Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mercredi 4 mai 2022

La traversée

Un homme traverse la rue à pas lents. Il doit avoir entre 55 et 70 ans. Enfouit sous des vêtements trop grands, une barbe grisonnante en bataille, des cheveux cachés sous une chapka élimée, il avance légèrement voûté, le visage rougi, râpé par le froid.

L’homme fait une pause au milieu du passage clouté. Pensif, il hésite. Cloué sur le passage clouté. Des voitures s’impatientent et klaxonnent. Drôles d’engins bruyants, plein de vie et d’envie de circuler. Lui, statufié ne peut plus avancer. Un passant témoin de la scène s’apitoie. Il vient l'aider à traverser, le prend délicatement par le bras, lui parle à voix basse, l’invitant à le suivre pour faire cesser ce tintamarre. L’homme accepte sans un mot.

Le voilà de l’autre côté de la rue. De nouveau seul, il guette le prochain feu rouge pour refaire cette traversée. Il se lance dès que le petit bonhomme vert lui en donne l’autorisation. Il avance à pas comptés pour mieux comprendre. Comprendre la rupture qui l’a fait basculer dans un autre monde. Comprendre pourquoi il a vécu ballotté aux gré des eaux tel un bois flotté au milieu de l’océan. Il tangue sans virer de bord. Il poursuit sa marche. Cette traversée lui permet de repasser le film de sa vie au ralenti. Que s’était-il passé ? Là, il ressent un point de rupture et se fige, là, en plein milieu. Le feu repasse au vert ; lui, toujours cloué sur le passage clouté. Ses idées se bousculent. Un orage éclate dans sa tête. Des bouts de phrases jaillissent. Le voilà parlant seul, implorant, invectivant... Il ne se reconnaît pas. Qui habite son corps ? Lui n’aurait pas abandonné son usine, sa famille, son confort. Il avait été heureux, avec bien sûr des soucis toujours surmontés. Mais que s’était il passé ?

Néanmoins, le tintamarre reprend. Cette fois un automobiliste agacé sort de son véhicule et le chasse sans ménagement.

Il reviendra pour comprendre. Pour aujourd’hui cela suffit. Ses copains l’attendent sous le pont de l’autoroute avec les rouges munitions de la journée.

 
 
 
 
 
Consigne 15l : Un personnage arrête de se battre, il abandonne

Catherine

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