Blog des membres de l'atelier d'écriture de l'Association L'Atelier
Présentation
L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.
Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.
dimanche 31 janvier 2021
Débranche
samedi 30 janvier 2021
Un personnage
Philippe disparait derrière la volute de fumée de sa cigarette. Sur le plateau télé, les journalistes, les spectateurs, s’écharpent autour de lui. Il est au centre du débat et au-dessus de la mêlée.
Certains le trouvent sympathique, poétique et en avance sur son temps. D’autres le considèrent misogyne, provocateur et réactionnaire.
Philippe attend son tour. Il saura au moment opportun lancer sa flèche qui fera mouche. Son verbe habile relancera une polémique qui dopera l’audimat et la vente de son dernier roman.
D’où qu’on se place, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a une telle aura qu’un puissant a même décidé de le décorer.
Loin des codes habituels du paraitre en société, il sait se présenter le cheveu gras, la mine défaite, la chemise hors d’âge. Et si on le pousse un peu trop dans ses retranchements, il sort son joker : il enlève son dentier et le pose sur la table.
Mais qui est-il vraiment ?
Sa propre mère le fustige. A cela comment survivre ?
Son nom est un pseudonyme.
Philippe se met en scène. Au-dessus de la mêlée, et tel le phénix, il renait des cendres de sa cigarette.
Consigne : Créer un personnage (en vous inspirant plus ou moins de l'un des personnages apparaissant dans votre dernière ou votre avant-dernière fiction), et le présenter en 12 lignes (de façon si possible plaisante à lire - pas une description trop clinique).
Le mur du jardin de mamie
D’un
âge ingrat et immature, ils sautent le mur du jardin de Mamie et
s’aventurent dans le jardin du voisin. Leur espièglerie est préparée
avec minutie. Ils s’emparent de l’épuisette posée près du bassin, puis
ils pourchassent les poissons rouges, alanguis, du petit bassin et les
voyagent dans le grand bassin. D’abord interloqués, puis, heureux du
grand espace, les poissons rouges batifolent. Le voisin surgit. Vite,
les enfants enjambent le mur avant qu’il ne les voit et retournent dans
le jardin de Mamie. Les enfants lorgnent amusés, à travers un trou du
vieux mur, la réaction de celui-ci. Le voisin interrogatif, soulève sa
casquette et caresse sa calvitie. Il saisit l’épuisette et les poissons
nomades réintègrent le petit bassin, désillusionnés. Les enfants
jubilent.
Aïe!
Mamie les a vu, ils seront encore punis de jardin trois jours.
En 12 lignes, une fiction qui s'inspire (plus ou moins) de votre texte "chanson", et dans lequel il ne sera plus du tout question de chanson (d'aucune chanson).
Troublante presque inconnue
Depuis
avant-avant- hier, une fascinante inconnue passe dans la rue et devant
ma fenêtre et toujours à la même heure. Pour une personne juchée sur des
talons hauts, elle marche étonnamment vite. Quand elle passe, je la
filme avec mon smartphone et je la visionne avant que ne vienne
Delphine. Delphine est vive, adorable et affectueuse mais entre elle et
moi la routine s'est installée. Assis sur le canapé, nous regardons la
télévision. Elle utilise mes cuisses comme appuie-tête et je caresse ses
cheveux châtain tout en pensant à la blonde qui passe devant ma
fenêtre. Delphine, tu es très jolie mais la plupart du temps tu portes
une veste et des pantalons en Jean et ce soir tu me gâtes avec ton
t-shirt trop large.
"Eh oui, Delphine que tu négliges. C'est le seul moyen pour que tu t'intéresses un peu à moi", me dit-elle.
Avant qu'elle ne joue à la blonde, je n'avais même pas remarqué comme ses jambes sont belle ni su déceler la déesse en elle.
Nuit blanche
Je
vais passer une nuit blanche, c'est le mariage de mon amie Fatima.
C'est un mariage oriental, femmes et hommes soigneusement séparés. Entre
femmes, on discute, on mange, on danse. Puis à minuit, subitement les
mariés s'éclipsent dans une chambre de l'appartement. Les femmes
s'excitent, les hommes les rejoignent. Tout d'un coup un linge sanglant
est brandi par une vieille femme sans aucune pudeur. Les youyous se
déchaînent, les hommes trépignent. Je suis dans la sidération,
profondément étrangère à ce qui se passe. Je n'y comprends plus rien. Ma
meilleure amie est drôle, intelligente, insolente. En une soirée notre
complicité provocatrice tissée pendant toute notre adolescence
s'effondre. Je me sens trahie.
