Oui, je pourrais commencer comme ça... Ils voudront peut-être en savoir plus. En fait je n’en sais rien. Ils ne me posent jamais de questions sur mon passé, cela ne les concerne pas. J’ai souvent essayé et ils me clouent le bec dès que je l’ouvre. Je suis ce corbeau perché que personne n’écoute et dont personne ne tente d'attraper le fromage. Tu radotes, voilà ce qu’ils me disent et hop ils passent à autre chose et poursuivent entre eux leur discussion. Moi, je veux qu’ils sachent !
Mes jours sont comptés. Ils le savent puisqu’ils sont tous là pour mes 92 ans. Je ne veux pas partir avec ce secret qui m’étouffe, cette honte qui m’agrippe et recouvre ma peau. Le remord me donne la main chaque jour de ma vie.
J’étais jeune et ignorais tout des conséquences de mes actes. Je n’ai songé qu’à me faire pardonner, comme si cela était possible… J’ai aussi cherché, mais en vain à me pardonner. Vous comprendrez aisément ces regrets.
Ma repentance m’a conduit à devenir valeureux au quotidien et un héros à vos yeux. Vos qualificatifs à mon égard ne manquent pas : honnête, humain, généreux, attentif... un véritable modèle pour ma filiation.
« Eh bien, je vais vous le dire, même si vous ne voulez pas le savoir ! J’ai dénoncé cinq résistants en 1942. Ils s’appelaient : Hugo, Édouard, Maxime, Julien et Octave. Ils ont tous été fusillés, là, sur la place du village »
Catherine
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