Consigne : écrire un texte intitulé La dernière personne.
« Tu es tout chétif, arbore à toute heure un teint grisâtre et des yeux ternes, tu es dépourvu de charisme et évoques la maladresse. Nul n’est jamais impressionné en ta présence : pour les milieux que tu fréquentes, tu demeures très souvent un quidam et retenir ton nom est une tâche ardue. Ta démarche dégingandée évoque un bagnard traînant un boulet de huit kilos à sa cheville. Quelques fois, tu contemples ce boulet et admires la vitesse à laquelle le poids s’y est accumulé. Cette vieille chaîne qui te détient, s’est rouillée jusque dans tes os. Ta moelle est infectée par l’amertume. »
Charles se détacha du miroir et porta une main à son front pour pousser un long soupir, ses traits se défirent du dégoût qu’il avait adressé à son reflet. Le jeune homme était exténué, alors il entreprit de rester étendu dans son lit. Son esprit recherchait ce qui avait pu provoquer son sentiment d'invalidité et ce qui l'empêchait de se surpasser. Il regarda ses mains et les imagina articulées d’un métal oxydé. Il devait y avoir encore matière à faire. Peut-être qu’en graissant sa vieille chaîne, il pourrait l’utiliser.
Il s’endormit et vit en songe une île paradisiaque, qu’il parcourait sur un gravel, un vélo hybride qui avait été conçu entre le VTT et le vélo de route ; il y avait longtemps qu’il en voulait un. Un passant l’interpella : « Bienvenue chez vous à Lemnos, mon cher Hephaïstos ! Il serait bon que vous passiez à votre atelier pour vous forger de nouvelles chaînes, celles-ci ne tiendront pas longtemps la route. » Charles s’éveilla et constata qu'il avait pris une décision : il en avait assez d’être un looser, la dernière personne dans tous les domaines. Tant pis pour la compétition, il avait son propre chemin à parcourir et ce serait à vélo.
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