Gérard, le beau Gérard qui me tétanisait... Il était assis juste devant moi. Je chavirais de voir son dos, sa nuque, son buste tonique, ses épaules carrées et ses cheveux blonds en catogan. Je n’avais pas besoin de m’envoler en regardant par la fenêtre, non, tout était là devant moi pour m’échapper du cours de maths. Après tout, avoir le brevet ou pas n’était pas ma première préoccupation.
Par contre, le revoir quarante cinq ans après, c’est plus compliqué. A l’époque, j’arrivais tout juste à lui parler, tant les battements de mon cœur tambourinaient. Mais maintenant, que lui dire ? A quoi ressemble-t-il ? Sans doute à un vieux voûté, peut-être gros et chauve ?
Faut dire qu’il n’a pas tardé à répondre à mon message. Était-il amoureux de moi sans oser me l’avouer ? Et que pensera-t-il en me voyant avec mes cheveux blancs et mes kilos en trop ? Me reconnaîtra-t-il ?
Je crois que j’ai fait une sacrée bêtise en lui écrivant et en lui donnant rendez-vous. J’aurais dû en rester aux échanges épistolaires ou aux souvenirs. Maintenant, ça risque de nous entraîner sur des terrains glissants.
Je m’inquiète et plus je réfléchis moins je résiste. Je vais y aller à ce rendez-vous mais je dois bien tout prévoir. Je tiens à lui montrer que le poids des années n’est pas une fatalité. Rien n’échappera aux préparatifs. Je décide d’établir un plan pour ne pas me laisser emporter : être en avance au rendez-vous, le voir arriver et décider de le rencontrer ou pas.
Arrivée sur le lieu du rendez-vous, en ce fameux jour j, je le guette en me cachant derrière des arbres. La statue près du bassin du jardin du Luxembourg semble me narguer, peu importe ! Mais oh surprise, Gérard est déjà là. Il n’a pas tellement changé, il se tient toujours aussi droit. Il n’est ni voûté, ni gros, ni chauve mais grisonnant. Je sens mon cœur tambouriner tout comme à 15 ans. Je me précipite
- Gérard, te voilà ! Tu n’as pas changé, je suis vraiment heureuse de te retrouver. C’est magique, 45 ans après !
- Désolé Madame, moi c’est Alexandre mais pour l’occasion vous pouvez aussi m’appeler Gérard.
Consigne en atelier du 26/01/24 : Incipit : « Une légère inquiétude »
Catherine
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