur la mer. Il partait à l’aube sur un ruban de soie pastel. Son pointu filait vers Cassis, là c’était splendide. Il se laissait dériver un moment. Il devinait d’abord le Cap Canaille qui émergeait de la brume matinale, puis l’Isle Maire se dessinait toute blanche au large de Marseille. Il scrutait la mer à s’en user les yeux. Il se sentait un peu comme un héros grec. Le corps en parfait équilibre, il relevait ses lignes, ses muscles lui répondaient. Jusqu’à ce jour où la houle devenue capricieuse, il se campa bien sur ses jambes pour remonter sa prise, son corps arc bouté. Mais son corps fit balancier, il se sentit basculer vers l’avant. Il dut puiser dans toutes ses forces pour se rétablir. Ensuite tout son corps se mit à trembler. Il comprit dans cette faiblesse soudaine que le temps de l’avait pas épargné. A partir de ce jour, chaque fois qu’il prenait la mer, il ressentait une pointe douloureuse au creux de l’estomac. Et, soudain, cette vulnérabilité lui était revenue en plein visage avec ces insultes.







Consigne: un élément tiré d'un dialogue précédent.









vendredi 23 octobre 2020

Plages propres

Le bus scolaire les avait déposés à proximité du sentier du littoral. Les enfants étaient surexcités à l’idée de cette mission inhabituelle. La maîtresse et l’animateur du périscolaire avaient du mal à canaliser les troupes. Distribution des gants en caoutchouc et des sacs poubelle. Rappel des consignes de sécurité. L’opération « plages propres » pouvait commencer. Ainsi les enfants pourraient toucher du doigt la problématique des déchets et de la pollution des mers.

Pierre et Lola avaient bifurqué vers la petite crique quand une odeur nauséabonde les prit à la gorge. Parmi les déchets ménagers ramenés par la mer, une masse informe gisait sur la plage.

Trouver un cadavre ne faisait pas partie du programme pédagogique du Cours Moyen première année.

 

 

Consigne : Repartir de la première phrase du texte précédemment écrit pour aller dans une toute autre direction.

 

 

lundi 19 octobre 2020

Tempête sous un crâne

En un éclair, je comprends qu’ils m’accusent. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Des vaguelettes deviennent rapidement des rouleaux qui cognent dans ma poitrine. Une écume de chaleur monte jusqu’à mes oreilles. Le sang se brise sous mes tempes. Une émotion intense de panique m’envahit et me submerge telle une déferlante. Je respire difficilement et reste en apnée. Mes yeux se brouillent. Je transpire, mes mains sont moites. Je n’arrive plus à réfléchir car mes neurones sont engloutis par des algues. Je reste la bouche entr’ouverte avec l’impression de boire la tasse. J’étouffe. Je suis conscient des regards interrogateurs qui se posent sur moi avec insistance. Il faut que je me sorte de ce pétrin et trouve une bouée de sauvetage, vite.

 

Consigne : Les évènements vont très vite, très énergique, rapides. 12 lignes maxi. 

 

 

 

dimanche 11 octobre 2020

Relaxation

Installez-vous confortablement. Fermez les yeux, libérez les crispations musculaires, prenez conscience de votre respiration, de son rythme. Relâchez votre corps, la nuque, la gorge, les épaules, le thorax, l'abdomen. Concentrez-vous sur votre bas ventre.
"Non mais attends, je suis toujours sur la nuque."
Observez les mouvements induits, le flux le reflux de la respiration, pas de contrôle. Ancrez-vous dans la relaxation, tout est paisible.
"Tout est paisible, il en a de bonne, flux, reflux, je commence à avoir la nausée."
Ouvrez-vous dans l’énergie de guérison, détendez-vous, ressentez, relâchez les crispations de la tête aux pieds. Portez votre attention sur les vibrations. Votre mental se calme, un bien-être se répand dans tout votre être.
"Attends je vibre toujours, il a mangé du cheval à midi, tu parles de relaxation."
L’exercice énergétique est terminé, reprenez le cours de vos activités, merci.
"Retenez-moi, je vais le mordre."





Consigne : Les évènements vont très vite, très énergique, rapides. 12 lignes maxi. 

 

 

La structure

Il vient chercher mon ami, et l’accompagne au milieu de la rue. Il lui donne un bâton bleu et un rouleau de scotch et lui montre comment l’assembler aux autres bâtons pour créer la structure.

