Couvre-feu à 18h et lune noire. L’obscurité est presque totale. Je prends mes clés et suis leur forme avec mes doigts pour trouver la bonne, puis je cherche à tâtons la serrure et j’essaie d’emboiter l’une dans l’autre. J’hésite, je bidouille, je dérape, je rétablis. La clé pénètre et tourne, la porte cède. Trouver l’interrupteur. Que la lumière soit ! Éclair fugace. Pschitt ! Ça a sauté. Nous voilà bien. Trouver le compteur électrique, bras en avant vers le garage, enjamber le fatras sans trébucher, atteindre l’armoire magique, chercher le bouton, appuyer, déclencher. Résultat : néant.
Depuis le temps que je m’interrogeais : et si j’étais née aveugle ? Ou : et si victime d’un jet de Flash-Ball dans une manif, j’avais perdu l’usage de mes deux yeux ?!… Il faut dire que les scénarios improbables et malheureux m’émoustillent. Et bien la voilà mon expérience rêvée ! Sentir la vie sans la voir, avec quatre sens ! Les aiguiser, ressentir plus fort. La vie à pleines mains, à plein nez, à pleines oreilles, à pleine bouche. Expérience sensitive, sensuelle et spirituelle, oui spirituelle ! Tel un derviche tourneur, je me mets à tourner doucement dans le noir, les bras en balancier, la robe en toupie, plus vite, encore plus vite ! Vers la transe.
Toi tu es le chat, tapi dans l’ombre près de ta cabane à crottes :
- Mais que t’arrive-t-il Maîtresse, à jouer les libellules folles ?! Attention ! Ton sens de l’équilibre n’est pas le mien ! Et voilà tes pieds qui ripent et qui me bousculent. Vlan, patatras ! Miaou ! Mais tu as décapité ma cabane à crottes ! !!
Consigne : Écrire une fiction de 12 lignes qui se passe dans l'obscurité.
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