Consigne : en 12 lignes, à la toute fin d'une fête.
Lune noire
Couvre-feu à 18h et lune noire. L’obscurité est presque totale. Je prends mes clés et suis leur forme avec mes doigts pour trouver la bonne, puis je cherche à tâtons la serrure et j’essaie d’emboiter l’une dans l’autre. J’hésite, je bidouille, je dérape, je rétablis. La clé pénètre et tourne, la porte cède. Trouver l’interrupteur. Que la lumière soit ! Éclair fugace. Pschitt ! Ça a sauté. Nous voilà bien. Trouver le compteur électrique, bras en avant vers le garage, enjamber le fatras sans trébucher, atteindre l’armoire magique, chercher le bouton, appuyer, déclencher. Résultat : néant.
Depuis le temps que je m’interrogeais : et si j’étais née aveugle ? Ou : et si victime d’un jet de Flash-Ball dans une manif, j’avais perdu l’usage de mes deux yeux ?!… Il faut dire que les scénarios improbables et malheureux m’émoustillent. Et bien la voilà mon expérience rêvée ! Sentir la vie sans la voir, avec quatre sens ! Les aiguiser, ressentir plus fort. La vie à pleines mains, à plein nez, à pleines oreilles, à pleine bouche. Expérience sensitive, sensuelle et spirituelle, oui spirituelle ! Tel un derviche tourneur, je me mets à tourner doucement dans le noir, les bras en balancier, la robe en toupie, plus vite, encore plus vite ! Vers la transe.
Toi tu es le chat, tapi dans l’ombre près de ta cabane à crottes :
- Mais que t’arrive-t-il Maîtresse, à jouer les libellules folles ?! Attention ! Ton sens de l’équilibre n’est pas le mien ! Et voilà tes pieds qui ripent et qui me bousculent. Vlan, patatras ! Miaou ! Mais tu as décapité ma cabane à crottes ! !!
Consigne : Écrire une fiction de 12 lignes qui se passe dans l'obscurité.
Père Noël
«
Père Noël passe par la porte, lorsqu’il n’y a pas de cheminée », me dit
Maman. Papa n’est pas encore rentré, il est de garde à l’hôpital. Il
est minuit, Maman m'autorise à attendre Père Noël. Je m’assois en haut
de l'escalier sur le palier au deuxième étage. Après dix bonne minutes,
j'entends la porte vitrée de l’entrée de l’immeuble, s’ouvrir. Les feux
d’artifice de la rue illuminent l’entrée en rouge, bleu, jaune . Je me
tiens à la rampe et j’épie par la cage d’escaliers Paul qui rentre avec
sa femme. Ils sont très joyeux et ont du mal à grimper au premier étage.
Papa et Père Noël ne sont toujours pas là. Un temps se passe et une
porte s’ouvre au troisième étage de l’immeuble, je monte quelques
marches et je vois Père Noël dans son bel habit rouge embrasser Elsa,
l’amie de maman, sur la bouche. Je rentre tout excité, le confier à
maman « Elsa connait bien le Père Noël, elle l’a embrassé sur la bouche
». Je retourne vite sur le palier, le Père Noël descend l’étage et se
trouve juste devant moi. « Mon petit Nino, que fais-tu sur le pallier,
il ne fait pas chaud, viens rentrons, j’ai des cadeaux pour toi dans ma
hotte ». Je suis très fier de rentrer dans l’appartement, main dans la
main avec le Père Noël. Mais je ne comprends pas la réaction de Maman,
elle pleure et gifle Père Noël ?
Ecrire une fiction de 12 lignes dans laquelle il sera question d'une fuite.
Camille
Retranchée dans sa tour d’ivoire enfumée, arrogante, elle était inatteignable. Dans son beau regard noir égaré, quelques fulgurances sauvages émergeaient derrière le halo de sa fumée. Son doux sourire se changeait subitement en un rictus acide.
Depuis si longtemps elle braconnait le bonheur sans entrave, retournait sa vie dans tous les sens, ses amours étaient en pointillés, elle ne s’attardait jamais dans un job. Elle n’emprisonnait pas son argent, elle le flambait.
