Blog des membres de l'atelier d'écriture de l'Association L'Atelier
Présentation
L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.
Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.
mardi 27 février 2024
L’escalator
J’ai demandé à ma nouvelle secrétaire, que j’ai choisi pour ses talents de rédactrice mais aussi pour ses mensurations, de convier tout le personnel des ventes, à l’heure de la fermeture du magasin, dans la salle des conférences, afin de leur expliquer la nouvelle organisation que je vais mettre en place.
« Vingt-deux heures, est-ce une heure bien raisonnable pour réunir le personnel ? », me dit-elle et à mon regard froid elle comprend que mes ordres ne doivent pas être discutés et qu’elle n’est pas payée pour réfléchir. Sans attendre ma réponse, elle prévient tous les employés commerciaux que leur présence à cette réunion est obligatoire.
C’est donc d’un pas décidé que ce soir-là, j’arrive avec quelques minutes de retard pour être sûr que tout le monde sera présent. Il règne une ambiance bonne enfant malgré l’heure tardive et le silence s’installe progressivement lorsque je commence à expliquer comment l’organisation des ventes devra se dérouler dès la semaine prochaine. Je finis mon discours satisfait en les informant que dès demain, ils ne devront plus emprunter l'escalator pour se rendre dans les sept étages que compte le magasin. « En effet », leur dis-je, « l’escalator sera désormais réservé pour les clients et prendre les escaliers pour parcourir les 45 000 m2 du magasin vous sera profitable. »
Comment aurais-je pu imaginer que cette ultime mesure qui me paraissait anodine et mise en place pour leur santé physique me rendrait impopulaire auprès de l’ensemble du personnel et me coûterait mon poste quelques semaines plus tard ?
Michèle
Consigne : en quinze lignes, un texte dont le titre est « l’Escalator »
lundi 26 février 2024
Zip
Certains avec rage
Sans raison
Ma vie de fermeture
S’écoule mécanique
Dans un geste automatique
Christiane
dimanche 25 février 2024
Peut mieux faire
Tout y est passé, vraiment passé. Tout un passé, là étalé devant lui. En le parcourant, cela l’interrogeait sur son identité. Ce fut la valse de bulletins de salaires, remboursement de sécurité sociale, radios du dos, des pieds, des poumons, lettres de ses parents, celles de ses enfants partis aux quatre coins du monde, celles de son ex-épouse, les papiers du divorce, ceux de l’achat du terrain, les plans de la maison, ses bulletins scolaires…
Ah ! Ses bulletins scolaires ! Hugo les relut attentivement. Il fut frappé par une phrase qui revenait souvent dans les appréciations de ses professeurs : « Peut mieux faire », sans autres explications. Trois mots qui réveillèrent sa mémoire.
Les souvenirs remontèrent tirés par le fil du « Peut mieux faire ». Ses parents le grondaient car il pouvait mieux faire. Sa moyenne tournait autour de 10 sur 20. Il s’en sortait à chaque fois de justesse, sans redoubler.
Mieux faire, mais comment ? Personne ne croyait en ses efforts, même pas lui. Cette phrase le hantait le poursuivait, le questionnait.
Est-ce pour cette raison que sa femme l’avait quitté et que ses enfants vivaient si loin de lui, à l’étranger ? N’avait-il pas réussi à les satisfaire, eux aussi ? Tout comme au travail, il avait dû se battre à chaque fois pour obtenir une promotion.
Il n’en finissait pas de se demander s’il aurait pu en effet mieux faire.
Pouvait-il résumer sa vie en ces quelques mots ?
Consigne pour l’atelier du 16/02/24 / Un personnage à qui les autres reprochent de ne pas s’impliquer autant qu’il le devrait
Catherine
jeudi 22 février 2024
La fermeture Eclair
Christiane
Consigne : titre : la fermeture Éclair
mercredi 21 février 2024
Emballé c'est pesé
Je suis en train de me raser lorsqu’elle déboule dans la salle de bain.
Consigne : Thème : « un personnage ou un narrateur à qui les autres reprochent de ne pas s’impliquer (ou trop peu) dans quelque chose » en 15 lignes, hors atelier.
lundi 19 février 2024
Copain d'avant
Gérard, le beau Gérard qui me tétanisait... Il était assis juste devant moi. Je chavirais de voir son dos, sa nuque, son buste tonique, ses épaules carrées et ses cheveux blonds en catogan. Je n’avais pas besoin de m’envoler en regardant par la fenêtre, non, tout était là devant moi pour m’échapper du cours de maths. Après tout, avoir le brevet ou pas n’était pas ma première préoccupation.
Par contre, le revoir quarante cinq ans après, c’est plus compliqué. A l’époque, j’arrivais tout juste à lui parler, tant les battements de mon cœur tambourinaient. Mais maintenant, que lui dire ? A quoi ressemble-t-il ? Sans doute à un vieux voûté, peut-être gros et chauve ?
Faut dire qu’il n’a pas tardé à répondre à mon message. Était-il amoureux de moi sans oser me l’avouer ? Et que pensera-t-il en me voyant avec mes cheveux blancs et mes kilos en trop ? Me reconnaîtra-t-il ?
