Présentation

L’Atelier d’écriture de Solliès-Pont a commencé en septembre 2018 à l’initiative de Tristan Choisel, auteur de théâtre et de chansons. Pourquoi ? Pour s’initier à l’écriture de formes brèves (nouvelles, saynètes…), pour perfectionner son style ou pour simplement explorer son potentiel créatif. Nous sommes sept à partager nos textes dans la bienveillance, un peu d’humour et toujours avec beaucoup de plaisir. L’association « L’Atelier de Solliès-Pont » abrite cette initiative et vous pouvez nous rejoindre si, comme nous, vous avez l’âme d’un écrivain amateur.

Ce blog est la mémoire de notre travail. Il sert à mettre en lumière quelques-uns de nos textes. Enfin, il permet de communiquer entre nous plus facilement.

mardi 16 juillet 2024

Partir ou rester


« Partir loin dès qu’elle aura fini ses études de comptabilité » voilà ce qu’elle crie haut et fort à qui veut l’entendre. Enfant unique et fruit d’un mariage sur le tard, elle affirme sans hésiter « qu’elle veut être indépendante et libre, quitte à tout laisser derrière elle, ses parents vieillissants, ses amis, sa vie d’ici ! ».


Et voilà que l’opportunité tant désirée se présente sous la forme d’une proposition d’embauche dans une ferme perlière en Polynésie française avec à la clef un salaire attractif, un logement et un contrat à durée indéterminée garantis. Alors qu’elle n’a plus qu’à signer pour enfin réaliser ses rêves, le doute s’installe et commence à prendre toute la place dans sa tête : partir ou rester ?

 

Michèle


"Consigne : texte libre en huit lignes"

mardi 2 juillet 2024

La meilleure des cachettes

J’ai fouillé toutes les armoires, tous les tiroirs, tous les placards et même les endroits les plus improbables. Résultat : impossible de remettre la main sur cette petite boîte à bijoux.

Je me souviens qu’avant un départ en vacances j’étais fière d’avoir trouvé une bonne cachette, me disant que d’éventuels cambrioleurs n’auraient jamais l’idée d’aller fureter à cet endroit. Eh bien me voilà bien avancée parce qu’aujourd’hui c’est moi qui suis bien incapable de la retrouver. Belle réussite !

Bon j’abandonne maintenant. Laissons faire le hasard qui un jour sans doute la fera réapparaitre.

Mais j’y pense, si je meurs brusquement, personne ne saura jamais qu’il y a des bijoux dissimulés quelque part dans la maison. Il faut que je prévienne les enfants.

Finalement j’aime assez l’idée d’une chasse au trésor organisée après ma mort ! 


Martine F

Thème : La meilleure des cachettes

Une jeune fille en pleurs

Dans l’ambiance feutrée du wagon presque vide, il me semble soudain entendre des sanglots étouffés. Je lève les yeux de mon livre et je m'aperçois qu'il s'agit de la jeune fille assise sur le siège opposé au mien, montée lors du précédent arrêt. Elle doit avoir dans les vingt ans, plutôt jolie. Son corps est secoué de sanglots et ses joues inondées de larmes. Je ne parviens pas à détourner mon regard, elle me semble si fragile. Ses mains fines tordent nerveusement un mouchoir.

Un instant ses yeux me fixent, sans doute a-t-elle senti mon regard insistant. Je n’ai pas même le temps d’esquisser un sourire empreint de compassion qu’elle a déjà tourné la tête, plongée dans son chagrin, et rivé ses yeux sur le paysage défilant par la fenêtre du train.

Pleure-t-elle sur un amour perdu, sur la mort d’un être cher, sur un échec cruel ? Je ne le saurai jamais ; le train entre en gare, brusquement elle se lève, saisit ses affaires, court vers la porte, descend et disparait sur le quai, aussitôt happée par la foule des voyageurs.


Martine F

S'inspirer de l'idée exprimée par le poème d'Antoine Pol "Les passantes" mis en chanson par Brassens.

mardi 25 juin 2024

La lavandière

Lorsque nous nous sommes installés à la campagne, j’ai trouvé amusant de voir ma femme, directrice de médiathèque, se transformer occasionnellement en lavandière pour aller laver son petit linge, avec sa brouette flambante neuve, au lavoir près de chez nous. 


Mais lorsqu’elle a commencé à s’y rendre chaque soir après son travail, y compris les week-ends et les vacances, alors que nous avions une machine à laver haut de gamme, ça ne m’a plus fait rire. Aller au lavoir pour brosser nos vêtements et notre linge de maison est devenu sa priorité, au détriment de nos enfants et de notre vie de couple.


Au bout d’un an, j’ai fini par claquer la porte avec mes filles. J’ai eu l’impression qu’elle était soulagée de nous voir partir.


" Consignes : texte libre en huit lignes"

samedi 15 juin 2024

Délivrance

Raymond attend devant un calvaire en rase campagne, suite au mystérieux message d’Henri, un ancien compagnon de section. De l’autre côté de la route il y a un type qui semble l’observer. Raymond, peu rassuré, s’impatiente. Cinq minutes encore et après il décampe.

L’homme traverse et s’avance vers lui. Calmement il pointe un pistolet dans sa direction.

- Que me voulez-vous ? bredouille Raymond terrifié.

- Devant ce calvaire, dit l’homme, la milice française dont vous faisiez partie, a lâchement abattu un jeune résistant.

- Mais c’était la guerre, se défend Raymond.

- Mais c’était mon frère répond l’homme.

Et il l’abat sans hésitation. Des larmes inondent son visage. D’une main tremblante, il insère entre les pierres du calvaire la photo d’un tout jeune homme. Sera-t-il enfin délivré de son chagrin ?



 

 

Martine F

consigne : thème libre, 8 lignes












Le piège


Cette histoire est vraie.

Le 7 avril 1994, six milles hommes, femmes et enfants quittent leurs maisons pour se cacher dans la forêt sur la colline. Ils courent pour ne pas mourir et sans jamais s’arrêter, de 9h à 11h et de 13h à 16h, tant qu'ils restent vivants.

Chaque matin, les guetteurs postés dans les arbres annoncent les colonnes d’extrémistes armés qui montent vers eux. Les réfugiés se mettent alors à courir par petits groupes et lorsqu’ils sentent le vent des machettes dans leur dos ils s’égayent comme des antilopes pour que l’un d’entre eux ait au moins une chance de survivre. Cela s’arrête lorsque les génocidaires fatigués de leur travail redescendent pour manger, se reposer et raconter leurs exploits. Alors les survivants du soir savent qu’ils ont au moins une nuit devant eux.

Le 12 mai 1994, après 35 jours, sur les six milles, seuls une femme et dix-neuf hommes sont en vie.




Catherine H
Consigne : thème libre, 8 lignes

vendredi 17 mai 2024

Une étrange rencontre

J'entends une voix me dire – une toute petite voix si hésitante dans mon dos que je crois rêver : “ S’il vous plaît, puis-je monter à bord ?”. Je me retourne et ne vois personne. Je suis assise dans le cockpit de mon petit voilier de 9m, seule à bord, en pleine mer à plus de quatre milles nautiques de la côte, au milieu de rien : de l’eau, que de l’eau et aucun bateau en vue. Mon cœur bat la chamade !

Bon, il fait chaud, un vent léger me pousse et la houle fait doucement rouler le bateau. C’est sûr, je me suis endormie et j’ai rêvé, ouf ! J’attrape mon GPS pour faire le point et alors, je vois une petite main d’enfant surgir de l’eau et s’agripper au pont du bateau sur tribord. “S’il vous plaît, puis-je monter à bord?”