C’était une jolie femme charismatique, aussi impertinente que fantasque. Elle portait du haut de ses cinquante ans, une jupe et un foulard indiens, des bagues marocaines, témoins de cette époque insouciante ou elle avait bourlingué avec son amie. Sa silhouette était encore celle d’une adolescente.
Mais depuis quelques semaines son humeur changeait si vite encore qu’elle nous déroutait.
C’était la fin du jour, ivre de paroles, elle se leva chancelante pour rentrer enfin chez elle.
Consigne : portrait d'un personnage tiré de l'un des deux textes précédents.
mercredi 27 janvier 2021
L'heure bleue
Elle ne lutta pas dans la nuit polaire.
Cache-cache
vendredi 22 janvier 2021
Fuite
Restait à dérouler l’histoire. Cette fois j’allais m’en donner les moyens, cette histoire-là ne tournerait pas court. Sur un grand tableau, je lançai plusieurs idées :
-La fuite provoquée d’une information secret défense, pour un roman d’espionnage,
-la fuite imprévisible dans un réacteur nucléaire nouvelle génération, pour un roman post apocalyptique,
-la fuite organisée d’une prison de haute sécurité d’un chef djihadiste d’Al-Qaïda pour un roman islamo-droitiste,
-la fuite incontrôlée de mon liquide séminal en pleine déroute libidinale, pour un roman sentimentalo-pornographique, …
J’aurais pu continuer ainsi longtemps. Une sorte de fuite en avant. Il aurait fallu décider, il aurait fallu construire. Mais comme d’habitude, mon récit s’orientait en miroir de mon âme grise et tourmentée. Et comble d’une fuite que j’eus voulue salvatrice, il allait se terminer dans un noir marécage d’encre dégoulinante. Une première dans mon parcours de looser.
La fuite de mon stylo.
lundi 18 janvier 2021
La folie des grandeurs
mardi 12 janvier 2021
La lune
La lune est magnifique ce soir. Nous sommes quelques amis à la contempler, un verre de champagne à la main. Tous gardent un souvenir magique de l’évènement. Tous racontent à leur façon comment ils l’ont vécu avec toutefois beaucoup de choses en commun. Tous s’étaient réveillés en pleine nuit pour y assister. Tous étaient rivés à leur poste de télévision noir et blanc. L’attente avait paru interminable et tous étaient restés incrédules devant l’écran qui renvoyait ces images tremblotantes et irréelles.
Nous sommes le 21 juillet 2019, il est 2h56 du matin et nous trinquons. Avec beaucoup de nostalgie nous évoquons ce moment inoubliable, il y a 50 ans, quand l’humanité toute entière rassemblée dans un même élan de fraternité et d’allégresse réalisait qu’elle venait d’accomplir l’un de ses rêves les plus fous. Avec beaucoup de tristesse nous constatons que le songe aura été de courte durée et que cette belle lune que nous contemplons ce soir ne fait plus rêver l’humanité.
Consigne : une fiction de 12 lignes qui s'inspire du texte précédent (historique) mais qui se passe cette fois-ci de nos jours.
Dr Fleming
Consigne : En 12 lignes, une fiction qui s'inspire (plus ou moins) de votre texte "chanson", et dans lequel il ne sera plus du tout question de chanson (d'aucune chanson).
dimanche 10 janvier 2021
Premiers pas
Consigne : écrire une fiction de 12 lignes mettant en scène un ou plusieurs personnages de fiction au cours d'un évènement historique connu (remontant à plus de cinq ans - vous n'avez pas le droit au vote en faveur du Brexit ou au premier confinement !
Station Châtelet Les Halles
Consigne : écrire une fiction (comme d'ordinaire de 12 à 15 lignes maxi) faisant intervenir beaucoup de personnages, le plus possible.
mardi 5 janvier 2021
Joli mois de Mai
fiction de 12 lignes, mettant en scène un ou plusieurs personnages de fiction au cours d'un évènement historique connu (remontant à plus de cinq ans - vous n'avez pas le droit au vote en faveur du brexit ou au premier confinement !)
A bas les masques
« Pas plus de cinq dans le magasin. La distanciation et le port du masque sont obligatoires ».
1e client- Non mais quel cirque, on se croirait au bal masqué !
2e client- Eh bien, moi je préfère respecter les consignes, je n’ai pas envie de l’attraper »
1e client- Vous ne voyez pas qu’ils nous infantilisent, ils nous prennent pour des cons »
2e client- Eh bien ! je préfère être un con en bonne santé, qu’un mort intelligent.