Je crois que j’ai fait une sacrée bêtise en lui écrivant et en lui donnant rendez-vous. J’aurais dû en rester aux échanges épistolaires ou aux souvenirs. Maintenant, ça risque de nous entraîner sur des terrains glissants.
Je m’inquiète et plus je réfléchis moins je résiste. Je vais y aller à ce rendez-vous mais je dois bien tout prévoir. Je tiens à lui montrer que le poids des années n’est pas une fatalité. Rien n’échappera aux préparatifs. Je décide d’établir un plan pour ne pas me laisser emporter : être en avance au rendez-vous, le voir arriver et décider de le rencontrer ou pas.
Arrivée sur le lieu du rendez-vous, en ce fameux jour j, je le guette en me cachant derrière des arbres. La statue près du bassin du jardin du Luxembourg semble me narguer, peu importe ! Mais oh surprise, Gérard est déjà là. Il n’a pas tellement changé, il se tient toujours aussi droit. Il n’est ni voûté, ni gros, ni chauve mais grisonnant. Je sens mon cœur tambouriner tout comme à 15 ans. Je me précipite
- Gérard, te voilà ! Tu n’as pas changé, je suis vraiment heureuse de te retrouver. C’est magique, 45 ans après !
- Désolé Madame, moi c’est Alexandre mais pour l’occasion vous pouvez aussi m’appeler Gérard.
Consigne en atelier du 26/01/24 : Incipit : « Une légère inquiétude »
Catherine
Incertitude
Je suis glacée. Est-ce la mort qui approche ? Je finis par penser n’importe quoi. Je dois voir trop de films d’horreur. Dans la vraie vie, la mort ne sonne pas à la porte pour s’annoncer. Parfois, pas le temps de se retourner.
Pourtant, je suis glacée et en été c’est vraiment étrange. J’ai l’impression que je me suis vidée de mon sang. Mais où est-il passé ? Je suis sûre que mon cœur bat puisque je pense. Ou bien je suis déjà morte et ma pensée continue à cheminer. Si c’est le cas, je vais peut-être revenir à la vie. Ce qui est curieux, c’est ce froid. Un sidérant signal d’alarme m’accapare m’empêchant de réaliser que je ne peux plus bouger ni même ouvrir les yeux. Je le découvre avec effroi progressivement.
Mais que m’est-il arrivé ? Il faut que je me concentre pour sortir en priorité de cette sensation glaciale.
Si je ne reviens pas à la vie, il faudrait au moins que je sache ce qui m’a tuée, je partirai moins bête ! C’est important, très important. Se concentrer et réunir le peu de force qui me reste pour faire jaillir les souvenirs. Je crois qu’ils ne gèlent pas si on les entretient.
Je sens que cela remonte.
Ils sont informes, un vrai magma. Encore un effort, je ne veux pas mourir sans savoir.
Bien, je sens que cela se précise. Patience...
Oui, Je me souviens, j’avais rendez-vous avec Auguste pour aller au cinéma voir « Anatomie d’une chute ». C’était un beau soir d’été, un peu frais. Je marchais d’un bon pas, le sourire aux lèvres. Revoir Auguste et aller au cinéma me réjouissait et j’aimais contempler la Seine depuis le pont.
Et là, j’y suis, j’ai vu un énorme camion qui dérapait et arrachait tout sur son passage, y compris les barrières du pont. Puis le fracas monstrueux, le choc fracassant. Je tombe, je tombe de haut, de très haut. La chute, le fleuve glacé, puis plus rien.
Cette fois je peux mourir.
Consigne de l’atelier du 02/02/24 : Incipit : « Je suis glacée »
Catherine
samedi 17 février 2024
Que tu dis
vendredi 16 février 2024
La belle vie
Systéme D
Viande à part
Texte écrit avec consignes en atelier "un des enfants est critiqué par les parents"
jeudi 8 février 2024
Tomber de haut
Méprise
Il tente de ressortir mais une femme vient vers lui et le remercie d’emblée, avec un grand sourire : « c’est trop gentil, vraiment, il ne fallait pas ». Il veut lui dire qu’il y a erreur, mais elle le prie de déposer le paquet sur la table là, près de l’entrée. Il ne sait que faire. Reprendre le paquet et partir ? Il hésite. Elle insiste, « venez vous joindre à nous, lui dit-elle, vous prendrez bien quelque chose ? » Embarrassé, il s’avance et prend le verre qu’on lui tend. Il aimerait vraiment repartir pour faire sa livraison, mais elle se tourne vers lui et lui dit : « vous êtes nouveau ? Je ne vous ai encore jamais vu ici. Depuis quand travaillez vous avec nous ? » Il bafouille, ne sait comment lui expliquer la méprise quand un homme s’approche d’eux et dit : « venez, ma chère, je vais vous présenter à notre PDG »
Anne
mardi 6 février 2024
Le train bleu
Christiane
Consigne : Une légère inquiétude
La chapardeuse
Michèle - Fiction 45 lignes - Texte écrit avec consigne hors atelier