Catherine H-V


Consigne: écrire 8 lignes avec l’incipit “J’entends une voix me dire”

Orange

Je me réveille après une nuit agitée où j’ai fait des rêves bizarres avec la couleur orange omniprésente, à la limite du cauchemar. J’appuie sur mon réveil pour l’arrêter. Tiens, il est orange aussi. Dans ma cuisine vert amande mon regard est tout de suite attiré par mon horloge orange et par le bocal à glaçons, de la même couleur, qui traine sur la paillasse. Je vais réveiller ma fille et en appuyant sur l’interrupteur la couleur orangée de l’abat-jour me saute aux yeux.
Je n’avais pas remarqué que j’avais autant d’objets de couleur orangée chez moi. C’est vrai qu’ils sont petits et disséminés dans l’appartement, au contraire de notre achat d’y hier avec sa couleur rutilante, orange vif.
La couleur ne me plaisait pas mais c’était la seule disponible immédiatement.
Je vais à la fenêtre voir si elle est toujours là. On ne voit qu’elle sur le parking et on dirait que le soleil levant concentre sur elle tous ses rayons pour la faire briller davantage.




Armelle

Consigne : thème : couleur orange

jeudi 16 mai 2024

Franchise

Je vais être franche : je n'y crois pas. Ce n'est pas possible ; cela fait trois fois que la même histoire t'arrive. Comment peux-tu être aussi naïve ?

Chaque fois que tu rencontres un gars : tu l'héberges chez toi, vous vivez quelque temps ensemble, soi-disant le grand amour, puis un beau jour il disparaît laissant ta maison dans un sale état et te « piquant » au passage ce qui l'intéresse et tout cela pendant tes heures de travail....

Une première fois, c'est un peu agaçant.

Une deuxième fois, c'est triste et décevant.

Et alors, une troisième fois, c'est de l'imprudence.






Claude

Consigne : incipit : Je vais être franche : je n'y crois pas.

La route du village

En voiture, j'aimais prendre cette route, sinueuse et étroite, qui montait au village ; d'un coté, c'était la colline avec ses grands pins et son chemin escarpé, et qui, dès le début du printemps, s'ornait de genêts, de glaïeuls sauvages et d'herbes folles. Je m'imaginais en vacances quand je la prenais.

De l'autre côté : il y avait en contrebas, au dessous d'un parapet, une petite rivière qui faisait joliment chanter les pierres, les galets, mais qui, par contre, après de grosses pluies, devenait un torrent boueux impétueux emportant avec lui de grosses branches et quelquefois des arbres, enfin tout ce qui devait la déranger sur son passage.

PROCHAINEMENT CONSTRUCTION DE 22 VILLAS



 
 
Claude
Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

Observation des oiseaux

Je suis venue tôt ce matin sur la falaise observer les oiseaux qui nichent sur les rochers de la petite île en face, réservée aux oiseaux. J’ai passé des heures sans m’ennuyer à observer leur manège, les adultes qui donnent la becquée aux petits, ou la femelle qui couve ses œufs. J’ai pu observer aussi la parade des amours qui ressemble à une chorégraphie sophistiquée de danse classique ou les femelles se dressent sur leurs longues pattes comme les danseuses sur les pointes et les mâles répondent avec force mouvements d’ailes imitant les mouvements de bras des danseurs.

En redescendant vers la plage, de l’autre côté, je remarque une foule de gens massés au bord de l’eau qui regardent la mer. En les imitant je distingue comme une nuée d’oiseaux qui battent des ailes en plongeant en rythme. Je reprends mes jumelles et distingue alors des centaines de bras et d’épaules qui fendent l’eau, des nageurs qui concourent pour le triathlon.

 

 

Armelle

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

mardi 14 mai 2024

Cinquante euros

Cela fait une demi-heure que le train circule. Soudain, il s’arrête dans un grand bruit de freins, projetant les voyageurs en avant. Aussitôt le wagon est en ébullition. Les gens se lèvent pour voir ce qui se passe, des enfants pleurent par peur ou parce qu’ils se sont cognés. Par-dessus ce bruit, le haut-parleur retentit :

« Nous vous demandons de ne pas quitter vos places et surtout de ne pas descendre sur les voies, le train étant arrêté en pleine campagne suite à un accident de personne. »

Ce détail me ramène quelques années en arrière, quand j’avais cédé au chantage d’un homme aux abois, qui préférait se jeter sous le train plutôt que d’affronter ses compagnons d’infortune, SDF comme lui, sans les 50€ qu’il leur devait. Les autres membres de l’association m’avaient critiqué mais la vie d’un homme ne vaut-elle pas plus que 50 € ? Peut-être que, ce soir, la personne s’est jetée sous le train car personne ne lui a tendu la main ?



Armelle

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

lundi 13 mai 2024

Manque d'inspiration


Je suis un peu émue lorsque je sonne à la porte du cottage où j’ai passé mon enfance.

Au bout de quelques secondes, un homme ouvre la porte, sort sur le pallier, et avant même que j’ai pu dire un mot, me débite d’une voix sourde :

« Je n’ai plus d’inspiration, plus du tout. C’est dramatique voyez-vous. C’est parti comme ça, d’un coup, alors que je ne m’y attendais pas, bien au contraire, j’avais plutôt l’impression ces derniers temps d’avoir l’esprit créatif, je trouvais mes idées originales, j’étais plutôt fier de ce que j’écrivais.

Mais je dois me rendre à l’évidence, je n’ai plus d’inspiration, plus du tout, ça m’affole voyez vous, de ne plus avoir une seule goutte d’imagination, le cerveau vide.

Comme chaque après-midi, je me suis mis devant mon ordinateur sur la terrasse du jardin, il faisait beau, une brise légère me caressait le visage, les oiseaux gazouillaient, les rosiers plantés par mon père étaient en fleurs, les roses odorantes. Bref, les conditions idéales étaient réunies pour laisser vagabonder mon imagination.

Comme chaque après-midi, je venais de déguster une collation que j'avais pris le temps de préparer : des crudités, du pain aux graines et des fruits frais, tout en sirotant mon thé vert au jasmin qui finissait d’infuser.

Et là, au moment crucial où mon esprit aurait dû être créatif, fantasque, où j’attendais l’excitation que l’on ressent au début de l’invention d’une histoire, ce moment subtil, débridé ou fou tellement jouissif eh bien là, rien ne vient, rien…

Je reste pétrifié comme un pantin, les doigts en suspens sur le clavier, le regard hébété sur la page blanche de mon logiciel et rien ne vient, rien.

Je me lève, je prends de profondes inspirations, je bois un verre d’eau, je fais deux fois le tour du jardin et rien ne vient, rien…

Je vois bien que ça vous fait sourire, mais c’est tragique de ne plus avoir d’inspiration, voyez-vous, c’est tragique !!! »
 
 
 

Consigne : Fiction avec un personnage principal que vous ne connaissiez pas quand vous étiez enfant qui se passe dans le quartier où vous avez passé votre enfance.

Michèle

Faire un pas

 J’entends une voix me dire : « Vous ne devriez pas rester là, c’est dangereux. »

Cette voix douce et inquiète me sort tout à coup de ma léthargie. Je réalise que je me trouve debout tout au bord de la falaise et que le moindre mouvement peut me précipiter dans le vide. Mais qu'est-ce que je fais là ? J'ai très peur soudain. 

"Je vous en prie reculez au moins d'un pas".

Mais je ne peux pas, je suis tétanisée. Je ferme les yeux et c'est pire encore, j'ai l'impression que le vide va m'aspirer. Le bruit assourdissant de la mer qui cogne le pied de la falaise m'effraie. Je rouvre  les  yeux et je me concentre sur la ligne d'horizon au loin ; je respire profondément. 

