En route ! criait mon père. C’était le signal du départ en vacances. Nous devions être prêts à monter dans la voiture dès qu’il le disait. Nous, les enfants, l’étions depuis longtemps au risque de susciter sa colère mais notre mère elle, se faisait attendre. Le rituel était toujours le même, elle retournait une fois encore dans la maison, vérifier qu’elle avait bien tout fermé. Dés qu’elle apparaissait sur le seuil, mon père mettait le contact. Elle s’installait à coté de lui, vérifiait que nous, ses trois enfants étions bien là. Moi, j’étais coincée à l’arrière entre mes deux frères. Pas question d’avoir droit à la place près de la vitre… c’étaient eux qui décidaient, et je ne contestais pas. De toute façon, ça n’aurait servi à rien, j’étais une fille et de plus, la »petite ». De la route, je ne voyais jamais rien.
Durant le trajet, il y avait comme deux mondes, celui des adultes à l’avant qui bavardaient, et celui des enfants à l’arrière comme si une cloison de verre nous séparait. Quand parfois je m’endormais et que je m’appuyais sur l’un de mes frères, il me repoussait d’un coup d’épaule et me réveillait. Mais je n’ai pas oublié la chaleur de leur corps, leurs petites querelles, les emportements de mon père qui animaient un trajet qui me paraissait bien ennuyeux.
Chaque été de mon enfance ce fut le même rituel. C’est la route qui changea, elle s’agrandit, devint une autoroute, et bientôt, dans la voiture, nous ne fûmes plus que quatre, puis trois… Nos routes peu à peu se séparèrent.
Anne
Consigne : texte libre (sur le thème du mois choisi par l'autrice).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.