Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mercredi 29 avril 2020

Un expéditeur inconnu

Mais qui m’envoie ce message ? je ne connais pas cette adresse mail !…
chandailausoleil@gmail.com
Cette personne semble très bien me connaître, car elle n’a pas fait de faute d’orthographe en écrivant mon prénom.
« Coucou Jacquie, me voici de retour dans notre belle région, depuis des années, là où je vivais il faisait froid, une bonne partie de l’année, et mon chandail me tenait chaud ».
Qui cela peut-il bien être ? Je relis plusieurs fois le mail, et tout à coup je me dis :
« Mais oui, j’ai trouvé, c’est mon ami Chantal, qui vivait à Saint-pierre-et Miquelon, et avec laquelle j’étais brouillée, qui revient au pays, et qui doit vouloir renouer avec moi !
»




Consigne : le narrateur commente un email, 5 à 10 lignes.



La coupe est pleine

Absorbée par la lecture de mon roman, je suis alertée par une petite sonnerie : je viens de recevoir un email. Immédiatement je décide de le consulter ; c’est un ami qui me donne de ses nouvelles et m’envoie diverses « pièces jointes » pour, dit-il, que je puisse me distraire.
Quand je découvre le titre du premier document, je bondis : « Reportage en Chine » !
Comment ! Non contents de nous avoir abreuvés de tous les « made in china », ils nous ont offert gratuitement, cette fois, un virus ! Je ne l’ouvrirai pas.
Le titre du deuxième ne m’inspire pas plus : « Reportage animalier ». J’ai trop peur de tomber sur quelque pangolin ou autre chauve-souris accusés certainement à tort de tous les maux !
Ah ! De la musique dans le troisième ! C’est une chanson de... Christophe : quelle tristesse !
C’est avec une certaine appréhension que je me tourne vers la quatrième « pièce jointe ».
Enfin ! Je reconnais bien là l’expéditeur de ce message : des blagues sur les belges !
Je clique et lis : « Ça se passe dans un hôpital.....
Au secours !!!!





Consigne : le narrateur commente un email, 5 à 10 lignes. 
 
 
 
 

Désolé

En lisant l’objet de l'email, je me suis dit qu’Antoine me faisait part d’un empêchement de dernière minute. Antoine n’a jamais eu une seule minute de retard à nos rencontres. Une demi-heure que je l’attendais dans notre oasis, je me doutais bien que quelque chose clochait. Mais pourquoi un email et pas un sms ? J’ouvris donc l'email fébrilement. « Je suis désolé mais je ne viendrai pas te retrouver » ; les battements de mon cœur s’accélérèrent à la lecture de cette première ligne. La suite était épouvantable. Antoine mettait fin par email à une liaison de cinq années de passion, de complicité, d’amour et de bonheur. Antoine était un homme courtois, intelligent, prévenant. Ça ne lui ressemblait pas. Je ne pouvais y croire. Autour de moi, tout se mit à tourner, Je m’écroulai sur le fauteuil. Quand je repris mes esprits, il faisait noir dans la pièce, elle était glacée tout comme mon cœur.




Consigne : Le narrateur ou la narratrice commente l'email qu'il ou elle vient de recevoir, en 5 à 10 lignes.






lundi 27 avril 2020

Fossile digital

Douze ans après avoir commencé cette activité, Émilien entendit l'alarme biper. Il ne put contenir un sursaut tant c’était inattendu ; les va et vient de ses pas sur le sable étaient devenus une finalité. Il activa l'écran de son détecteur et fut surpris d'y découvrir le signal "fossile digital conforme". Conforme ! Il n'en revenait pas, la mention émise le plus souvent était "probable" mais "conforme" dans cette décennie, c'était tout à fait inouï.

Via ce biais numérique, il put découvrir un chemin de traverse, constitué de plus de trois cents marches, grimpant vers une ville typique du XXIe siècle. De chaque côté de l'escalier, d'épaisses branches de lierre circulaient tels des vaisseaux sanguins le long des murs des maisons de village et de leurs grillages, édifiant une paroi végétale. Cartable au dos, des écoliers empruntaient ce chemin. Il entendit des prénoms : Camille, Sébastien, Gwendoline, Lowan, Adriana.