 « Je vais avancer doucement vers vous et vous prendrez ma main. Laissez-moi vous aider.", me supplie la voix..

Il y a bien longtemps que plus personne ne m’a tendu la main.   


Martine F

Consigne : 8 lignes - Incipit : "J'entends une voix me dire"

Méprise

  

- Madame que faites-vous avec cette valise ?

- Je dois partir d’ici au plus vite, je ne m’y plais pas. Les gens sont un peu bizarres.

- Mais vous venez juste d’arriver. Où comptez-vous aller comme ça ?

- Je ne sais pas encore mais je dois quitter cet hôtel. Ma chambre avec des barreaux à la fenêtre ça m’angoisse.

- Pourquoi donc pensez-vous être dans un hôtel ?

- Quelle étrange question ! Eh bien parce que sur le porche à l’entrée il est écrit en gros « Hôtel Dieu ».

- Ah d’accord je comprends mieux, mais c’est un hôpital ici Madame.

- Ah bon ! Alors c’est une erreur du taxi blanc qui m’a amenée. Il faut le rappeler. « Ambulance » c’est le nom de sa compagnie, je m’en souviens c’était écrit en gros sur le capot. Ça ne doit pas être difficile de le retrouver. Vous voulez bien m’aider ?

 

Martine F

Consigne : fiction 8 lignes - thème libre

dimanche 21 avril 2024

Obsession



Rose, son corps fût découvert au milieu d’un parterre de fleurs dans un jardin public, Ondine fût retrouvée noyée dans la Seine, le corps de Perle était positionné assis à l’entrée d’une bijouterie, elle avait été étranglée avec un collier en perles de métal.

Quai des orfèvres, le policier n’avait aucun doute, ils avaient affaire à un tueur en série, qui mettait en scène ses victimes selon leur prénom. Et il y a deux jours, une autre jeune fille répondant au prénom d’Isis, dix huit ans, avait été enlevée. Il fallait faire vite avant que ce salopard ne passe à l’acte, en inventant encore un scénario tordu et morbide.

« Alors Isis, tu ne t’ennuies pas trop dans ma cave ? Je vais bientôt m’occuper de toi. Je prépare un spectacle digne de ton majestueux prénom, ma petite déesse. Les médias parlent de moi, et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Il y a tant de jolis prénoms qui excitent mon imagination. »

Oui je m’appelle Isis. Je suis séquestrée dans une cave immonde. J’ai eu le temps d’envoyer un SMS avant qu’il ne me prenne mon portable. Je ne serai pas sa quatrième victime, déguisée en momie et prisonnière d’un sarcophage, mon corps ne servira pas pour une de ses macabre mise en scène. Les sarcophages sont pour les musées, pas pour moi.







Pat

Consigne : polar en 15 lignes

jeudi 4 avril 2024

Home, Ôm, Ôm

Iris regarde par la fenêtre depuis son studio, situé au sixième étage du 141 Boulevard Saint Marcel à Paris. Rien ne bouge. C’est le calme absolu depuis dix jours. Ce deuxième confinement en début de printemps l’étouffe. Elle tourne en rond dans son appartement et ce n’est pas cette misérable heure où elle peut sortir faire ses courses sans trop s’éloigner qui l’apaise. Bien au contraire. Elle a envie de pousser plus loin, plus longtemps, hors les murs.

Iris rythme ses jours en copiés-collés. Musique, lecture, yoga, internet et puis... rien. Du vide et du silence ou presque. Iris est obnubilée par ce maudit bruit qui provient du toit, juste au dessus de son appartement. Une antenne relais y est plantée. Cette précieuse technologie, qui l’abreuve d’informations et d’échanges virtuels, s’insinue dans son cerveau en sifflotant. Encore un mauvais coup du confinement qui amplifie tout...

Alors Iris cherche sur internet. Elle reconnaît et s’attribue tous les symptômes des intolérants aux ondes électromagnétiques : irritabilité, sifflement dans les oreilles, dépression, sommeil perturbé, picotements dans tout le corps… Ses recherches la mobilisent toute la journée et même la nuit, au point d’en devenir experte.

Après des heures et des heures d’exploration, Iris détient enfin la solution pour échapper à ce poison : se réfugier dans une grotte. Il est urgent de fuir cette civilisation qui la détruit. Pour cela il convient de pratiquer une méditation affectée à l’antenne relais pour entrer en connexion avec elle. Iris force le passage, entre en communion et commence à ressentir des signes.

Contact 5/5. Iris sent ses poumons se gonfler, son corps respire, elle n’a plus mal. L’antenne relais se repentit, l’aspire et la projette au fin fond d’une forêt, juste devant l’entrée d’une grotte.





Consigne pour le 29/03/24 en 15l Une histoire fantastique qui se termine en forêt


Catherine

La preuve

Comme tous les jeudis après-midi depuis cinq ans, Max et Jean se retrouvent autour du billard pour le plaisir de jouer ensemble. Peu importe le résultat, l’essentiel niche dans l’amitié partagée.

Jean commence la partie. Délicatement une première boule est frappée. Elle se déplace et en cogne une autre qui en cogne une autre qui finalement tombe dans un trou. Le point est marqué. Les amis se réjouissent de ce joli coup. Ils sourient lorsque subitement ils entendent un étrange remue ménage dans le billard. Le tapis se soulève légèrement. Bizarrement la boule ne ressort pas.

Serait-elle coincée ? Cela n’explique pas ce brouhaha ni ce mini « tremblement de billard ». La boule finit par apparaître en même temps qu’une fumée bleutée. Elle se métamorphose en créature brune, toute vêtue de blanc. Toute souriante, elle s’exclame :

- Voilà des années que je suis cognée, malmenée et dirigée là où je ne veux pas aller. Au diable ce mauvais sort jeté par la boule rouge ! Je vous espérais. Seules l’amitié, l’absence de rivalité, la loyauté pouvaient conjurer ce sort. Vous en êtes l’incarnation, la preuve vivante ! Merci. Ne m’en veuillez pas, je reprends en main ma destinée. J’assumerai mes choix et décisions. Désormais ma vie m’appartient, merci messieurs !





Consigne pour l’atelier du 22/03/24 : En titre « La preuve » style fantastique en 10 lignes

Catherine

 

mardi 2 avril 2024

Métamorphoses

« Vous n’avez pas rêvé vous, un jour, de tout plaquer ? » Et bien, moi j’ai fini par le faire. C’était une question de survie. Bien évidemment, j’ai attendu que les enfants grandissent. Je n’allais tout de même pas les abandonner sur le trottoir, encore moins dans une poubelle… J’ai attendu ma retraite aussi, vous ne croyez pas que j’allais tout laisser à l’état. Donc j’ai quitté cette vie terne, j’ai laissé les Hommes se dépatouiller avec leurs  pulsions, de toute façon, je n’y pouvais rien contre leur guerre.
J’avais repéré une cabane de pierres sèches dans l’alpage, abandonnée, j’ai pensé que c’était étrange… Un si bel endroit. Juste le bruit de la source, des oiseaux, le cri des marmottes dans les derniers rayons du soleil couchant. Le soir, un feu dans la cheminée, un livre pour les jours de pluie, un carnet pour écrire les couleurs du ciel. Un jardin potager et les bûches à aller couper pour l’hiver.
Après avoir disposé quelques affaires, je réchauffe la cabane avec ce premier feu de bois. D’abord le poêle crache une fumée épaisse, difficile à dissiper. J’ai la sale impression qu’il me résiste. Enfin une fois lancé, les étincelles pétillent. Puis les bûches arrêtent de se consumer, comme immobiles. La flamme est vive, les lueurs intenses mais la bûche reste intacte. Je finis par m’endormir dans un vieux fauteuil hypnotisé par le brasier. Au matin, le foyer est toujours aussi vivace. Je réprime une folle pulsion d'ouvrir le poêle pour essayer d’étouffer le feu.
Je quitte la cabane, je redescends un peu vers la forêt, ma hache dans la brouette, faire provision de nouvelles bûches. Dés la première cognée, je suis arrêté par un bruit sourd. Je relève la tête, un chevreuil  frotte ses bois contre le tronc d’un arbre. Ses bois se détachent et tombent dans le feuillage. Saisi je regarde, inerte, l'animal disparaitre.
Je me remets finalement à la tâche  et je sens une goutte, puis deux, trois tomber sur ma nuque. Je lève les yeux et je vois l'arbre pleurer, les larmes se mettent à couler une à une. Pour chaque larme tombée, une feuille se froisse, se dessèche aussitôt les larmes tombées. L’arbre se métamorphose.

