Me voici comme ma mère, libérée. Je me rappelle dans l’Allier, chez mes arrières grands-parents : pas d’eau chaude, pas de douche, pas de machine à laver et évidemment pas de téléphone ni de télévision. L’été, les adultes sortaient un grand baquet en fer-blanc qu’ils disposaient dans le jardin, ils faisaient chauffer l’eau sur le feu et les enfants, on prenait notre bain en plein air, joyeux intermède familial. Le baquet devait servir aussi pour la lessive mais je n’en ai aucun souvenir. Juste les draps rêches dans les lits recouverts de gros et lourds édredons.
Aujourd’hui à mon crédit, la machine à laver, qui m’exonère d’une tâche ingrate. Finie la fatigue superflue et les mains sèches. Vive le vernis à ongles et un bon roman. Entre deux chapitres de ce roman, un nuage passe, un moment suspendu. Seule entre les quatre murs de mon logement HLM, mon premier appartement de jeune femme indépendante, la nostalgie me prend du baquet en fer-blanc. Vilaine pensée à balancer dans le tambour béant.
Consigne : L'animateur a demandé à chaque autrice de choisir un thème et de le traiter durant plusieurs semaines. J'ai choisi "la machine à laver".