Consigne : en 5 à 10 lignes, une fiction inspirée du cliché.














Crédit photo : Tristan Choisel

dimanche 26 avril 2020

Indésirable


Alors il dit : «  Je pense que par ton silence tu veux me signifier que notre relation est terminée. » Mais quelle perspicacité ! Il dit : « Je ne peux pas t’offrir ce dont tu as besoin, j’en suis désolé. » Mais quelle délicatesse !  Il dit : «Cependant tu n’as pas annulé notre rendez-vous de dimanche. Je passerai donc à tout hasard devant chez toi ». Mais quelle perversité ! Voilà ton mail ce que j’en fais, je clique droit : « Signaler un abus, Bloquer l’expéditeur, Marquer comme indésirable ! ».





Consigne : Le narrateur ou la narratrice commente l’e-mail qu'il ou elle vient de recevoir, en 5 à 10 lignes.





Mail "Découvrez notre jardin d'Eden"

Tentation suprême alors que nous vivons tous une saison en enfer.
Le poète lui-même disait : « jadis ma vie était un festin ».
Quel est cet Éden ? Vais-je céder à la tentation, au risque d’être confrontée au péché originel, la convoitise ?
« Non, ce n’est pas de la convoitise me dit une petite voix. Tu ne veux rien d’autre que tu n’aies déjà. Tu voudrais juste retrouver les bonheurs simples d’avant. Revoir les soleils levants où le futur d’une journée insouciante se dessinait à l’horizon. Ce monde-là c’était ton Éden et tu t’y lovais dans un quotidien souvent routinier. Tout semblait ordinaire, banal. Chaque instant était pourtant si précieux. Tu ne le savais pas. Tu te sens prisonnière comme la proie dans les serres d’un grand rapace ! »
La petite voix se tait. Cette invitation est aussi perverse que les incitations du serpent !
Dérision, affolement mercantile ! Que croient-ils ceux qui envoient ce mail ? Bien présomptueuse conception de l’Éden ! Des tapis, des meubles, des canapés ? Je clique sur supprimer. J’envoie l’Éden au diable !



Consigne : en 5 à 10 lignes, le narrateur commente le mail qu'il vient de recevoir.



 





Chers amis


« Bienvenue à un échange collectif, constructif, unique et édifiant. »
- Qu’est-ce encore que ce truc, ha ! c’est Ghÿs qui m’envoie ce mail.
« Nous avons choisi ceux qui seraient disposés à rendre l'échange amusant. »
- Elle n’a trouvé que moi pour les faire rire. Sympa la copine, moi, pas de temps, confinée.
« Veuillez envoyer un poème, touchez-nous dans ces moments difficiles. Mais ne vous prenez pas la tête »
- Pour la poser où ? Déjà que mes neurones se croisent.
« Si vous souhaitez envoyer un poème dans une autre langue, fournir la traduction. »
- C’est la meilleure, j’ai déjà du mal avec cette satanée grammaire et je vais m’amuser sans me prendre la tête à l’écrire dans une autre langue. Bon soyons solidaires, je vais faire ce qu’il faut, un mail, un poème, un espoir, un partage, une énergie et un verbe « aimer ».



Consigne : Le narrateur ou la narratrice commente l'email qu'il ou elle vient de recevoir, en 5 à 10 lignes.


















samedi 25 avril 2020

Voyage en Italie

L'image noire et blanche arrive comme une apparition, l'imagination se met a vagabonder.
Comme dans un film néo-réaliste italien, un papier est abandonné sur le sol dans une ville endormie.
C'est un escalier usé dans un quartier délaissé où le soleil ne pénètre jamais.
Serait-ce Naples et son quartier espagnol mais délestée de ses cris d'enfants ?
Je n'aimerais pas emprunter cet escalier pourtant ce papier jeté sur les marches m'attire comme un aimant.
Et si c'était un indice pour accéder aux cercles de l'enfer, puisque je suis au pays de Dante et au pied du Vésuve.


Consigne : fiction en 5 à 10 lignes, à partir du cliché.

