 

Christiane.

 

Consigne : Une histoire qui se termine en forêt

samedi 30 mars 2024

La preuve


 

Ce matin c’est le printemps, le printemps des poètes, le printemps du cinéma, le printemps arabe, le printemps de Vivaldi, de Botticelli. Le printemps par ci, le printemps  par là…Le printemps c’est le jour du bonheur, du bonheur à tout prix. « Enfonce toi bien ça dans le crâne mais c’est rasoir à la fin cette rengaine ». C’est ce qu’il se dit en se dirigeant vers sa salle de bain. Au dessus du lavabo, il s’enduit de mousse à raser,  après  le premier passage de la lame, sa barbe continue de pousser, il y revient plusieurs fois. Rien a faire, ça pousse et un peu plus à chaque coup de rasoir. Des pépins noirs viennent parsemer ses joues. Sa bouche se fend comme une tranche de pastèque vermeille. Ses oreilles se mettent a bourdonner. Son cœur palpite comme un oiseau. Il a les nerfs à vif. Il visualise des racines qui se répandent de son cerveau jusqu’à son cœur.  Un coquelicot y pousse. Il sent une vague de chaleur à l’estomac. Ça irradie, ça chauffe. Une lave ardente envahit son ventre. Une fumerolle s’échappe de son nombril. Il veut sortir de cette fichue salle de bain. A bout d’énergie, il enveloppe le coquelicot de son cœur dans un mouchoir de larmes. Tout à coup, il se sent épié. Un souffle puissant lui frôle l’épaule. Une hirondelle s’y pose. La porte bon sang ! la porte ! il veut s’enfuir.  Il saisit la poignée, elle est brûlante. Il retourne la manche de son pull, attrape à nouveau la poignée et réussit enfin, à l’ouvrir cette satanée porte. Un nid d’hirondelles tombe à ses pieds. Un œuf se brise. Il se retrouve dans une forêt de cèdres.  


 

Christiane.

Consigne : titre : La preuve. genre fantastique, histoire qui se termine dans une forêt.



 


 




 

jeudi 28 mars 2024

Reconnaissance de paternité

Dès qu’elle est entrée dans la pièce le silence s’est fait. Tous les regards se sont tournés vers elle, curieux et interrogateurs.

Il s’était dit dans le village qu’elle était revenue mais personne jusqu’ici ne l’avait aperçue. Sans doute se cachait-elle, pensaient les uns, peut-être n’avait-elle pas envie de rencontrer les gens qui l’avaient si durement traitée autrefois, pensaient les autres.

Elle a choisi ce moment où ils sont tous réunis dans cette salle communale pour réapparaitre à leurs yeux. Elle se tient fièrement devant eux dans toute sa beauté ; deux ans déjà qu’elle s’est  enfuie ; c’est à peu de chose près l’âge de l’enfant qu’elle serre tendrement dans ses bras. 

Aujourd'hui elle sait qu’il sera facile pour ces bien-pensants de reconnaître à travers les traits de cet enfant ceux de son géniteur. Elle perçoit leur gène et s’en réjouit. On entend un murmure parcourir la salle.

Tous les regards se tournent maintenant vers le responsable de ce désastre.


Martine F.

Consigne : Incipit "Depuis qu'elle est entrée"

mardi 26 mars 2024

La vague

- Bonjour Madame, votre frère est-il là ?

Depuis ces simples mots prononcés, cette phrase me hante, je m’y accroche comme à une branche pour ne pas tomber.

Ce jeune homme, en me posant cette question, me faisait subitement oublier la réalité, me projetant dans un proche passé heureux. J’ai même failli lui répondre :

- Oui, vas-y, tu peux monter, il est dans sa chambre.

Mais que lui dire à cet innocent ? Dès que je lui parlerais, je savais qu’il plongerait dans l’effroi.

Que répondre à cette question ?

- Mon frère, mon frère, mon frère…

Non, je ne pouvais pas dire l’indicible. Je ne pouvais pas le propulser dans ce monde d’après l’annonce. Pauvre garçon…

Je restais figée, muette, tremblante, au point de l’en inquiéter.

- Madame, il est arrivé quelque chose à votre frère ?

Je ne pus lui répondre, de nouveau. Je sentis alors monter la vague des larmes, une marée montante et jamais descendante.





Consigne en atelier du 08/03/24 Incipit : « Bonjour Madame, votre frère est il là? »


Catherine


Ce qui me reste

11h30. En avance à mon rendez vous, je m’assoie sur un banc de pierre. Je contemple la mer depuis le Carré du port de Toulon. Plantée en son milieu, la statue Cuverville pointe l’horizon de son index tendu. Le geste du colosse dénudé nous indique fermement une direction, celle du sud. Que veut-il nous dire ? Je l’entends.

- Je dénonce le cimetière méditerranéen. Qu’avez-vous fait à ces hommes, femmes, enfants, meurtriers du 21° siècle !

Parfois il nous invite au voyage et d’autres fois à fuir.

L’homme de bronze nous laisse à nos interrogations, libres de nos pensées et de notre imagination. Je me tourne alors vers le ciel. Mais les cieux sont impénétrables et impermanents. Des nuages gris et blancs se teintent subitement en bleu. Un bleu intense réchauffé par les rayons de soleil. Les reflets de la mer en sages miroirs obéissent au ciel.

Je vis dans un pays en paix. Pour combien de temps ? Nul ne peut prédire l’avenir… Des images de villes détruites par la guerre m’assaillent. J’imagine ma ville par terre et reviens à la réalité. Non, les immeubles sont toujours debout. Quelle horreur la guerre !

Ici et maintenant, des badauds passent. Seuls ou accompagnés. Chacun dans ses pensées, dans son histoire, dans sa vie. Je les attrape au vol.

Un homme tonique, la trentaine, pull marin, cheveux bruns mi longs, marche à grandes enjambées. Il paraît déterminé. Il avance. Une vie qui se déplace, si fragile et problématique.

Une mère parle à son téléphone placé devant sa bouche. Elle traîne un enfant par la main. Lui voudrait lui parler mais il n’est pas écouté.

Un vieil homme plié en deux se déplace. Un pas puis un autre. Ses jambes alourdies suivent péniblement. Lui aussi a été un enfant, un jeune homme, un actif, peut-être même un sportif. Mais c’était il y a longtemps…

12h30 Le temps passe... combien au compteur pour chacun d’eux et pour moi ?

L’homme de bronze montre ses fesses et n’en sait rien.