Ils viennent chercher les badauds et les accompagnent au milieu de la rue. Ils leur donnent un bâton  jaune, un bâton rouge, un bâton vert et un rouleau de scotch.

La structure monte régulièrement et à grande vitesse.

Moi aussi je veux jouer. Je m’avance au milieu de la rue. L’artiste du spectacle vivant me donne un bâton violet et un rouleau de scotch. J’ajoute mon bâton à l’édifice.

L’installation de la structure est achevée.

Les badauds, surtout les enfants, sont invités à se faufiler à l’intérieur, sous et entre les bâtons.

Moi aussi je veux jouer. Je me baisse, je m’accroupis, et finalement je rampe à l’intérieur, sous et entre la structure.

De cette expérience singulière vais-je pouvoir me relever ?

 

 

Consigne : En 12 lignes une fiction qui s’inspire d’un élément ou l’autre du dialogue écrit en atelier.

 

 

L'imprévue

Chaque pas compte pour Émilie. La canne dans la main droite, le regard en alerte. Ce matin, elle va chercher son pain. Mais c'est le mois d'Août et sa boulangère est en vacances, il va lui falloir traverser la place pour trouver la prochaine boulangerie. Alors il lui faut évaluer la distance. Ne pas quitter ses pieds des yeux afin de ne pas trébucher. Ne pas trop se presser pour ne pas s'essouffler mais ne pas trop traîner pour ne pas s'épuiser. Sur la place, on a enlevé les bancs donc il lui faut atteindre son but sans pause possible. Si un chien traverse, si un ballon déboule suivi de l'enfant... Mais subitement c'est la pluie. Elle ne l'avait pas prévue celle-là !




Consigne : le narrateur est surpris par la pluie, 12 l maximum.

Embrouille

Elle : Tu as la conscience qui noircit à cause de tes magouilles ?

Lui : Garce, tu n’as pas de scrupules, tu me dérouilles, me trifouilles, me farfouilles, tu m’embrouilles.

Elle : Ouille ! ton ego te chatouille. Voilà que tu vasouilles, bafouilles, cafouilles, tu veux un antirouille ?

Lui : Ha ! Voilà que tu gazouilles, tu ne veux quand même pas que je m’agenouille.

Elle : Tes magouilles, tes merdouilles, j’en ai plein les couilles.

Lui : Encore faudrait-il que tu en aies, espèce de nouille.

Elle : Eh bien moi je sens qu’elle va arriver la couille.

Lui : Vas- y, gratouille, touille, patrouille, écrabouille, ne peux-tu profiter de cet instant pour parler calmement, sans trouille, ni pétouille.

Elle : Ton honneur est chiffonné, tu m’ennuies, je ne veux plus voir ta bouille fripouille, pars ou je te zigouille.

 



Consigne : un texte de 12 lignes maximum intitulé "Embrouille".

 

 

 

 

 

lundi 5 octobre 2020

Le vigile

Je comptais demander au vigile posté à la porte de l’administration. Celui-ci m’interrompt dans mon élan :
— Je dois contrôler votre sac !
— Je cherche le numéro 42.
—Vous y êtes.
— Je suis convoquée au service médical.
Il contrôle mon sac.
— Voyez à l’accueil, on vous orientera.
A l’accueil, au monsieur dans sa cage de verre :
— Je suis convoquée au service médical. Mme Gontier.
— Je peux voir votre carte vitale ?
Il stabilote mon nom en rose sur sa liste et me donne un badge en échange de ma carte. Il m’explique le fonctionnement du badge et le chemin à suivre.
Nous nous retrouvons à trois devant les deux ascenseurs. L’un affiche le chiffre 2, l’autre affiche le chiffre 6. Nous attendons.
Les chiffres ne bougent pas.
A droite des ascenseurs : « porte coupe-feu à maintenir fermée ». Je l’ouvre et m’apprête à m’engager dans le passage vers la cage d'escalier, suivie par une des personnes. A gauche des ascenseurs un vigile apparait tel un diable jaillissant de sa boîte :
— Vous allez où ?!
— Nous voulons prendre l’escalier.
Le vigile :
— C’est un labyrinthe ici et à 16 heures nous lâchons les chiens !



dimanche 4 octobre 2020

La petite jupe plissée

La petite jupe plissée blanche pour la petite fille des années soixante c'était : l'émerveillement des habits du Dimanche.
La petite jupe plissée blanche c'était le printemps qu'elle annonçait pour nous les petites filles. C'était Pâques et les Rameaux, l'aube des communiantes, la petite jupe plissée et le blanc des diadèmes de Mai.
Les petites chaussures vernies noires des petites filles des années soixante, noires et brillantes qui tranchaient si bien avec nos jupes blanches.
Le bonheur de ces années là, c'était simple comme une petite jupe blanche. L'époque ne songeait pas encore à la réflexion sur le genre. Les jupes des filles raccourcissaient et il n'y avait personne pour s'en assombrir.

