Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

jeudi 17 novembre 2022

Nostalgie

Encore un dimanche de pluie, impossible d’aller faire un tour en ville sous prétexte d’acheter le journal. Alors, je me réfugie dans mon bureau. Là, je peux rêver. J’ouvre un tiroir, oh ! ce n’est pas par hasard, je sais ce que je vais y trouver, des photos, Sa photo. Instantanément, les images, les lieux, les personnes, les odeurs même me reviennent et m’emportent loin, si loin, à la campagne, chez mes grands parents chez qui je passais mes vacances. L’été ils accueillaient aussi régulièrement des enfants. Je n’ai jamais cherché à savoir pourquoi. C’était comme ça. Ils arrivaient puis repartaient, parfois, ils revenaient. C’était bien, j’avais ainsi des compagnons de jeux. Un été, grand-mère me présenta Marie. Jean, me dit-elle, tu prendras bien soin d’elle, tu vois, elle est un peu intimidée. Va, allez promener maintenant. Je la pris par la main (douce, si douce) et l’entraînait vers la rivière. Je lui montrais comment débusquer les petites truites et les écrevisses cachées sous les pierres. Elle riait en les voyant s’enfuir. Puis je lui fis découvrir mon domaine, la cabane construite avec mon grand-père, la forêt...
Il y avait tant à explorer ! Ce fut un été magique de jeux, de rires, de goûters parfumés, qui passa hélas vite, trop vite. C’est le cœur serré que je la vis repartir ne sachant si elle reviendrait.
J’attendis avec impatience les vacances suivantes et oh bonheur elle fut là et les suivantes aussi.
D’été en été nous étions devenus inséparables. Le temps passait avec toujours autant d’attente, de jeux, et de départs. Nous avons grandi et notre relation se fit plus distante. Nous ne jouions plus comme autrefois. Nous aidions ma grand-mère à ramasser les fruits, à faire les confitures.
Nous nous promenions parfois mais elle ne prenait plus ma main. Elle m’évitait, sauf ce jour, où allongés dans l’herbe, elle posa un baiser sur ma joue. J’en garde encore la chaude sensation.
Elle me parlait un peu de sa vie d’étudiante loin de moi. Moi, j’étais resté à la ferme. J’étais jaloux de ceux qui partageaient sa vie. Elle était de plus en plus belle et quand nous allions danser, j’étais si heureux de la tenir dans mes bras. Mais j’étais timide et je n’osais lui dire les mots qui me brûlaient les lèvres. Elle vint de moins en moins. Je ne posais pas de questions, j'avais peur de savoir ce qu’elle faisait, et avec qui. Puis elle ne vint plus du tout. Un courrier de temps en temps nous parvenait où elle parlait de sa vie d’étudiante jusqu’à celui qui me brisa le cœur accompagné d’une photo de Marie rayonnante le jour de son mariage. Mon cœur cessa de battre. J’avais espéré malgré moi qu’elle me revint un jour. D’elle, il ne me reste plus que cette photo presque complètement passée.
Un coup sec à la porte me tire de ma rêverie : " et alors Jean, que fais tu ? Ah ! Encore dans tes souvenirs ! Tu n’as pas oublié, j’espère, que nous allons manger chez mes parents" .




Consigne Libre 45 l

Anne


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