Consigne pour l’atelier du 15/03/24 en titre : « Ce qui me reste »

Catherine

mercredi 13 mars 2024

Conséquences

 Au-delà de toute logique, je m'imagine chaque jour me transformer en arbre, en oiseau, en fleur ou en montagne. D'autres destinations s'imposent parfois à moi : objets, lieux ou êtres humains.

Je sais depuis mon enfance que mon enveloppe corporelle n'est qu'un prétexte, une chimère. Un champ des possibles où je ne suis pas une seule et même personne, prisonnière d'un corps.

Et me voilà rouge gorge, chaise, pétale de fleur, livre oublié, poisson, hirondelle et même mineur de fonds… Je vole, je nage, je me rigidifie, m’identifie, me rajeunis ou me retrouve en cendres. Un large éventail de déguisements. Un carnaval vivant.

Je me fonds dans l'environnement tel un buvard épousant formes, textures, couleurs, accents. Personne ne s'en aperçoit. Eux, les autres, ne perçoivent que mon enveloppe corporelle. Ma transformation n'est pas visible, juste ressentie dans mon espace intérieur. Moi, je découvre, j’explore et ressens.

Le jeu des métamorphoses est un jeu à double tranchant qui demande effort de concentration et réflexion. Le danger est de ne pas vouloir revenir à l’original et de me retrouver plantée tel un épouvantail au milieu d'un champ ou ceinturée dans une solide camisole de force.




Consigne pour l’atelier du 08/03/24 En titre : Conséquence

Catherine

Conséquence

Quelle soirée, beaucoup de musique, boissons à discrétion, jolies filles, beaux garçons, les yeux brillent… Quelques « aides » ont été sûrement rajoutées pour profiter pleinement de cette fantastique soirée, oubliés les soucis, les tracas de la vie quotidienne, place à la danse et aux rires. 

Puis il faut penser à rentrer, les lumières s’éteignent, on se sépare à regret avec promesse de se revoir bientôt. 

*


Perché au plus haut, sur son arbre préféré situé sur une petite route traversant un joli petit bois, un oiseau solitaire lance trois notes joyeuses pour saluer ce nouveau jour naissant.

Soudain le chanteur effrayé s’enfuit, son arbre favori s’est subitement mis à trembler à cinq heures du matin, les feuilles s’agitent en tous sens. Puis c’est le silence, aucun bruit.

Le jour commence timidement à se lever. Premières lueurs à la cime des arbres du petit bois.

Soudain, tout change, beaucoup d’agitation, de voix fortes. Les faisceaux lumineux des véhicules de secours dansent la farandole au pied de l’arbre.

Puis tout se calme. Aucun bruit, sauf dans le lointain, un dernier bruit de sirène. L’arbre, toujours assez meurtri se retrouve seul.

Dans quelques jours, de jolies fleurs fraîchement coupées seront déposées à son pied, dans l’herbe tendre.


 

 

 

Consigne pour l’atelier du 08/03/24 : en titre Conséquences

Monique

mardi 5 mars 2024

Ô rage

Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour ces vilenies !

Vous m’insultez mais vous ignorez que je suis sourd. Vous me croquez mais vous ignorez que je suis aveugle. Les chiens aboient et je passe avec ma caravane. Vos crachats ne m’atteignent pas, je poursuis ma route.

Vous êtes sourds, aveugles, crachats et vous ne le savez pas ! J’ai renoncé à vous éclairer de mes pauvres chandelles. Demeurez dans l’obscurité de votre cupidité et de votre égoïsme.

Fracassez-vous contre vos murs érigés de bave, de sang, d’argent et de haine. Vous êtes ces compagnies d’Attila débridées, menées par des commandants sans tête qui ravagent tout sur leur passage.

Je ne vous vois plus, je ne vous entends plus, vous ne me détruirez pas. Je ne me résoudrais pas à vivre dans votre monde construit à votre image.

D’autres générations grandissent et se soulèvent. Elles rejoignent ma caravane. Nous avançons vers la lumière d’un monde nouveau. Vous pouvez vous moquer et nous traiter d’utopistes. Certes, et même si vous êtes plus nombreux que nous, nous ne perdons pas l’espoir de vous regarder vous dévorer, vous déchirer car votre appétit est féroce. Je vous laisse l’illusion de nous exterminer. Nous ne sommes qu’au printemps d’une nouvelle ère.

Semons !





Consigne pour l’atelier du 23/02/24 : Sur un ton ironique, un narrateur, un personnage ferme les yeux sur une réalité

Catherine

La fermeture Eclair



Vite il faut que je passe ma robe. Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix parce qu'elle se ferme dans le dos, ce qui n'est pas très pratique mais je l'aime beaucoup, je devrais y arriver avec un peu de souplesse. Avant de l'enfiler, pour mettre toutes les chances de mon côté, je prends la précaution de passer un peu de savon sec tout le long de la fermeture Eclair, ça facilite le glissement du curseur. Effectivement au début tout se passe à merveille et puis tout à coup arrivée au milieu du dos, point critique s’il en est, la fermeture Eclair se coince. Déjà que je suis en retard pour me rendre à ce diner chez nos amis ça ne va pas arranger les choses.


Comment parvenir à la décoincer maintenant ? Quoique je tente, en tirant la pauvre robe tantôt vers le haut, tantôt sur le côté et tantôt vers le bas, rien n’y fait, je vais finir par l’abimer. Alors c'est mon corps que je tortille dans tous les sens mais mes bras sont trop courts, impossible de saisir le curseur pour essayer de descendre ou de remonter la fermeture. Je n'ai pas d'autre choix que de tenter d'enlever la robe. J'essaye de la passer par la tête, elle se retrouve arrêtée par ma poitrine, j'essaye de la passer par le bas, là ce sont mes hanches qui la bloquent. Je commence à haïr mon corps.


Bien entendu ça m’arrive à un moment où je suis seule à la maison et où mon mari va directement chez nos amis sans repasser par ici.


Tout à coup me vient une idée : je vais sonner chez nos voisins de palier. C’est lui qui ouvre, sa femme est sortie. Nous sommes un peu gênés tous les deux, il faut dire que mon dos est plutôt dénudé. Néanmoins le voisin s’offre de m’aider. Ses efforts restent vains, il ne parvient pas à décoincer cette foutue fermeture.


Soudain la porte de l’ascenseur s’ouvre, c’est mon mari. Je vous laisse imaginer le spectacle qui s’offre à lui : moi à moitié débraillée qui semble sortir de l’appartement du voisin !


Et la seule phrase qui me vient spontanément : Mais tu ne devais pas aller directement chez nos amis ?

Martine F
Consigne : Titre : La fermeture éclair

mardi 27 février 2024

L’escalator

Je viens d’être nommé directeur du personnel des ventes des Galeries Lafayette, boulevard Haussmann à Paris, au grand dam de mon collègue Daniel, pressenti pour le poste, mais mon assurance, mon dynamisme et mon projet de réorganisation ont séduit le grand patron qui n’a pas hésité une seconde à me confier ce rôle et le salaire qui va avec.

J’ai demandé à ma nouvelle secrétaire, que j’ai choisi pour ses talents de rédactrice mais aussi pour ses mensurations, de convier tout le personnel des ventes, à l’heure de la fermeture du magasin, dans la salle des conférences, afin de leur expliquer la nouvelle organisation que je vais mettre en place.

« Vingt-deux heures, est-ce une heure bien raisonnable pour réunir le personnel ? », me dit-elle et à mon regard froid elle comprend que mes ordres ne doivent pas être discutés et qu’elle n’est pas payée pour réfléchir. Sans attendre ma réponse, elle prévient tous les employés commerciaux que leur présence à cette réunion est obligatoire.

