Eh oui, j’en avais rêvé depuis l’enfance. Et le propre des rêves c’est de vouloir se réaliser. Mais le souffle de la vie et des années délitent les rêves. Pourtant, ils reviennent, s’accrochent, persistent pour se concrétiser, comme une incessante mélodie. Cette petite musique me berça longtemps.
Au tout début, ce fut sur le vieux piano désaccordé. Il vivait paisiblement près de la voiture de mon père dans le garage. Je pianotais en compagnie d’une vieille Méthode Rose dénichée aux hasard de mes explorations. Oh joie ! Je jouais et chantais les petites berceuses préférées de ma maman. Mi ré do do, sol la si ou Au clair de la lune, Meunier tu dors, Frère Jacques... Docile, le piano se laissait faire. J’imaginais un début de carrière prometteur.
Durant des années, je regardais mes mains en regrettant de ne pouvoir les poser sur les touches noires et blanches d’un piano. Ces bouts de doigts qui créaient la musique…
J’avais oublié la capacité des rêves à résister, à s’agripper.
J’ai donc pris mon courage à deux mains en prenant des cours de piano à cinquante-six ans et ce pendant six ans. Un vaste chantier nourrit de solfège, de gammes, d’exercices, de partitions. Je retrouvais même ma bonne Méthode Rose. Fidélité à l’enfant du garage.
Un travail quotidien, acharné et studieux, pour un rendu sous forme de flaque d’eau en présence de mon professeur. J’ai tenu ce que j’ai pu tenir. Plus j’avançais, plus je mesurais l’ampleur de la tâche et de mes faibles capacités.
Alors ce fut l’arrêt subit, une espèce de petite mort. Je renonçai. Face à l’étonnement de mon professeur, je ne pus que lui répondre :
« Ça ne m’amuse plus ! »
Consigne en atelier du 24/11/23 : Excipit : « Ça ne m’amuse plus »
Catherine
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