Crédit photo : Tristan Choisel

Mauvaise adresse

7 impasse aux Herbes, c’était bien la bonne adresse, celle qui figurait sur la carte de visite qu’Antoine lui avait remise lors de leur première rencontre. En l’invitant, il avait précisé : "tu verras, il y a quelques marches et après c’est la dernière maison sur la droite, avec des volets verts." Quelques marches ! En les découvrant un frisson de répulsion parcourut tout son corps ! Une patine crasseuse couleur goudron les recouvrait, elles étaient inégales, cassées par endroits. Mais ce qui la dissuada définitivement de les gravir c’était les immondices çà et là et une odeur âcre d’urine qui lui souleva le cœur. Impitoyable, sa phobie l’assaillait, la tenait tout entière, s'interposait, lui interdisant tout accès à cette clarté plus loin, là où Antoine l'attendait.
Elle fit demi-tour poussée par le seul désir de fuir le plus loin possible de ce lieu qui ne lui inspirait que dégoût et appréhension.



Consigne : fiction de 5 à 10 lignes - inspiration cliché.















Crédit photo : Tristan Choisel

jeudi 23 avril 2020

La consultation

- Bonjour ! On m’a dit qu’un thérapeute s’installait dans le quartier.
- C’est exact.
- Voilà docteur vous allez me soigner alors, vous me donnerez ce qu’il faut, peut être des coupes faim ? J’ai toujours envie de manger des chocolats !
- Je ne suis pas docteur.
- Alors quoi : neurologue, allergologue, astrologue ?
- Psychologue et cessez ce monologue ! Parlez moi plutôt des chocolats.
- Mais c’est que je ne veux plus y penser, docteur, alors je ne peux pas en parler!
- Pour tout prologue : allongez-vous ! Mais non ne vous déshabillez pas !
- Mais vous allez m’examiner ?
- Vous n’êtes pas en examen ici, cela vous rappelle votre enfance : l’école, les chocolats, y a-t-il un lien?
- Ah! Je vous vois venir, vous ! Vous croyez peut-être que ma mère me mettait du chocolat dans le cartable avant de partir à l'école quand il y avait des examens ?
- Nous y voilà... Comme une drogue ? Ou quelque chose d'homologue?
- Cessons cet épilogue ! Je m'en vais espèce de mythologue va !



Librement inspiré du film "Un divan à Tunis" (NdA)


Consigne : en 5 à 10 lignes, un texte drôle.



Au fond du trou

Elsa fixait les marches ; des années qu'elle voulait les gravir, les monter une à une. La liberté était au bout de ces huit marches, rien ne semblait lui faire obstacle. Lever un pied, un deuxième. Partir, fuir, s'échapper de cette prison. Depuis combien de temps y était elle enfermée ? une éternité en enfer. Elle ne savait plus qui elle était. Elsa détourna les yeux des marches et se dirigea vers le fond de la pièce. Mais qui était donc cette femme qui la regardait ? Elle fixa cette quinquagénaire au teint blafard, au regard éteint. Des joues creuses et fripées faisaient ressortir d'affreuses pattes d'oie. Qui es tu ? lui demanda Elsa. Les lèvres de l'inconnue en face d'elle bougèrent simultanément sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Perplexe, Elsa se passa la main dans les cheveux en un geste machinal. C'est alors que l'inconnue en face d'elle eu le même geste. Elsa hurla, un cri des profondeurs de son âme.




Consigne : en 5 à 10 lignes, une fiction inspirée du cliché. 















Crédit photo : Tristan Choisel

mercredi 22 avril 2020

L'escalier


En voyant cet escalier me reviennent en mémoire mes visites dans certains quartiers et des sensations émergent. Sensations visuelles du sombre, du précaire, du défraichi, du fissuré ; sensations olfactives de l’insalubre, de l’humide, du pourri, de la pisse ; sensations émotionnelles de la crainte des chiens, des hommes patibulaires, de qui va m’ouvrir la porte.
Mais à bien y regarder, ce n’est pas l’escalier d’une maison ou d’un immeuble et il est beaucoup plus large que les escaliers que j’ai fréquentés. C’est une traverse et en haut, tout au bout, on entrevoit la lumière comme la promesse d’un jour nouveau.



Consigne : Une fiction de 5 à 10 lignes, inspirée de cette photo.