C’est donc d’un pas décidé que ce soir-là, j’arrive avec quelques minutes de retard pour être sûr que tout le monde sera présent. Il règne une ambiance bonne enfant malgré l’heure tardive et le silence s’installe progressivement lorsque je commence à expliquer comment l’organisation des ventes devra se dérouler dès la semaine prochaine. Je finis mon discours satisfait en les informant que dès demain, ils ne devront plus emprunter l'escalator pour se rendre dans les sept étages que compte le magasin. « En effet », leur dis-je, « l’escalator sera désormais réservé pour les clients et prendre les escaliers pour parcourir les 45 000 m2 du magasin vous sera profitable. »

Comment aurais-je pu imaginer que cette ultime mesure qui me paraissait anodine et mise en place pour leur santé physique me rendrait impopulaire auprès de l’ensemble du personnel et me coûterait mon poste quelques semaines plus tard ?


Michèle

Consigne : en quinze lignes, un texte dont le titre est « l’Escalator »

lundi 26 février 2024

Zip


La fée fermeture
Zébrée et métallique
Comme un éclair
Dans l’orage 
résiste ou se livre 
Comme un oracle

Certains avec rage

D’autres sans passion 
la tire et tire encore

Sans raison 

Dés lors, amère
comme une saison en enfer

Ma vie de fermeture 

S’écoule mécanique
Dans un geste automatique

Christiane

dimanche 25 février 2024

Peut mieux faire

Hugo s’était promis de s’attaquer dès les premiers jours de sa retraite au rangement de divers documents gardés précieusement. Cette fâcheuse habitude de tout garder « au cas où cela lui serait utile » avait fini par lui jouer de mauvais tours. Tout conserver l’étouffait de plus en plus. Il était temps de mettre de l’ordre et de jeter tout ce qui ne servait plus à rien. Hugo espérait que ce chantier-tri lui permettrait de retracer le fil de sa vie et lui réserverait des surprises. Une activité pénible à valeur ajoutée.

Tout y est passé, vraiment passé. Tout un passé, là étalé devant lui. En le parcourant, cela l’interrogeait sur son identité. Ce fut la valse de bulletins de salaires, remboursement de sécurité sociale, radios du dos, des pieds, des poumons, lettres de ses parents, celles de ses enfants partis aux quatre coins du monde, celles de son ex-épouse, les papiers du divorce, ceux de l’achat du terrain, les plans de la maison, ses bulletins scolaires…

Ah ! Ses bulletins scolaires ! Hugo les relut attentivement. Il fut frappé par une phrase qui revenait souvent dans les appréciations de ses professeurs : « Peut mieux faire », sans autres explications. Trois mots qui réveillèrent sa mémoire.

Les souvenirs remontèrent tirés par le fil du « Peut mieux faire ». Ses parents le grondaient car il pouvait mieux faire. Sa moyenne tournait autour de 10 sur 20. Il s’en sortait à chaque fois de justesse, sans redoubler.

Mieux faire, mais comment ? Personne ne croyait en ses efforts, même pas lui. Cette phrase le hantait le poursuivait, le questionnait.

Est-ce pour cette raison que sa femme l’avait quitté et que ses enfants vivaient si loin de lui, à l’étranger ? N’avait-il pas réussi à les satisfaire, eux aussi ? Tout comme au travail, il avait dû se battre à chaque fois pour obtenir une promotion.

Il n’en finissait pas de se demander s’il aurait pu en effet mieux faire.

Pouvait-il résumer sa vie en ces quelques mots ?





Consigne pour l’atelier du 16/02/24 / Un personnage à qui les autres reprochent de ne pas s’impliquer autant qu’il le devrait

Catherine

jeudi 22 février 2024

La fermeture Eclair


La fermeture Éclair, la modernité !
La libération de la femme !
Oui messieurs, grâce à moi fini le système d’œillets, crochets innombrables des corsets, les lacets infinis des bottines, les petits boutons à défaire dans le dos, fini la tendinite. Fini les boutons à recoudre, plus de gouttes de sang sur la neige.
Moi, la fermeture Éclair je suis si discrète, un petit geste furtif et c’est bouclé. L’affaire est conclue.
Suivant le manipulateur, je peux néanmoins vivre des aventures folles, il y en a qui ne savent pas y faire. Tiens hier soir là, un vrai cauchemar ! Un chic type hésite, flippe sur une mauvaise manip, un peu trop énergique. Le zip se grippe, il lui faut lubrifier le dispositif. Attention ! sans froisser, ni déchirer mes nippes.
Quelquefois voyez- vous, il m’arrive d’être coincée, des moments durs à vivre, mais facile à débloquer si je n’ai pas affaire à un abruti !
Dans mon cas, il n’est pas conseillé de se faire trop remarquer, le plus discret reste le noir, bien sûr, il y en a des pas futées de fermetures qui ont le mauvais goût de se teindre en rouge, jaune, verte, un vrai carnaval. On ne voit qu’elles.
Moi j’opte toujours pour le noir, le plus élégant, comme je vous le disais.
D’ailleurs j’ai gagné le concours, je suis Miss Éclair dans mon petit village.
Et j’espère couler des jours heureux avant d’être détrônée par la concurrence, ce vulgaire Velcro.


Christiane

Consigne : titre : la fermeture Éclair

mercredi 21 février 2024

Emballé c'est pesé

Je suis en train de me raser lorsqu’elle déboule dans la salle de bain.

« Ce n’est pas comme ça que je vois les choses », me dit-elle. « Moi je veux un mariage simple, en petit comité, c’est toi qui veux officialiser notre union en grandes pompes et j’ai voulu te faire plaisir, bien que je trouve un peu ridicule, après vingt ans de vie commune, de nous marier comme des jeunes tourtereaux, mais je n’imaginais pas que ce serait à moi de tout gérer, tu sais bien que j’ai énormément de boulot en ce moment, entre les enfants, les traductions et la vente de la maison… C’est facile pour toi, tu es toujours entre deux avions, et oui bien sûr, Monsieur est pilote d’Airbus A320 à Air France, ce n’est pas n’importe qui, il gagne beaucoup d’argent, ah ça oui, il gagne tellement d’argent que sa petite hôtesse de l’air de femme n’a plus besoin de travailler, ou tout au plus de gagner quatre sous avec ses traductions minables si ça lui fait plaisir, c’est bien comme ça que tu vois la vie, Mossieur le pilote n’est-ce pas ? Mes parents m’avaient prévenue, Bertrand a toujours été un égoïste, il faut que tu sois vraiment amoureuse pour ne pas t’en rendre compte ».

Elle vide son sac d’une seule traite et moi je ne l’écoute qu’à moitié. J’ai l’habitude avec elle. Régulièrement, elle me fait des reproches sur mon comportement mais je sais qu’elle est influencée par sa famille et qu’au fond d’elle, elle a conscience que je suis un homme formidable.

Je me retourne et lui adressant mon plus beau sourire lui rétorque : « c’est pour ça que je t’aime et que je veux t’épouser ma chérie, tu es une femme merveilleuse et une gestionnaire admirable, qu’est ce que je ferai sans toi ? » Décontenancée, sa colère retombe d’un coup et elle vient se blottir dans mes bras. Je pose mon rasoir et lui met de la mousse à raser sur le nez ce qui la fait rire.

« Et voilà "emballé c’est pesé", les femmes ce n’est pas compliqué, il faut juste savoir les prendre ».


Michèle

Consigne : Thème : « un personnage ou un narrateur à qui les autres reprochent de ne pas s’impliquer (ou trop peu) dans quelque chose » en 15 lignes, hors atelier.

lundi 19 février 2024

Copain d'avant

Une légère inquiétude. Se revoir après tant d’années... Une véritable folie. Je ne sais pas ce qui m’a pris de le contacter sur Copains d’avant.