1e client- Non, j’y crois pas, vous gobez tout ce qu’ils disent, l’augmentation des cas, les hôpitaux surchargés, que du bourrage de crâne. Venez donc à la conférence, ils vont vous expliquer : Comment va notre économie, le trafic avec les laboratoires, que du bizness. Il y en a marre, Macron avec sa Cougar ne sont plus les bienvenus.
2e client- Non mais, même chez le primeur on se fait agresser. Foutez-nous la paix. Contre les virus je ne sais pas ce qu’il faut faire. Moi la révolution je l’ai faite en mai soixante-huit
Bernadette, son couffin à la main, me dit « ça me rappelle un jour de mois de mai 68 au collège. De toute façon, virus ou pas virus, on se fera toujours plumer. En parlant de plumer, je mange des alouettes sur tranches de pains grillés à midi, chassées avec le miroir par mon mari. Et toi ?
- Moi, de la dinde.
Fiction de 12 lignes qui s'inspire du texte précédent (historique) mais qui se passe cette fois-ci de nos jours.
La belle Cassandre
Comme chaque dimanche, tantes, grand-oncle, neveux, nièces, se retrouvent autour d’un apéro dinatoire, chez la Tante Anémone.
VIRGINIE, l’amie de Johnny : Avec Johnny, nous allons nous marier, vous êtes tous invités.
La Tante ANÉMONE : Eh bien ! Johnny tu ne pourras plus reluquer la belle Cassandre.
VIRGINIE : Quelle Cassandre ? Qu’est-ce qu’elle raconte l’Anémone ?
La tante ANÉMONE : L’Anémone, te met au courant.
La Tante MARIETTE : Bon, on se calme, à partir d’aujourd’hui, ne regardez que votre avenir ensemble.
Le neveu JOHNNY : Tu as raison Tata, à la belle Cassandre, je lui crache à la bouche. Partons d’un bon pied et oublions le passé.
Le neveu DAVE : La jumelle de Cassandre, tu l’as vue, un véritable canon.
JOSY, la femme du neveu Dave : Ne vous mariez pas, vous ne resterez pas ensemble.
La Tante MARIETTE : Si l’on parle de prédiction, ça va virer en eau de boudin.
JOHNNY : Dave, sers-moi un autre jaune.
Le neveu DARIO : De toute façon, la belle Cassandre préfère rester seule, personne ne l’aura.
LALIE, la femme du neveu Dario : Pourquoi, toi aussi, tu la connais ? Virginie, buvons un coup.
Grand-Oncle NÉNÉ : Allez les filles, buvons, ça fait poussez les nichons.
On sonne, la Tante Anémone va ouvrir la porte.
Oh ! Cassandre.
Fiction 12 à 15 lignes mettant en scène beaucoup de personnages, le plus possible.
samedi 2 janvier 2021
La ville des ponts suspendus
Sur Tripadvisor vous pouvez réserver pour 60,31 € un tour de la cité en deux heures. Au départ du Cirta Museum, vous visiterez le pont El Kantara, attraction nationale populaire. Votre guide professionnel vous conduira au pont Sidi M’Cid d’où vous bénéficierez d’une vue exceptionnelle. A la boutique Djawzia Cirta El Bey, vous trouverez le jawzia, nougat à base de noix parfumé à la vanille et au miel. Assurez-vous au préalable que vous avez un visa valide. Cliquez pour réserver.
Anaïs clique et sort sa carte bleue.
Dans une semaine elle sera donc là-bas, à Constantine. Dans la ville des ponts suspendus, c’est une nouvelle mission de l’association franco-algérienne Ashifa qui l’attend : ravitailler le CHUC Ben Badis en matériel et équipement médical, spécialement pour son service Covid : masques chirurgicaux, blouses stériles, gants, lunettes à oxygène, tensiomètres, cathéters, filtres, humidificateurs…
Toujours
sur Internet, elle consulte des articles récents et plus anciens du quotidien
El Watan pour s’informer sur l’actualité locale. Régulièrement le journal met à
l’honneur un des combattants décédés en
martyr dans la wilaya de Constantine dans les années cinquante. Maurice Papon
était alors inspecteur général de la ville et préfet de l’est algérien. L’humanisme
n’était pas de mise.
Consigne : Ecrire une fiction de 12 lignes qui s'inspire du texte précédent (historique) mais qui se passe cette fois-ci de nos jours.