Crédit photo : Tristan Choisel

dimanche 19 avril 2020

La désobeissance

Dans la famille Souriceau tous les enfants sont très obéissants. Sauf un, un peu effronté, plus hardi, plus aventureux. Il est, depuis longtemps, intrigué par ce qu’il peut bien y avoir là haut où tout est si lumineux. Il observe, de loin, se demandant pourquoi il n’a pas le droit d’y aller. Un jour, n’y tenant plus, il commence à gravir ces marches, une, deux, puis trois, quatre... il hésite, il sait qu’il ne doit pas le faire, mais il continue très vite, pour ne plus réfléchir. Il y est ! Mais aveuglé par toute cette clarté, il ne voit pas le chat Moustache qui passait par là...


Consigne : en 5 à 10 lignes, une fiction inspirée du cliché. 


















 Crédit photo : Tristan Choisel


mardi 14 avril 2020

Promesse embarrassante

Un couple est en train de déjeuner
Le mari :

- Je renouvelle ma proposition d’aller passer quelques jours au bord de la mer.
- Je t’ai dit dix fois que j’avais pas envie !
- Mais enfin pourquoi ?
- C’est trop loin.
- Trop loin ? Comment ? Après être restés plusieurs mois confinés à la maison, tu n’as pas envie de prendre la voiture et de changer de lieu ?
- Justement ! Ça va être la ruée : il y aura trop de monde.
-Trop de monde ! Mais depuis combien de temps n’avons-nous pas vu une seule personne ?
- Et puis, j’avais promis à ma mère que nous irions chez elle sitôt que nous pourrions sortir .
- Ah !!!!!!!



Consigne : saynète 30 sec - réplique : je t'ai dit dix fois que j'avais pas envie. 




dimanche 12 avril 2020

L'appel


Une heure qu’elle marchait dans la nuit noire. Jade arriva enfin au bord de la mer. La mer était son apaisement, la nuit son refuge. Elle se déchaussa et s’avança lentement. Elle fut surprise par la tiédeur de l’eau et se réjouit de l’accueil que lui réservait la mer. Elle ferma les yeux et ressentit la vie autour d’elle. Elle savait que c’était son monde, qu’elle y avait vécu. Elle entendait le chuchotement de l’eau, le chant émanant des profondeurs de la mer. L’envie lui prit de s’enfoncer plus encore et donner écho à ce chant envoûtant.





Consigne : Ecrire une micro fiction de 5 à 10 lignes qui se passe la nuit.




La demande en mariage

Elle : Dis, si on se mariait ? 
Lui : Mais qu’est ce qu’il te prend ? On n’est pas bien comme ça ?
Elle : Si, mais ça ferait tellement plaisir à mes parents…
Lui : Et alors ? qu’est ce que j’en ai à faire de leur faire plaisir ! c’est pas eux qui se marient, c’est nous.
Elle : Alors c’est oui ! 
Lui : Mais non ! c’est une façon de parler... je t’ai dit dix fois que j’avais pas envie.
Elle : Si tu m’aimais vraiment…
Lui : Oh là ! Pas de chantage et ne commence pas à pleurnicher. 
Elle : Et bien, au moins comme ça, on n’aura pas besoin de divorcer ! 


Consigne : saynète 30 sec comprenant la réplique "je t'ai dit dix fois que j'avais pas envie".



Desert storm

Le ciel s’obscurcit peu à peu.
Un orage gronde, bruit de tonnerre d'abord lointain mais qui déjà résonne de dune en dune. Un vent d'abord léger se lève. Le sable roule grain après grain puis teinte le ciel de pourpre.
Un éclair au loin embrase l'horizon ; mais à bien y regarder c'est un puits de pétrole, puis deux, puis trois qui flambent.
C'est quelque part dans le désert d'Arabie.
Puis la tempête se déchaine : sourde, précise, dévastatrice ; le tonnerre s'intensifie, le ciel devient opaque.
D'autres éclairs déchirent l'immensité.
Desert storm.
C'était dans le golfe persique en 1991 et depuis le monde n'a jamais plus été le même.




Consigne : 5 à 10 lignes - thème : une tempête.