Gérard, le beau Gérard qui me tétanisait... Il était assis juste devant moi. Je chavirais de voir son dos, sa nuque, son buste tonique, ses épaules carrées et ses cheveux blonds en catogan. Je n’avais pas besoin de m’envoler en regardant par la fenêtre, non, tout était là devant moi pour m’échapper du cours de maths. Après tout, avoir le brevet ou pas n’était pas ma première préoccupation.

Par contre, le revoir quarante cinq ans après, c’est plus compliqué. A l’époque, j’arrivais tout juste à lui parler, tant les battements de mon cœur tambourinaient. Mais maintenant, que lui dire ? A quoi ressemble-t-il ? Sans doute à un vieux voûté, peut-être gros et chauve ?

Faut dire qu’il n’a pas tardé à répondre à mon message. Était-il amoureux de moi sans oser me l’avouer ? Et que pensera-t-il en me voyant avec mes cheveux blancs et mes kilos en trop ? Me reconnaîtra-t-il ?

Je crois que j’ai fait une sacrée bêtise en lui écrivant et en lui donnant rendez-vous. J’aurais dû en rester aux échanges épistolaires ou aux souvenirs. Maintenant, ça risque de nous entraîner sur des terrains glissants.

Je m’inquiète et plus je réfléchis moins je résiste. Je vais y aller à ce rendez-vous mais je dois bien tout prévoir. Je tiens à lui montrer que le poids des années n’est pas une fatalité. Rien n’échappera aux préparatifs. Je décide d’établir un plan pour ne pas me laisser emporter : être en avance au rendez-vous, le voir arriver et décider de le rencontrer ou pas.

Arrivée sur le lieu du rendez-vous, en ce fameux jour j, je le guette en me cachant derrière des arbres. La statue près du bassin du jardin du Luxembourg semble me narguer, peu importe ! Mais oh surprise, Gérard est déjà là. Il n’a pas tellement changé, il se tient toujours aussi droit. Il n’est ni voûté, ni gros, ni chauve mais grisonnant. Je sens mon cœur tambouriner tout comme à 15 ans. Je me précipite

- Gérard, te voilà ! Tu n’as pas changé, je suis vraiment heureuse de te retrouver. C’est magique, 45 ans après !

- Désolé Madame, moi c’est Alexandre mais pour l’occasion vous pouvez aussi m’appeler Gérard.





Consigne en atelier du 26/01/24 : Incipit : « Une légère inquiétude »

Catherine

Incertitude

 Je suis glacée. Est-ce la mort qui approche ? Je finis par penser n’importe quoi. Je dois voir trop de films d’horreur. Dans la vraie vie, la mort ne sonne pas à la porte pour s’annoncer. Parfois, pas le temps de se retourner.

Pourtant, je suis glacée et en été c’est vraiment étrange. J’ai l’impression que je me suis vidée de mon sang. Mais où est-il passé ? Je suis sûre que mon cœur bat puisque je pense. Ou bien je suis déjà morte et ma pensée continue à cheminer. Si c’est le cas, je vais peut-être revenir à la vie. Ce qui est curieux, c’est ce froid. Un sidérant signal d’alarme m’accapare m’empêchant de réaliser que je ne peux plus bouger ni même ouvrir les yeux. Je le découvre avec effroi progressivement.

Mais que m’est-il arrivé ? Il faut que je me concentre pour sortir en priorité de cette sensation glaciale.

Si je ne reviens pas à la vie, il faudrait au moins que je sache ce qui m’a tuée, je partirai moins bête ! C’est important, très important. Se concentrer et réunir le peu de force qui me reste pour faire jaillir les souvenirs. Je crois qu’ils ne gèlent pas si on les entretient.

Je sens que cela remonte.

Ils sont informes, un vrai magma. Encore un effort, je ne veux pas mourir sans savoir.

Bien, je sens que cela se précise. Patience...

Oui, Je me souviens, j’avais rendez-vous avec Auguste pour aller au cinéma voir « Anatomie d’une chute ». C’était un beau soir d’été, un peu frais. Je marchais d’un bon pas, le sourire aux lèvres. Revoir Auguste et aller au cinéma me réjouissait et j’aimais contempler la Seine depuis le pont.

Et là, j’y suis, j’ai vu un énorme camion qui dérapait et arrachait tout sur son passage, y compris les barrières du pont. Puis le fracas monstrueux, le choc fracassant. Je tombe, je tombe de haut, de très haut. La chute, le fleuve glacé, puis plus rien.

Cette fois je peux mourir.





Consigne de l’atelier du 02/02/24 : Incipit : « Je suis glacée »

Catherine

samedi 17 février 2024

Que tu dis


« Ce n’est pas grave », que tu dis, « ça va passer ».

« Je sais », je te réponds, en prenant autant que possible une voix apaisée.

Mais déjà, je le sens arriver, ce long frisson glacé qui part de mon coccyx et qui remonte le long de ma colonne.

« Il faut dormir maintenant », que tu dis, « Il est trois heures du matin et j’ai une grosse journée demain avec les inspecteurs ».

« Oui, oui je me rendors », je m’empresse de te répondre, en regardant fixement la petite lumière rouge du radio-réveil qui égrène les minutes sur le plafond.

J’essaie de calmer les battements de mon coeur, en expirant profondément comme je l’ai appris en sophrologie, mais rien n’y fait, j’ai du mal à déglutir, je dois me lever…, tout de suite…!

« Mais qu’est ce que tu fais avec la couette ? », que tu dis sur un ton agacé.

Mais déjà je ne t’écoute plus, mes sens s’affolent, mon coeur s’emballe, je ne peux plus respirer…

« Appelle le 15, je vais mourir, appelle le 15 !!! »

« Mais non tu ne vas pas mourir », que tu dis, « c’est une attaque de panique, tu le sais, ce n’est pas la première fois !!! »

Mais moi je grelotte et je me pisse dessus… « Mais cette fois-ci c’est grave, je fais un AVC, appelle le 15 putain !!! », Je te réponds en hurlant…

Tu t’exécutes de mauvaise grâce pendant que mon coeur bat la chamade.

« Ils m’ont mis en attente…, merci vraiment, de m’avoir gâché la nuit !!! », que tu dis…

Michèle

Consigne : Titre : "Que tu dis" 15 lignes hors atelier

vendredi 16 février 2024

La belle vie

L'hiver finissait, elle venait d'avoir six ans. Le plus souvent, elle voyait sa mère dans son lit ; faire la grasse matinée puis de longues siestes l'après-midi. Elle trouvait que maman devenait vraiment flemmarde. La belle vie quoi ! Quelquefois, elle voyait des amis à la maison. Elle ne comprenait pas toujours les adultes. Ils ne parlaient pas beaucoup. Elle aussi avait la belle vie. On ne s'occupait pas trop d'elle. Personne sur son dos pour lui rappeler de se laver les mains avant de passer à table, de se brosser les dents avant d'aller au lit, se mettre un bonnet avant de sortir pour l'école. Ses devoirs, elle se débrouillait toute seule. Il lui arrivait de regretter de ne pas avoir un grand frère pour jouer et veiller sur elle.
Elle vivait dans une liberté infinie.
Un jour son père lui dit : " maman est morte."
 

 
 
 
Christiane.

Consigne : Un narrateur qui trouve un point positif à un malheur qu'il lui arrive.

