Cette espèce d'abruti qui l'aborde là à l'arrêt de bus, mais pour lui dire quoi au juste ? Qu'il est trop tôt pour être déjà dehors, qu'il fait froid, que le bus est en retard. Que de paroles inutiles ! Lui qui a toujours cherché du sens dans chacun de ses mots. Jamais une parole pour rien. Lui qui a passé des heures a piétiner dans le froid pour distribuer des tracts convaincants. Alors ce matin une haine sourde, violente, inattendue se réveille en lui au contact de ce bavardage futile, de cette plainte stérile. D'abord la colère le submerge, il a envie de lui écraser son poing sur la gueule à ce réactionnaire conformiste.
Puis quelque chose se fissure en lui en quelques secondes.
Et si c'était cet abruti qui avait raison avec son verbiage creux et si c'était lui qui n'avait jamais eu une parole vraie mais un discours toujours bien calibré, jamais pris en défaut.
Il accroche son regard à ce panneau de l'abribus : "Expédiez votre lettre d'amour dans l'espace. Votre courrier amoureux effectuera le plus long parcours de l'Histoire à bord de la Station Spatiale Internationale."
Lui qui a si souvent chanté l'Internationale se rend compte qu'il n'a jamais écrit de courrier amoureux.
Consigne : une situation dans laquelle le personnage précédent révèle quelque chose de lui qu'on ignorait.
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