 

Consigne : texte inspiré d'un texte sur le tennis.

 

 



vendredi 2 octobre 2020

Le jardinier

Dans le parc du château, il arrive guilleret avec ses outils de jardinage. Il a reçu l’ordre du chef d’enlever les nénuphars du lac. Sur le bord de la berge avec son sécateur à long manche, plusieurs fois, il s'est rattrapé pour ne pas plonger tête première dans l’eau verte et vaseuse. Il observe autour de lui, s'achemine vers le petit pont en bois de l’ilot aux canards et emprunte la barque en bois en état de flotter. Il glisse la barque sur le lac, s’installe et rame. Un après l’autre, il décapite les nénuphars et les dépose dans la barque. Au déclin du soleil, il abandonne la barque sur la berge de l’ilot aux canards. Fourbu, mais heureux, il contemple son ouvrage. Seules les tiges dénudées de nénuphars se laissent bercer au gré du vent. Les canards n’en reviennent pas, la carpe sans abri, hallucinée le regarde inquiète et la reinette n’ayant plus de plateau pour se poser s’échoue haletante sur la berge.
- J’en conviens, pas très enchanteur, leur dit-il, mais un ordre est ordre.
Le chef superviseur apparaît. Au regard du spectacle il se liquéfie sur place. Rapidement, il retrouve le persiflage cinglant dont il est coutumier. Les buissons et les oiseaux en l’entendant se mettent à trembler.
- Mais qu’avez-vous fait, vous êtes cinglé, azimuté, foldingue, juste la veille du festival de la figue. Qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?
- Mais chef, c’est vous qui m’avez demandé d’enlever les nénuphars.
- Pas d’enlever les nénuphars ? d’enlever « les phares », les projecteurs, les éclairages du lac, époussetez-vous les oreilles mon vieux.





Fiction dans le parc du château en 12 mn.



Un ange venu du ciel

En farfouillant dans les boîtes remplies de photos jaunies, il était tombé sur ce cliché qui l’avait fait tressaillir. Qui était cet homme jeune campé fièrement près de sa mère ? Ce visage lui était bizarrement familier.
Il se remémora soudain cette rencontre glaçante dans le parc du château.
Se pouvait-il donc que l’homme au long manteau qui se faisait passer pour un ange venu du ciel, un redresseur de torts, cet homme qui jugeait son parcours d’une manière si cinglante, fut le père qui l’avait lâchement abandonné ?




Consigne : Écrire une fiction inspirée par le texte précédent de votre voisin d’atelier dont l’action se situe dans un lieu différent.




Fin de fête

Maria s’écroule dans un fauteuil du salon et contemple le désordre qui règne dans la salle à manger. Elle soupire, fatiguée, libère les pieds de ses chaussures et frictionne lentement ses chevilles. Que ça fait du bien ! Ces chaussures à talons, ce n’est plus de son âge ! Elle est heureuse et triste. C’était une belle fête mais c’est difficile de se retrouver seule après avoir été si entourée. Elle revoit tous les sourires sur les visages des êtres qui lui sont chers. Son fils avait mis ses plus beaux habits de clown pour faire rire les enfants, sa fille aux petits soins avec il nonno et la nonna et pour une fois, Claudia, qui la considérait toujours comme une petite sœur, n’avait pas essayé de la commander. Même tante Augusta avait finalement accroché son manteau de vieille grincheuse à la patère du bonheur. Ils l’avaient tous complimenté pour cet excellent repas. Plusieurs jours de préparation, des heures de mijotage, l’angoisse des dernières minutes pour que tout soit parfait, elle y avait mis tout son cœur. Elle tenait absolument à ce que cette dernière fête soit réussie. Elle écrase une larme qui se faufile dans une ride. Allez, secoue-toi, il faut que tu ranges tout ce barda.




Consigne : écrire une fiction de 8 à 12 lignes, dont l'action se déroule à la toute fin d'une fête (fête de votre choix).