Systéme D

Tu pourrais mouiller ta chemise. Au lieu de ça tu bailles !
Ça ne t'affecte pas peut -être que lors de la réunion du 25 Janvier la Banque Centrale Européenne ait voté l'augmentation des taux directeurs de 2,26 % à 2,90%.
Du jamais vu, de l'inédit mais toi, on te dit ça et tu te lèves pour faire pisser le chien !
Que la défaillance des entreprises progresse de 3 %, 
Tu t'en tapes ?
Le gel des financements aux entreprises que ça implique ! Les variations de l'inflation... 
Tu es au dessus de tout ça !
Les conditions financières restrictives, la crise délétère de l'énergie et les conflits armés... La morbidité à court terme, la détérioration de l'activité économique. 
Tu y penses toi ?
Tu crois peut-être que la politique de la BCE va rendre robuste ton CDD intérimaire ? 
Ne dis plus que tu ne peux rien y faire !
On ne te demande pas le grand soir mais lance une action ! Pas sur le marché évidemment, avec ta prime de précarité...
Mais sur ta chaîne, bon sang ! Sur ta chaîne de recyclage de bouchons plastiques. Une action qui fasse couler la chaîne ! Tu pourrais glisser des capsules de ta bière préférée !

Christiane.
 
Consigne : Un narrateur qui trouve le personnage pas assez impliqué dans une action ou une idée



Viande à part



A peine vient-il de franchir le seuil de la maison que Jeannette se précipite sur son mari en hurlant. « Non, mais tu ne sais pas ce que vient de me dire notre fille ?! » (Lorsqu’elle était en colère, elle ne l’appelait jamais par son prénom). Rolland n’a pas le temps de répondre qu’elle continue à vociférer d’une voix de crécelle : « Elle veut être bouchère, non mais tu imagines, bouchère ! C’est un métier pour une femme ça ?! »

Elle est tellement exaspérée que son visage est rouge et elle transpire à grosses gouttes. « Elle ressemble à un rosbif, voilà pourquoi notre fille est attirée par le métier de bouchère » pense Rolland. Il trouve cette idée si drôle qu’il ne peut s’empêcher de sourire.

« Non mais je rêve, ça te fait rire ?! » beugle-t-elle. « Nous allons devenir la risée de tous nos amis et toi ça te fait rire ! » Elle se dandine sur ses grandes jambes et ses yeux lancent des éclairs.

"Maintenant elle ressemble à une pintade", pense Rolland et pour cacher un rire impossible à réfréner, il fait semblant de tousser et s’empresse d’ajouter : « mais non, tu verras, elle va changer d’avis ».

« Quand je pense à tout l’argent que nous avons dépensé en cours particulier pour elle, pour qu’elle rattrape un niveau scolaire correct et qu'elle aille au lycée comme ses frères. Quel gaspillage et quelle perte de temps !" braille-t-elle. Et, en tournant les talons, elle rajoute rageusement avec dédain : "Tel père, telle fille !" Puis, rapidement, elle s'éloigne dans le couloir, tout en continuant à pester contre sa fille et son mari.

Rolland se surprend à l’imaginer en train de griller sur le tourne-broche qui sert à faire cuire le méchoui au fond du jardin, sa fille travestie en bouchère, en train de l’arroser méticuleusement avec une branche de romarin trempée dans de l’huile l’olive.

Un énorme rire le reprend qu’il ne cherche plus à contrôler.


Michèle






Texte écrit avec consignes en atelier "un des enfants est critiqué par les parents"


jeudi 8 février 2024

Tomber de haut


 
-  Oh Auguste pourquoi as-tu jeté le mixer ? 
-  Enfin Jeannette ! Il ne marchait plus !
-  Tu aurais pu le réparer mon amour ! 
-  Le réparer ma douce ? Il m'aurait fallu trouver des pièces de rechange. Mission impossible !
- Tu aurais dû le porter à la clinique du ménager Auguste mon cœur.
- La clinique ? Tu crois vraiment Jeannette qu'ils allaient lui greffer un moteur ?
- Enfin, tu pouvais au moins le porter à la ressourcerie lui répond Jeannette un peu énervée.
- Ma voiture vois- tu ne démarre plus.
- Bon ! Tu as bien un vélo mon amour ! 
- Mon vélo certes, j'ai voulu t'épargner ma douce, je suis obligée de t'avouer que la batterie est morte,   révèle Auguste mortifié.
- Quelle déception Auguste ! Je croyais avoir épousé un bricoleur et un écologiste convaincu !
- J'ai une solution Jeannette, on va réunir le grille-pain, le ventilateur, le mixer, l'aspirateur et on va  organiser une expo design dans le jardin !
 
Christiane.

Consigne : titre : Tomber de haut


Méprise

Il cherchait depuis un bon moment l’adresse qu’on lui avait donnée, quand quelqu’un lui a dit, c’est tout droit, deuxième porte à gauche. Vous verrez, vous ne pouvez pas vous tromper. C’est ce qu’il a fait. Il sonne, la porte s’ouvre. Il entre et se retrouve au milieu de gens qui discutent, rient, tout en buvant des cocktails. Il ne comprend pas. Il a dû se tromper de porte. Il devait simplement déposer un paquet chez un client qu’il ne connaît pas. Il est livreur d’objets de valeur.

Il tente de ressortir mais une femme vient vers lui et le remercie d’emblée, avec un grand sourire : « c’est trop gentil, vraiment, il ne fallait pas ». Il veut lui dire qu’il y a erreur, mais elle le prie de déposer le paquet sur la table là, près de l’entrée. Il ne sait que faire. Reprendre le paquet et partir ? Il hésite. Elle insiste, « venez vous joindre à nous, lui dit-elle, vous prendrez bien quelque chose ? » Embarrassé, il s’avance et prend le verre qu’on lui tend. Il aimerait vraiment repartir pour faire sa livraison, mais elle se tourne vers lui et lui dit : « vous êtes nouveau ? Je ne vous ai encore jamais vu ici. Depuis quand travaillez vous avec nous ? » Il bafouille, ne sait comment lui expliquer la méprise quand un homme s’approche d’eux et dit : « venez, ma chère, je vais vous présenter à notre PDG »





Anne 
 
Consigne : incipit : la grille est ouverte

mardi 6 février 2024

Le train bleu


Rendez-vous gare de Lyon, devant Le train bleu, sept  heures. 
Je regarde la grande horloge, une petite longueur d’avance, une marge de sécurité.
Je regarde les voyageurs se croiser sans jamais s’arrêter.
Je vois une fille qui passe, un lézard tatouée sur son épaule gauche.
Je vois le regard oblique d’un type qui rase le quai.
Je vois un mec courir à toute vitesse.
Par hasard, mon regard s’arrête sur une fille tranquille assise au milieu de la fourmilière, elle lit : Si Par une nuit d’hiver un voyageur.
Je reviens aux aiguilles de la grande horloge.
Je scrute le quai, le train de Bruxelles entre en gare.
Je regarde descendre les voyageurs, je ne te vois pas.
D’autres trains sur d’autres quais repartent. J’entends : "Le train en partance pour Chambéry, voie A, le train en partance pour Montpellier, voie D, le train en partance pour Marseille, voie E…"
J’entends quelqu’un jouer sur le piano un air ancien.
J’entends le brouhaha de la salle des pas perdus.
Je t’attends figé devant le train bleu.
Je lève les yeux sur la grande horloge.
Je balaie la salle des fresques.
Un marabout  me promet le mariage et de l’or.
Des militaires en treillis, mitraillette au poing patrouillent.
Un type troublant, encadré par des agents, ses yeux lancent des SOS, les gens s’écartent.
Rendez-vous gare de Lyon...

 

Christiane 

Consigne : Une légère inquiétude